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Quelle place pour les fruits et légumes dans les ports méditerranéens ?


Rédigé par , le Jeudi 7 Avril 2011 - Lu 4585 fois

Sensibles, périssables, les fruits et de légumes nécessitent une logistique sans faille. Un navire en retard, une mauvaise manutention et c’est une cargaison entière qui est menacée de destruction. En Méditerranée occidentale, les ports de taille modeste ont su se tailler la part belle face au grand port de Marseille, pourtant fort bien équipé. A l'occasion du Medfel, Sud de France Export et Econostrum.info dressent un état des lieux.


Une logistique sans faille est nécessaire pour que les légumes arrivent intacts sur les étals (Photo N.B.C)
Une logistique sans faille est nécessaire pour que les légumes arrivent intacts sur les étals (Photo N.B.C)
MÉDITERRANÉE. L’adage des chargeurs selon lequel, il vaut mieux être un grand client dans un petit port qu’un petit client dans un grand port semble se vérifier dans la filière fruits et légumes où la chaîne logistique maritime réfrigérée se doit d’être sans faille pour que les denrées parviennent intactes sur les étals.

Alors installée sur le port de Marseille, la Compagnie Fruitière, lève l’ancre en 1990 et met le cap sur Port-Vendres. La raison ? La banane déteste les mouvements sociaux.

Huit ans plus tard, alors que le terminal fruitier de Marseille possède un superbe outil avec postes à quais, terre-pleins et plusieurs milliers de mètres carrés d’entrepôts frigo, un différend commercial entre Agrexco et la société locale de manutention fera fuir l’importateur, pourtant fidèle depuis quarante ans à Marseille. Agrexco met le cap sur Savone Vado en attendant l'achèvement du terminal de Sète.

Sète et Port-Vendres en hausse, Marseille en baisse

Les pommes représentent 60% de la production fruitière française (Photo N.B.C)
Les pommes représentent 60% de la production fruitière française (Photo N.B.C)
Le port de Marseille avait acquis deux superbes transpalettes sur le marché de l’occasion, destinés à traiter des navires conventionnels de fruits et légumes. Ces grues sont parties à la démolition sans jamais avoir soulevé une seule palette… !

Le manque de fiabilité a fait fuir les importateurs de fruits et légumes locaux tels que Canavese. Flessingue, Anvers, Dunkerque, Rotterdam sont des modèles du genre et traitent les fruits et légumes de façon industrielle alors que l’artisanat et la customisation prédomine dans les ports du Sud.

D’où la montée en puissance des ports du Languedoc-Roussillon (Port-Vendres et Sète) dopés par le marché Saint-Charles de Perpignan, leader dans la distribution de légumes et produits frais en Europe du Sud. L’exportateur israélien Mehdrin Tnupxport (MTEX) charge de plus en plus sur le service hebdomadaire Med Agrexco Express (MAE).

Les conteneurs repartent vers Saint-Charles, Rungis, Cavaillon et le Nord Europe.

Xavier Lassalle, gérant de Transcausse, demande aux ports rapidité et régularité. Photo NBC.
Xavier Lassalle, gérant de Transcausse, demande aux ports rapidité et régularité. Photo NBC.

Efforts à faire dans la manutention

L’ouverture en 2010 par CMA CGM d’une ligne maritime conteneurisée hebdomadaire au départ d’Agadir vers Port Vendres et le terminal conteneurs de Marseille a permis de faire basculer une large partie des fruits et légumes exportés par les marocains (Idyl, Azura…) de la route vers le maritime.

De plus, le service entre Port-Vendres-Agadir et Dunkerque (Vegetis) fut l’un des vingt-deux services retenus en 2009 par Bruxelles dans le cadre du programme 2009 de Marco Polo. La ligne opérée depuis 2007 par le français CMA CGM et le marocain IMTC a donc bénéficié d’un coup de pouce de 3,5 M€ destiné à inciter les opérateurs à délaisser le transport routier au profit du maritime.

