AFRIQUE. La signature, mercredi 21 mars 2018, d'un accord créant une zone de libre-échange continentale (ZLEC) constitue le point d'orgue de la 10e Session extraordinaire de l'Union africaine sur la Zone centrale africaine de libre-échange qui se tenait du 17 au 21 mars 2018 à Kigali (Rwanda). Ce texte porte en gestation le futur Marché unique africain.
Paraphé par quarante-quatre pays - dont les Méditerranéens Maroc, Égypte, et, à la surprise générale au vu de sa politique de protectionnisme, l'Algérie -, ce traité pourrait concerner à terme les cinquante-cinq pays membres de l'Union Africaine (UA). Cet espace économique représenterait alors un marché de 1,2 milliard de personnes pour un PIB cumulé de plus de 2 500 mrds$ (2 024 mrds€).
Les prochaines étapes consisteront à la mise en place progressive d'une union douanière (84 000 km de frontières à abolir) avec comme ligne de mire 2022 et la création d'une Communauté économique africaine à l'horizon 2028. Selon l'UA, l'élimination des droits de douane permettrait d'augmenter de 60% le commerce intra-africain contre 16% actuellement.
Paraphé par quarante-quatre pays - dont les Méditerranéens Maroc, Égypte, et, à la surprise générale au vu de sa politique de protectionnisme, l'Algérie -, ce traité pourrait concerner à terme les cinquante-cinq pays membres de l'Union Africaine (UA). Cet espace économique représenterait alors un marché de 1,2 milliard de personnes pour un PIB cumulé de plus de 2 500 mrds$ (2 024 mrds€).
Les prochaines étapes consisteront à la mise en place progressive d'une union douanière (84 000 km de frontières à abolir) avec comme ligne de mire 2022 et la création d'une Communauté économique africaine à l'horizon 2028. Selon l'UA, l'élimination des droits de douane permettrait d'augmenter de 60% le commerce intra-africain contre 16% actuellement.
Trois pierres d’achoppement
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Si la nouvelle est d'importance pour l'économie africaine, tout n'est cependant pas encore réglé pour trois raisons et autant de pierres d'achoppement : la nécessité de ratification de l'accord au niveau national, l'absence de signatures de plusieurs pays et la difficulté à trouver un consensus sur la libre circulation des personnes dans ce futur espace.
D'abord, cet accord entre chefs d'Etat ne pourra entrer en vigueur qu'au minimum dans 180 jours. Prudent, Mahamadou Issoufou, président du Niger, désigné en 2016 pour conduire les travaux sur le sujet, table plutôt sur "janvier 2019 ou au plus tard dans dix-huit mois." Avec une condition qui pend comme une épée de Damoclès sur l'avenir de l'accord : sa ratification au niveau national par au moins vingt-deux des pays signataires. Sinon, il ne pourra tout simplement pas entrer en vigueur.
Ensuite, la ZLEC laisse encore sur le bord du chemin plusieurs pays comme le Bénin, le Burundi, l'Erythrée, la Namibie et la Sierra Leone qui n'ont pas souhaité s'y associer... Mais surtout la première économie du continent, le Nigeria. Muhammadu Buhari, son président, absent à Kigali, s'est retiré subitement du processus à cause de réticences syndicales au niveau national.
La porte n'est cependant pas fermée pour aucun et le futur sommet de l'UA, qui se tiendra en juillet 2018 en Mauritanie, pourrait bien voir allonger la liste des signataires.
Enfin, seuls vingt-sept pays ont accepté, en marge de cet accord du 21 mars 2018, de parapher un protocole autorisant la libre circulation des personnes entre les pays signataires. Cette promesse, comme celle de la mobilité des travailleurs (droit de résidence et d'établissement notamment pour les entreprises) également corolaire d'un zone de libre-échange, devrait mettra du temps à être tenue. Elle se confronte à l'instabilité politique de certains membres mais aussi aux problèmes sécuritaires. L'avenir de la ZLEC passera pourtant par un véritable passeport africain. "Nous devons faire en sorte que les Africains cessent d'être traités comme des étrangers sur leur propre continent, alors que d'autres y circulent parfois librement", commente Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine.
D'abord, cet accord entre chefs d'Etat ne pourra entrer en vigueur qu'au minimum dans 180 jours. Prudent, Mahamadou Issoufou, président du Niger, désigné en 2016 pour conduire les travaux sur le sujet, table plutôt sur "janvier 2019 ou au plus tard dans dix-huit mois." Avec une condition qui pend comme une épée de Damoclès sur l'avenir de l'accord : sa ratification au niveau national par au moins vingt-deux des pays signataires. Sinon, il ne pourra tout simplement pas entrer en vigueur.
