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Un réseau d'aménageurs s'engage sur un modèle de ville méditerranéenne durable


Rédigé par , le Jeudi 2 Décembre 2010 - Lu 5004 fois

Une dizaine d’opérateurs de l’aménagement du bassin méditerranéen viennent de créer le réseau « des opérateurs urbains durables en Méditerranée ». L'ambition ? Bâtir un modèle de ville méditerranéenne durable.


Euroméditerranée, projet d'écocité qui doit voir le jour à Marseille d'ici 2025 - Visuel Epaem
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MÉDITERRANÉE. Deux mois après le lancement de la démarche par les gouvernements français et égyptien, le Centre de Marseille pour l'intégration en Méditerranée (CMI) et une dizaine d’opérateurs de l’aménagement du bassin méditerranéen ont porté sur les fonts baptismaux le 1er décembre 2010 un réseau « des opérateurs urbains durables en Méditerranée ».
 

Soutenu par le CMI et les grands bailleurs de fonds, la Caisse des dépôts, la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD) et la Banque européenne d’investissement (BEI), ce réseau entend jeter les bases d’une coopération entre les professionnels de l’aménagement du pourtour de la grande bleue.
 

« A travers ces échanges, il s’agit de dépasser le carcan institutionnel pour bâtir un modèle de ville durable propre au bassin méditerranéen », explique Mats Karlsson, directeur du CMIM et à la Banque mondiale.


Les mêmes enjeux au nord et au sud

Sous la houlette de l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée, qui pilote un vaste projet de reconversion urbaine des quartiers portuaires de Marseille (480 ha), une dizaine d’aménageurs publics et privés engagés dans la mise en œuvre de grandes opérations d’urbanisme - Eastown au Caire, Amman, Lac Nord de Tunis, Nador au nord-est du Maroc, Beyrouth, l’agence d’urbanisme de Sfax en Tunisie, Casablanca... - vont amorcer une collaboration pour tenter de faire émerger des réponses communes aux grands défis auxquels sont confrontées les villes du bassin méditerranéen.
 

Sur les deux rives, c’est le même constat d’urgence. « Tous les indicateurs sont au rouge », s’alarme Gilles Pennequin, responsable du développement territorial de l’Union pour la Méditerranée (UpM). « Qu’il s’agisse de la gestion des déchets, de l’accès à l’eau, de la maîtrise de la consommation énergétique, de l’urbanisation galopante..., les villes du nord comme du sud concentrent l’essentiel des menaces ».
 

Alors que les Cassandre brandissent le spectre d’une « bidonvilisation » croissante des aires urbaines du sud, soumises à une pression démographique exponentielle (80 millions de personnes de plus sont attendues dans les villes du littoral méditerranéen d’ici 2025), la mobilisation des acteurs de l’aménagement constitue donc une première étape obligée. 


Une ville durable pour les pauvres ?

La médina, un modèle à revisiter - photo GTur
La médina, un modèle à revisiter - photo GTur

Reste à esquisser les fondations de ce modèle de « ville méditerranéenne durable ». « L’idée, c’est de puiser les bonnes pratiques chez les uns et les autres pour inventer de nouvelles stratégies de développement ancrées dans l’écosystème urbain du bassin méditerranéen », indique Mats Karlsson.
 

A cette aune, le modèle de la médina s’impose comme une référence. Notamment pour les pays de la rive sud, où la question des moyens se pose avec acuité. « Les solutions ne sont pas que dans la technologie ou dans les normes. Il faut également être capables de revisiter les méthodes qui fonctionnaient jadis. Au sud, l’enjeu c’est d’être capable de bâtir un modèle de ville durable pour les pauvres », explique, un brin provocateur, Gilles Pennequin.  
 

L’UpM qui a récemment lancé un appel à projets pour favoriser la mise en oeuvre de projets urbains durables a d’ailleurs inscrit cette question à son agenda puisqu’une réunion des ministres des affaires étrangères devrait se tenir à Nice sur ces enjeux au cours du premier semestre 2011. A terme, cette dynamique pourrait déboucher sur la création d’une agence urbaine de la Méditerranée.


De nouveaux outils financiers

Les institutions financières suivent ce mouvement avec intérêt. La plupart réoriente leur stratégie en proposant un arsenal d’aides aux autorités locales afin d’adapter ou de réviser leur modèle de développement urbain. Et à l’instigation de la France qui copréside l’UpM avec l’Egypte, les grands bailleurs de fonds (BEI, CDC, AFD, BM) planchent sur la définition de critères communs de développement urbain durable.
 

Le privé est également sollicité. A l’instar de Beyrouth, dont la reconstruction a été financée avec les fonds souverains des pays du Golfe, des pays comme l’Egypte ou la Syrie s’appuient sur des structures privées pour mener les programmes d’urbanisation.
 

Ailleurs, les acteurs plaident en faveur de partenariats public-privé. De nouvelles formes de coopération apparaissent, qui ne sont pas toujours dans la culture des pays très centralisés. Souplesse, créativité, innovation en sont les lignes de force. Pour Matts Karlsson, ça ne fait aucun doute : « Les bases d’un modèle de développement urbain plus durable ne sont pas dans les institutions, mais dans ces partenariats ». 





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