
Culture de l'auto, concentrations urbaines proches des littoraux, politiques d'urbanisme souvent à revoir...les leviers de la pollution de l'air sont souvent comparables en Méditerranée (photo MN)
FRANCE. Les 18 et 19 novembre 2014, Airpaca organise à Marseille les Journées Méditerranéennes de l’Air, qui proclament : « ensemble pour un air meilleur ».
L’Europe et la Méditerranée voient passer d’invisibles pollutions qui s’accumulent et se mélangent à celles que produit déjà abondamment le littoral méditerranéen, au nord comme au sud.
La ville d’Aqaba en Jordanie est sous le panache des pollutions atmosphériques turques. Et le déplacement de son port provoquera sans doute des pollutions identiques en Arabie Saoudite.
« Les vents sahariens nous apportent régulièrement les polluants des villes du Sud Méditerranéen, pendant que le Piémont exporte les siens à Nice » souligne Xavier Villetard, responsable des coopérations internationales d’Airpaca. L’association est chargée de la surveillance de l’air provençal. « Nous retrouvons à Paris l’azote des champs russes » poursuit-il.
Aucun douanier ne peut stopper les multiples et complexes pollutions atmosphériques. Les masses d’air polluées passent allègrement d’un pays ou d’une région à l’autre. « Certains jours, les vents font passer les gaz produits par l’agglomération de Barcelone jusqu’au plateau de Cerdagne, en Catalogne française. Ils y retombent sous forme d’ozone » rapporte Anne Fromage-Mariette, du réseau de mesures Air Languedoc Roussillon.
La pollution importante produite en vallée du Rhône est parfois captée par les appareils de mesure d’Arpa, l’équivalent d’Airpaca en Vallée d’Aoste italienne. Oxydes d’azote et benzène se rient du Mont Blanc et de ses 4 807 m !
L’Europe et la Méditerranée voient passer d’invisibles pollutions qui s’accumulent et se mélangent à celles que produit déjà abondamment le littoral méditerranéen, au nord comme au sud.
La ville d’Aqaba en Jordanie est sous le panache des pollutions atmosphériques turques. Et le déplacement de son port provoquera sans doute des pollutions identiques en Arabie Saoudite.
« Les vents sahariens nous apportent régulièrement les polluants des villes du Sud Méditerranéen, pendant que le Piémont exporte les siens à Nice » souligne Xavier Villetard, responsable des coopérations internationales d’Airpaca. L’association est chargée de la surveillance de l’air provençal. « Nous retrouvons à Paris l’azote des champs russes » poursuit-il.
Aucun douanier ne peut stopper les multiples et complexes pollutions atmosphériques. Les masses d’air polluées passent allègrement d’un pays ou d’une région à l’autre. « Certains jours, les vents font passer les gaz produits par l’agglomération de Barcelone jusqu’au plateau de Cerdagne, en Catalogne française. Ils y retombent sous forme d’ozone » rapporte Anne Fromage-Mariette, du réseau de mesures Air Languedoc Roussillon.
La pollution importante produite en vallée du Rhône est parfois captée par les appareils de mesure d’Arpa, l’équivalent d’Airpaca en Vallée d’Aoste italienne. Oxydes d’azote et benzène se rient du Mont Blanc et de ses 4 807 m !
Relations entre experts, mais pas entre décideurs politiques