Ensuite, la ZLEC laisse encore sur le bord du chemin plusieurs pays comme le Bénin, le Burundi, l'Erythrée, la Namibie et la Sierra Leone qui n'ont pas souhaité s'y associer... Mais surtout la première économie du continent, le Nigeria. Muhammadu Buhari, son président, absent à Kigali, s'est retiré subitement du processus à cause de réticences syndicales au niveau national.
La porte n'est cependant pas fermée pour aucun et le futur sommet de l'UA, qui se tiendra en juillet 2018 en Mauritanie, pourrait bien voir allonger la liste des signataires.
Enfin, seuls vingt-sept pays ont accepté, en marge de cet accord du 21 mars 2018, de parapher un protocole autorisant la libre circulation des personnes entre les pays signataires. Cette promesse, comme celle de la mobilité des travailleurs (droit de résidence et d'établissement notamment pour les entreprises) également corolaire d'un zone de libre-échange, devrait mettra du temps à être tenue. Elle se confronte à l'instabilité politique de certains membres mais aussi aux problèmes sécuritaires. L'avenir de la ZLEC passera pourtant par un véritable passeport africain. "Nous devons faire en sorte que les Africains cessent d'être traités comme des étrangers sur leur propre continent, alors que d'autres y circulent parfois librement", commente Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine.
21e siècle, le siècle de l'Afrique
La véritable genèse de cet accord remonte au plan d'action de Lagos adopté en 1980 puis confirmé en 1991 par le traité d'Abuja signé en 1991. Ce dernier portait déjà les ambitions d'un Marché commun africain. Tout s'est accéléré en juillet 2012 à Addis-Abeba lors du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernements de l'UA qui déterminait trois objectifs : une ZLE en 2017, un Marché commun africain en 2023 et la création d'une Communauté économique africaine. En janvier 2015, l'UA dévoilait son Agenda 2063 et ses programmes phares destinés à parfaire la vision panafricaine d'"une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses propres citoyens et représentant un force dynamique sur la scène internationale". Et, comme ses auteurs l'indiquaient avec emphase, "offrir un cadre solide pour réparer les injustices du passé et faire du 21e siècle, le siècle de l'Afrique".
Depuis, les huit communautés économiques régionales (CER) de l'Union africaine* constituent le ferment de cette ambition et apparaissent comme les piliers de l'intégration économique. La symbiose s'opère petit à petit avec l'adhésion de certains Etats à plusieurs d'entre elles.
Certes, le projet de Marché commun africain a pris effectivement du retard. Mais, l'avancée du sommet de Kigali fera date comme l'indique Moussa Faki Mahamat, parlant de "jour historique" dans son discours lors de la 10e Session extraordinaire de l'Union africaine sur la Zone centrale africaine de libre-échange. "Nous sommes venus ici pour matérialiser l’aspiration de nos peuples à l’intégration et à l’unité. Nous sommes venus ici pour poser un nouveau jalon, franchir un pas de plus dans la trajectoire panafricaine dont les germes intellectuelles furent semées au début du siècle dernier. Nous sommes venus ici mus par la conviction que l’intégration n’est pas une option, mais un impératif. Pour paraphraser l’Empereur Haile Selassié lors du Sommet de mai 1963, le géant qu’est l’Afrique ne peut se réveiller si le continent reste divisé", soulignait-il.
* CEN-SAD (Communauté des Etats sahélo-sahariens), Comesa (Marché commun Afrique orientale et australe), CAE (Communauté d'Afrique de l'Est), CEEAC (Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale), CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement), SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe) et UMA (Union du Maghreb arabe).
Depuis, les huit communautés économiques régionales (CER) de l'Union africaine* constituent le ferment de cette ambition et apparaissent comme les piliers de l'intégration économique. La symbiose s'opère petit à petit avec l'adhésion de certains Etats à plusieurs d'entre elles.
Certes, le projet de Marché commun africain a pris effectivement du retard. Mais, l'avancée du sommet de Kigali fera date comme l'indique Moussa Faki Mahamat, parlant de "jour historique" dans son discours lors de la 10e Session extraordinaire de l'Union africaine sur la Zone centrale africaine de libre-échange. "Nous sommes venus ici pour matérialiser l’aspiration de nos peuples à l’intégration et à l’unité. Nous sommes venus ici pour poser un nouveau jalon, franchir un pas de plus dans la trajectoire panafricaine dont les germes intellectuelles furent semées au début du siècle dernier. Nous sommes venus ici mus par la conviction que l’intégration n’est pas une option, mais un impératif. Pour paraphraser l’Empereur Haile Selassié lors du Sommet de mai 1963, le géant qu’est l’Afrique ne peut se réveiller si le continent reste divisé", soulignait-il.
* CEN-SAD (Communauté des Etats sahélo-sahariens), Comesa (Marché commun Afrique orientale et australe), CAE (Communauté d'Afrique de l'Est), CEEAC (Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale), CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement), SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe) et UMA (Union du Maghreb arabe).