
Samir Larabi, porte-parole du Comité des chômeurs algériens (photo AB)
Licencié en sociologie, Samir Larabi (35 ans) soutient bientôt sa thèse de magister portant sur le mouvement populaire en Kabylie en 2001.
Econostrum.info : Pouvez-vous nous retracer les conditions de création de votre Comité ?
Larabi Samir : L'idée de créer un comité national pour la défense des droits des chômeurs vient en réalité du comité des chômeurs du sud.
Ces derniers ont commencé à se structurer en 2006 pour dénoncer la ségrégation dans l'accès à l'emploi et la précarité de la relation de travail dans les entreprises de sous-traitance et dans les multinationales.
Le hasard a fait que nous nous sommes rencontrés dans une activité syndicale. L'idée de construire un comité national pour la défense des droits des chômeurs a germé.
Le 4 février 2011, nous avons organisé une rencontre nationale avec la présence de délégués de plusieurs wilaya.
Une plate-forme de revendications a été votée et nous avons élu une direction et appelé à un rassemblement devant le ministère du Travail le 6 février 2011.
Econostrum.info : Quelles actions avez-vous menées jusqu’à présent et quelles sont vos priorités dans l’immédiat ?
Larabi Samir : Pour le moment nous avons organisé un rassemblement devant le ministère du travail et quelques rassemblements devant la daïra de Hassi Messaoud (ndlr : sud de l’Algérie) et devant l'Anem de Touggourt.
Notre priorité dans l'immédiat est de construire des comités locaux à l'échelle nationale à même de peser dans les rapports de force.
Econostrum.info :Vous avez été reçus récemment au ministère du Travail. Vous a-t-on fait des propositions concrètes?
Larabi Samir : Effectivement, lors du rassemblement du 6 février nous avons été reçus par trois directeurs centraux du ministère du Travail. Ils nous ont dit : "On vous a compris" et ont déclaré que nos revendications seraient remises à qui de droit.
Econostrum.info : Pouvez-vous nous retracer les conditions de création de votre Comité ?
Larabi Samir : L'idée de créer un comité national pour la défense des droits des chômeurs vient en réalité du comité des chômeurs du sud.
Ces derniers ont commencé à se structurer en 2006 pour dénoncer la ségrégation dans l'accès à l'emploi et la précarité de la relation de travail dans les entreprises de sous-traitance et dans les multinationales.
Le hasard a fait que nous nous sommes rencontrés dans une activité syndicale. L'idée de construire un comité national pour la défense des droits des chômeurs a germé.
Le 4 février 2011, nous avons organisé une rencontre nationale avec la présence de délégués de plusieurs wilaya.
Une plate-forme de revendications a été votée et nous avons élu une direction et appelé à un rassemblement devant le ministère du Travail le 6 février 2011.
Econostrum.info : Quelles actions avez-vous menées jusqu’à présent et quelles sont vos priorités dans l’immédiat ?
Larabi Samir : Pour le moment nous avons organisé un rassemblement devant le ministère du travail et quelques rassemblements devant la daïra de Hassi Messaoud (ndlr : sud de l’Algérie) et devant l'Anem de Touggourt.
Notre priorité dans l'immédiat est de construire des comités locaux à l'échelle nationale à même de peser dans les rapports de force.
Econostrum.info :Vous avez été reçus récemment au ministère du Travail. Vous a-t-on fait des propositions concrètes?
Larabi Samir : Effectivement, lors du rassemblement du 6 février nous avons été reçus par trois directeurs centraux du ministère du Travail. Ils nous ont dit : "On vous a compris" et ont déclaré que nos revendications seraient remises à qui de droit.
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"Les emplois proposés sont précaires et temporaires"
Econostrum.info : Quelle est, selon vous, la réalité du chômage en Algérie aujourd’hui?
Larabi Samir : Le chômage est un phénomène structurel, c'est la résultante directe des reformes libérales engagés par les différents gouvernements successifs avec ses lots de fermetures d'entreprises et de bradage des entreprises nationales.
Des centaines de milliers de travailleurs ont été jetés à la rue, renforçant ainsi les rangs de millions de chômeurs. Malgré l'aisance financière, les autorités ont continué dans leurs politiques d'austérités et de désindustrialisation. La preuve, la part de l'industrie dans le PIB qui était de l'ordre de 20% en 1980, a baissé à 6% en 2010. Si les autorités affirment aujourd'hui que le taux de chômage est de l'ordre de 10%, la réalité dément ces chiffres.
Le chômage touche la majorité de la société notamment les jeunes. Il suffit de comptabiliser les émeutes liées au chômage pour comprendre la réalité des jeunes.
Même lors des recensements, on considère celui qui travaille une seule journée durant le mois comme non chômeur ! C'est une aberration.
Les emplois proposés sont précaires et temporaires.Il est temps de revoir les chiffres du chômage.
Econostrum.info : Pensez-vous que les dernières annonces gouvernementales sont à même de réduire de manière significative le taux de chômage, des jeunes en particulier ?
Larabi Samir : Après les événements qu'a connus l'Algérie durant le mois de janvier 2011 et les pressions des demandeurs d'emplois dans la majorité des wilayas du pays, le gouvernement a lâché du lest en proposant d'accélérer les démarches d'accès aux prêts ANSEJ.
Mais cette démarche ne peut pas régler le problème.
Quel est le jeune chômeur qui peut avoir un fond de roulement de plus de 10M Dzd ? Même un cadre moyen ne peut pas économiser cette somme sur 20 ans. Comment un jeune peut-il avoir des marchés sans avoir un bon coup de pousse ou corrompre quelqu'un ? C'est cela la réalité du terrain.