Les mesures de polluants sont harmonisées entre les trois régions européennes, ce qui permet études, comparaisons, modélisations...et politiques (photo Airpaca DR)
Face à cette internationalisation de fait des pollutions de l’air, la coopération internationale reste embryonnaire.
Certes les chercheurs mesurent et échangent de l’information. La page d’accueil de Mistrals (Mediterranean Integrated STudies at Retional And Local Scales) déploie la longue liste d'appels à projets et de recrutement de doctorants pour tel ou tel sous programme international environnemental en Méditerranée. Charmex, axé sur les transferts de pollution, fait de même depuis 2012, depuis la base aérienne de Solenzara, en Corse.
Mais de coopération active entre États, point.
« La communauté scientifique a établi depuis longtemps de nombreux liens. Nous rencontrons régulièrement nos homologues du Sud. Nous les aidons à monter leurs propres réseaux de surveillance. Mais cela s'arrête là » regrette Dominique Robin, le directeur d’Airpaca.
Les politiques de la qualité de l’air sont d’abord des politiques territoriales. « Nous vivons dans des régions très urbanisées, dans des villes où la culture de la voiture domine, dans des ports qui impactent la qualité de l’air » assure Dominique Robin.
Certes les chercheurs mesurent et échangent de l’information. La page d’accueil de Mistrals (Mediterranean Integrated STudies at Retional And Local Scales) déploie la longue liste d'appels à projets et de recrutement de doctorants pour tel ou tel sous programme international environnemental en Méditerranée. Charmex, axé sur les transferts de pollution, fait de même depuis 2012, depuis la base aérienne de Solenzara, en Corse.
Mais de coopération active entre États, point.
« La communauté scientifique a établi depuis longtemps de nombreux liens. Nous rencontrons régulièrement nos homologues du Sud. Nous les aidons à monter leurs propres réseaux de surveillance. Mais cela s'arrête là » regrette Dominique Robin, le directeur d’Airpaca.
Les politiques de la qualité de l’air sont d’abord des politiques territoriales. « Nous vivons dans des régions très urbanisées, dans des villes où la culture de la voiture domine, dans des ports qui impactent la qualité de l’air » assure Dominique Robin.
S'entendre pour mesurer et modéliser
Un des projets coopératifs les plus importants ces dernières années, Apice, a concerné les villes ports méditerranéennes. Thessalonique, Gênes, Marseille et Barcelone y ont participé.
« Le projet nous a permis de constater que l’impact de ces pollutions portuaires s'avère plus important que prévu » reprend Xavier Villetard. « Les enceintes des ports eux-mêmes, leurs travailleurs et leurs publics sont les premières victimes de ces pollutions ».
L’électrification des quais résoudrait en partie ce problème. Les navires à l'arrêt, notamment de croisières, ne laisserait plus tourner leurs moteurs à fioul lourd, pour simplement s’assurer lumière et climatisation.
Les coopérations passent pratiquement toutes par l’Union Européenne, qui régulièrement lance des appels à projet de type Apice. Actuellement Arpa, à Aoste, espère décrocher SH’R, un projet de 2M€ qui vise à comparer les systèmes de modélisation des pollutions atmosphériques, avec une composante communication et sensibilisation du public.
« Le projet nous a permis de constater que l’impact de ces pollutions portuaires s'avère plus important que prévu » reprend Xavier Villetard. « Les enceintes des ports eux-mêmes, leurs travailleurs et leurs publics sont les premières victimes de ces pollutions ».
L’électrification des quais résoudrait en partie ce problème. Les navires à l'arrêt, notamment de croisières, ne laisserait plus tourner leurs moteurs à fioul lourd, pour simplement s’assurer lumière et climatisation.
Les coopérations passent pratiquement toutes par l’Union Européenne, qui régulièrement lance des appels à projet de type Apice. Actuellement Arpa, à Aoste, espère décrocher SH’R, un projet de 2M€ qui vise à comparer les systèmes de modélisation des pollutions atmosphériques, avec une composante communication et sensibilisation du public.
Aqaba déplace son port et envisage son développement avec un air assaini

Vincent Wallaert (Avitem) : "les questions de gouvernance, si possible partagée, sont essentielles pour améliorer la qualité de l'air" (photo MN)

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Aqaba, comme Valencia, Marseille ou Tripoli, échangent depuis trois ans leurs expériences au sein d’Avitem, qui développe le projet européen GouvAirNance, doté de 2M€. Une logique vertueuse, selon Vincent Wallaert, car elle met autour de la table divers publics pour une ville durable.
Si l’aménagement du territoire reste le premier levier d’une qualité de l’air appréciable, Vincent Wallaert constate que les gouvernements « n’abordent la question, internationalement, que comme une sous-partie de la lutte contre le réchauffement climatique. Or, la relation air-santé fait consensus dans les populations, partout autour de la Méditerranée ».
Si l’aménagement du territoire reste le premier levier d’une qualité de l’air appréciable, Vincent Wallaert constate que les gouvernements « n’abordent la question, internationalement, que comme une sous-partie de la lutte contre le réchauffement climatique. Or, la relation air-santé fait consensus dans les populations, partout autour de la Méditerranée ».