Le monde a les nerfs à vif. Il suffit qu’un illuminé tente de tirer un feu d’artifice dans un aéronef de la Northwest Airlines pour qu’aussitôt le ciel tombe sur la tête des musulmans.
Depuis le 3 janvier, les ressortissants de quatorze pays* (dont treize à majorité musulmane...) soupçonnés par Washington de « soutenir le terrorisme » ont droit à une palpation corporelle et à une fouille en règle de leurs bagages à main dans tous les aéroports américains.
En Grande Bretagne, la fièvre sécuritaire pourrait conduire le gouvernement à autoriser le contrôle au faciès (profiling in english) de certaines catégories de population jugées « à risque » (muslim in english) avant leur embarquement.
Aux Pays Bas, le gouvernement ne fait pas de discrimination : dès la mi-janvier, des scanners corporels seront installés à l'aéroport d’Amsterdam pour contrôler tous les passagers en partance vers les Etats-Unis. Les petits malins en quête de sensations fortes auront du mal à passer au travers des mailles du filet radiographique...
D’autres pays comme l’Italie ou la Grande Bretagne pourraient à leur tour bientôt se convertir au culte du rayon x. Cet engouement devrait donner des idées aux fabricants de matériels de détection : les aérogares pourraient rapidement devenir des annexes des hôpitaux... les passagers en partance profitant du contrôle obligatoire pour effectuer un check up de leurs organes. Une idée qui leur permettrait d’accepter plus facilement les temps d’attente avant l’embarquement...
Pour les passagers en provenance de pays en manque d’équipements médicaux, le voyage en avion serait même l’occasion d’échapper aux files d’attente dans les dispensaires.
Rêvons un peu : par un étrange détournement du destin, la sécurité aérienne deviendrait ainsi un vecteur de sécurité... sociale.
* L'Afghanistan, l'Algérie, l'Arabie Saoudite, l'Irak, l’Iran, le Liban, la Libye, le Nigeria, le Pakistan, la Somalie, le Soudan, la Syrie, le Yémen et... Cuba.