
Mécontent des nouvelles procédures d’embarquement imposées par l’ENAC, Michael O’Leary, le tonitruant Pdg de la compagnie irlandaise à bas coût avait en effet menacé de garder sur le tarmac les avions Ryanair en partance de dix aéroports de la botte (Orio al Serio, Ciampino près de Rome, Alghero, Bari, Bologne, Brindisi, Cagliari, Pescara, Pise et Trapani).
Cette menace de débrayage constituait l’ultime épisode du bras de fer engagé depuis plusieurs semaines entre le transporteur et Rome. Un litige auquel l’actualité confère une dimension assez paradoxale.
Alors que le gouvernement de Silvio Berlusconi envisage de renforcer les mesures de sécurité dans tous les aéroports en y installant les fameux scanners corporels, l’entrée en application d’une loi datant de l’an 2000 autorisant les voyageurs à user de n’importe quel document officiel portant le sceau d’une administration - tel le permis de chasse ou le permis de port... d’arme ! - pour justifier de leur identité avant d’embarquer sur un vol intérieur paraît en effet aller complètement à contre courant de l’impératif sécuritaire.
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Guerre commerciale
Cette contradiction laisse toutefois de marbre les dirigeants de Ryanair dont les préoccupations sont d’ordre plus commerciales : les procédures d’achat de billet en ligne de la compagnie sont en effet paramétrées pour les seuls passeports et carte d’identité.
Les Irlandais n’entendent pas en modifier le fonctionnement, procédure lourde, pour ce qu’ils estiment être une lubie italienne... qui viserait selon eux à favoriser Alitalia, la compagnie transalpine en difficulté et à laquelle Ryanair a rogné des parts de marché.
En quelques années, la compagnie low cost s’est hissée à la deuxième place du marché intérieur italien (27,9 millions de passagers en 2009), captant 9 % de ce marché derrière Alitalia qui n’en détient plus que la moitié (53 %) quand elle en avait la quasi exclusivité dix ans plus tôt ; sur l’ensemble du marché aérien de la péninsule (102,5 millions de passagers en 2009), Ryanair tient même la dragée haute à sa concurrente italienne avec 18 % de parts de marché contre 21 %.

Le hub de Ciampino en question
A Rome, on soupçonne les dirigeants irlandais d’utiliser le prétexte de ce changement de procédure comme d’un instrument de pression dans une autre affaire qui empoisonne les relations entre l’ENAC et la compagnie : le projet de déménagement du hub romain de Ryanair, basé à Ciampino dans la proche périphérie de la capitale, vers Viterbe, petite ville située à une soixantaine de kilomètres au nord de Rome, mais mal desservie par les transports collectifs.
Dans ce bras de fer, les Italiens jouent sur du velours : destination touristique très prisée des anglo-saxons, l’Italie représente en effet le deuxième marché de Ryanair derrière la Grande Bretagne.
Dans l'entourage de Silvio Berlusconi, personne n’imaginait que son Pdg mettrait sa menace de grève des airs à exécution.
Dans un communiqué publié le 7 janvier 2010 annonçant l’armistice, l'Enac avait le triomphe modeste en indiquant que Ryanair accepterait désormais, outre la carte d'identité et le passeport des passagers, les fameuses « cartes ministérielles » d'identification délivrées par les ministères. L’autorité a toutefois accordé « du temps » à la compagnie « pour évaluer la possibilité d'accepter dans le futur d'autres documents, dont le permis de conduire ».
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