En Tunisie, oranges maltaises, melon, pastèques, tomates et dattes sont chargées à la station du Cap Bon (entre Tunis et Hammamet) dans des remorques réfrigérées.

Pas besoin d’entrepôts à Radès où la marchandise ne fait que transiter. Seule la remorque est chargée sur le navire et elle est reprise à l’arrivée à Marseille où nos tracteurs attendent au pied du navire et distribuent dans la région Paca, vers Rungis et en Allemagne ", explique le gérant de Transcausse Xavier Lassalle. Ses exigences ? Rapidité et régularité de livraison et qualité.

« Il faut que les navires soient à l’heure avec le moins d’avarie possible. De grandes marges de progrès existent dans la qualité de la manutention », estime Xavier Lassalle.

L'administration peut-être un frein fatal pour les périssables.

L'Algérie n'exporte que 5 500 tonnes de fruits et légumes par an vers la France (Photo N.B.C)
L'Algérie n'exporte que 5 500 tonnes de fruits et légumes par an vers la France (Photo N.B.C)
Avantage concurrentiel ou frein, l’administration joue également un rôle pivot dans le transit des produits frais, soumis aux contrôles douaniers et phytosanitaires.

En Algérie par exemple, les exportateurs de pommes de terre subissent la rigueur des contrôles et il n‘est pas rare de voir des conteneurs entiers bloqués avant l’embarquement pour la France !

Un drame pour les pommes de terre qui ne sont pas conditionnées dans un conteneur reefer pour des raisons de coût. " Nous avons beaucoup de litiges sur la pomme de terre algérienne ", admet Daniel Soares, responsable marketing international d’Interfel.

Le consortium franco-algérien Calfrex fondé il y a trois ans tente de dynamiser les expéditions de fruits et légumes. " L’Algérie n’exporte que 5 500 tonnes de fruits et légumes frais vers la France, essentiellement des dattes ", selon Interfel (Interprofession des fruits et légumes frais). 

Le développement de la filière agricole est un devenu un véritable enjeu pour les années à venir dans les pays du Maghreb, ce secteur étant pourvoyeur de main d’œuvre non qualifiée.

Mais pour cela, de l’autre côté de la Méditerranée, les pays européens devront baisser la garde et accepter d’importer davantage de productions maghrébines.

Si le port de Marseille n’accueille plus les navires reefers (Carmel Biotop et Ecofresh), en revanche Fos traite de façon plus discrète des fruits et légumes conteneurisés chargés généralement sur des porte-conteneurs cellularisés en partance vers les ports asiatiques.

GF Group s'impose en Méditerranée

En Espagne, le port de Barcelone, porte d’entrée de la tomate marocaine avec près de 21 000 tonnes déchargées en 2010 mais aussi de la banane du Mexique et de la Caraïbe, multiplie les actions commerciales tous azimuts afin d’attirer de nouveaux trafics notamment depuis l’Amérique Latine.

Barcelone Reefer Terminal (BRT) a récemment agrandi et modernisé ses installations de la jetée ouest. En Italie, l’arrivée de Zespri (Kiwi) et d’Agrexo a permis à Reefer Terminal (GF Group) de dépasser les 600 000 tonnes de fruits et légumes débarqués à Vado Ligure (situé à 4 km de Savone).

Le trafic le plus important du port italien étant la ligne du Costa Rica d’où sont importées 280 000 tonnes de bananes et ananas pour le compte de Del Monte et Fyffes. Le manutentionnaire italien qui doit inaugurer dans quelques semaines son nouvel entrepôt à Sète exploite quatre navires reefers d’une capacité unitaire de 11 000 palettes et 560 conteneurs Evp.
Israël produit  annuellement 1,3 millions de tonnes de fruits et légumes (Photo N.B.C)
Israël produit annuellement 1,3 millions de tonnes de fruits et légumes (Photo N.B.C)




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