Pour que ce dispositif qui vise aussi a créer des Pme et Pmi afin de créer la richesse et l'emploi fonctionne, il faut un grand tissu industriel, chose qui n'existe pas en Algérie.
C'est pour cela que nous demandons la suppression de l'ANSEJ, de la CNAC et de l'ANGEM. Nous estimons que cet argent doit servir à la création de grandes usines pour créer la richesse et l'emploi.
Larabi Samir : Le chômage est un phénomène structurel, c'est la résultante directe des reformes libérales engagés par les différents gouvernements successifs avec ses lots de fermetures d'entreprises et de bradage des entreprises nationales.
Des centaines de milliers de travailleurs ont été jetés à la rue, renforçant ainsi les rangs de millions de chômeurs. Malgré l'aisance financière, les autorités ont continué dans leurs politiques d'austérités et de désindustrialisation. La preuve, la part de l'industrie dans le PIB qui était de l'ordre de 20% en 1980, a baissé à 6% en 2010. Si les autorités affirment aujourd'hui que le taux de chômage est de l'ordre de 10%, la réalité dément ces chiffres.
Le chômage touche la majorité de la société notamment les jeunes. Il suffit de comptabiliser les émeutes liées au chômage pour comprendre la réalité des jeunes.
Même lors des recensements, on considère celui qui travaille une seule journée durant le mois comme non chômeur ! C'est une aberration.
Les emplois proposés sont précaires et temporaires.Il est temps de revoir les chiffres du chômage.
Econostrum.info : Pensez-vous que les dernières annonces gouvernementales sont à même de réduire de manière significative le taux de chômage, des jeunes en particulier ?
Larabi Samir : Après les événements qu'a connus l'Algérie durant le mois de janvier 2011 et les pressions des demandeurs d'emplois dans la majorité des wilayas du pays, le gouvernement a lâché du lest en proposant d'accélérer les démarches d'accès aux prêts ANSEJ.
Mais cette démarche ne peut pas régler le problème.
Quel est le jeune chômeur qui peut avoir un fond de roulement de plus de 10M Dzd ? Même un cadre moyen ne peut pas économiser cette somme sur 20 ans. Comment un jeune peut-il avoir des marchés sans avoir un bon coup de pousse ou corrompre quelqu'un ? C'est cela la réalité du terrain.
Pour que ce dispositif qui vise aussi a créer des Pme et Pmi afin de créer la richesse et l'emploi fonctionne, il faut un grand tissu industriel, chose qui n'existe pas en Algérie.
C'est pour cela que nous demandons la suppression de l'ANSEJ, de la CNAC et de l'ANGEM. Nous estimons que cet argent doit servir à la création de grandes usines pour créer la richesse et l'emploi.
"Il faut nationaliser et renationaliser les entreprises stratégiques"
Econostrum.info : Quelles sont les principales revendications de votre Comité ?
Larabi Samir : Notre principale revendication consiste en premier en un travail décent pour tout le monde, une allocation chômage à hauteur de 50% du salaire minimum pour tout demandeur d'emploi, l'interdiction des licenciements économiques.
Nous proposons aussi une série de mesures réalisables pour réduire le chômage, créer la richesse et améliorer la qualité des services publics.
A cet effet, nous demandons : la permanisation de tous les travailleurs contractuels, pré-emploi et du filet social. Ouverture des postes budgétaires dans tous les secteurs d'activités, notamment dans la fonction publique. Réouverture des entreprises dissoutes tout en les protégeant de la concurrence étrangère. Réouverture des entreprises communales et le renforcement des EPIC de wilaya.
Et enfin, il faut nationaliser et renationaliser les entreprises stratégiques.
Econostrum.info : Pouvez-vous nous expliquer le sens de votre participation à la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) ?
Larabi Samir : Notre participation à la CNCD vise à contribuer dans ce processus de changement tout en gardant notre autonomie d'organisation et d'initiative.
C'est également pour inscrire nos revendications, que je vous ai citées, dans les futures plate-formes de la coordination.
Il s'agit de créer un rapport de forces dans la société en faveurs des couches populaires.
Lire aussi: L’Algérie confrontée à une montée de la grogne sociale sur fond d’incertitude politique
Plus de 2 mds € destinés aux jeunes chômeurs pour la création d’entreprises en Algérie
Les Algériens commencent à tirer un premier bilan d’une semaine de révolte juvénile
Le climat social se détériore en Algérie
La question de l’emploi en Algérie souligne l’absence de statistiques crédibles
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Nous proposons aussi une série de mesures réalisables pour réduire le chômage, créer la richesse et améliorer la qualité des services publics.
A cet effet, nous demandons : la permanisation de tous les travailleurs contractuels, pré-emploi et du filet social. Ouverture des postes budgétaires dans tous les secteurs d'activités, notamment dans la fonction publique. Réouverture des entreprises dissoutes tout en les protégeant de la concurrence étrangère. Réouverture des entreprises communales et le renforcement des EPIC de wilaya.
Et enfin, il faut nationaliser et renationaliser les entreprises stratégiques.
Econostrum.info : Pouvez-vous nous expliquer le sens de votre participation à la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) ?
Larabi Samir : Notre participation à la CNCD vise à contribuer dans ce processus de changement tout en gardant notre autonomie d'organisation et d'initiative.
C'est également pour inscrire nos revendications, que je vous ai citées, dans les futures plate-formes de la coordination.
Il s'agit de créer un rapport de forces dans la société en faveurs des couches populaires.
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