
La politique de construction de grands barrages n'a pas permis de rendre les cultures majoritairement insensibles aux pluies. (photo: ministère de l'Agriculture)
MAROC. Le ministre de l'agriculture Aziz Akhnnouch a égrené les pourcentages de hausse de la production agricole par culture, lors de sa présentation à mi-parcours des résultats du Plan Maroc Vert 2008-2020. Résultat, le PIB agricole a augmenté de 43% entre 2008 et 2013, selon le ministère, pour atteindre 9,1 mrds €. Le détail des chiffres dresse un tableau nettement moins lumineux du secteur agricole marocain en dépit de réelles réussites.
Les statistiques employées par le ministère, d'abord, ne sont pas claires. En 2008, la valeur ajoutée agricole était évaluée à 3,5 mds €. Aujourd'hui, dans les exposés officiels, elle est indiquée à 6,4 mrds € pour la même année, rendant toute comparaison difficile. Plus troublant, la valeur ajoutée de l'agriculture marocaine était déjà évaluée, par la Banque mondiale, à 8,1 mrds € en 2008 et elle n'atteint en 2012, selon leurs statistiques, que 10,2 mrds €, soit une hausse de 24,4% seulement, loin des 43% annoncés aujourd'hui et des 160% prévus d'ici 2020.
Du moins, avec une contribution maintenue au PIB de 14%, la production agricole reste un déterminant majeur de l'économie et justifie les 53 milliards de dirhams (4,7 mrds €) d'investissements depuis 2008. Le ministère de l'Agriculture évalue l'effet d'entrainement de l'agriculture sur le reste de l'économie à 40%.
Les statistiques employées par le ministère, d'abord, ne sont pas claires. En 2008, la valeur ajoutée agricole était évaluée à 3,5 mds €. Aujourd'hui, dans les exposés officiels, elle est indiquée à 6,4 mrds € pour la même année, rendant toute comparaison difficile. Plus troublant, la valeur ajoutée de l'agriculture marocaine était déjà évaluée, par la Banque mondiale, à 8,1 mrds € en 2008 et elle n'atteint en 2012, selon leurs statistiques, que 10,2 mrds €, soit une hausse de 24,4% seulement, loin des 43% annoncés aujourd'hui et des 160% prévus d'ici 2020.
Du moins, avec une contribution maintenue au PIB de 14%, la production agricole reste un déterminant majeur de l'économie et justifie les 53 milliards de dirhams (4,7 mrds €) d'investissements depuis 2008. Le ministère de l'Agriculture évalue l'effet d'entrainement de l'agriculture sur le reste de l'économie à 40%.
Le PIB soumis à la pluie
Si le secteur exerce donc une force vertueuse sur l'économie, elle peut à tout moment s'inverser car, insiste Najib Akesbi, enseignant chercheur à l'Institut agronomique et vétérinaire de Rabat, tout dépend de la pluviométrie.
"Il y a une corrélation parfaite entre la pluviométrie et la production céréalière, or celle-ci représente 70 % des terres cultivées. Le PIB agricole détermine le PIB total. En somme, toute la croissance du pays repose sur la pluviométrie !", s'indigne-t-il. De fait, en 2012, la sécheresse, rare ces dernières années, a fait s'effondrer le taux de croissance national. La fragilité du système agricole demeure donc très élevée en dépit de la politique de construction de grands barrages. Ils n'assurent l'irrigation que de 13% des terres cultivées (4% selon la Banque mondiale).
Parce qu'en moyenne, le temps fut clément entre 2008 et 2013, et parce que les efforts de mécanisation, d'organisation et de financement réalisés dans le cadre du Plan Maroc Vert furent bien réels, la production de céréales a explosé. Elle devait augmenter de 45% à l'horizon 2020, mais elle a déjà atteint 9,7 millions de quintaux en 2013, soit 85% de plus qu'en 2008. Cette performance exceptionnelle ne s'inscrit paradoxalement pas dans les objectifs du plan.
"Il y a une corrélation parfaite entre la pluviométrie et la production céréalière, or celle-ci représente 70 % des terres cultivées. Le PIB agricole détermine le PIB total. En somme, toute la croissance du pays repose sur la pluviométrie !", s'indigne-t-il. De fait, en 2012, la sécheresse, rare ces dernières années, a fait s'effondrer le taux de croissance national. La fragilité du système agricole demeure donc très élevée en dépit de la politique de construction de grands barrages. Ils n'assurent l'irrigation que de 13% des terres cultivées (4% selon la Banque mondiale).
Parce qu'en moyenne, le temps fut clément entre 2008 et 2013, et parce que les efforts de mécanisation, d'organisation et de financement réalisés dans le cadre du Plan Maroc Vert furent bien réels, la production de céréales a explosé. Elle devait augmenter de 45% à l'horizon 2020, mais elle a déjà atteint 9,7 millions de quintaux en 2013, soit 85% de plus qu'en 2008. Cette performance exceptionnelle ne s'inscrit paradoxalement pas dans les objectifs du plan.
Les céréales explosent

Le ministère de l'Agriculture a présenté des chiffres très positifs lors des Assises de l'agriculture. (photo : ministère de l'agriculture)
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La culture céréalière, dominante au Maroc, monopolisait 75% des surfaces cultivées en 2008 - contre 70% aujourd'hui, environ - pour seulement 10 à 15% du chiffre d'affaires agricole. L'objectif était donc alors d'augmenter fortement sa productivité pour produire plus, tout en diminuant les surfaces cultivées pour libérer de l'espace pour les cultures à forte valeur ajoutée.
Leur production a effectivement augmenté, selon les chiffres du ministère, bien que dans des proportions moindres que les céréales. L'arboriculture fruitière a augmenté de 70% et le maraîchage de seulement 15% alors que la production de la filière fruits et légumes doit augmenter de 280%, d'ici 2020. La production laitière n'a augmenté que de 22% pour un objectif de 131%.
Les agrumes, culture clé avec les tomates de l'agriculture marocaine, enregistrent une belle croissance : entre 66% et 77% de croissance depuis 2008, pour un objectif final de 146%. La production d'oliviers a également doublé sous les effets du Plan Maroc Vert. "La productivité a nettement augmenté dans les secteurs comme les agrumes où les investissements publics du Plan Maroc Vert ont été considérables, mais on ne peut pas dire pour autant qu’il a atteint ses objectifs puisque le secteur n’exporte pas ou trop peu. La balance commerciale agricole est déficitaire depuis 1974 et en plus le déficit se creuse", tempère Najib Akesbi.
Les productions à forte valeur ajoutée pour lesquels le Maroc dispose d'avantages comparatifs par rapport à ses partenaires commerciaux devaient pourtant être exportées selon la stratégie du Plan Maroc Vert. L'objectif in fine était d'importer les produits les plus consommés au Maroc et d'exporter en échange tomates et agrumes, dans le cadre des accords de libre échange.
Leur production a effectivement augmenté, selon les chiffres du ministère, bien que dans des proportions moindres que les céréales. L'arboriculture fruitière a augmenté de 70% et le maraîchage de seulement 15% alors que la production de la filière fruits et légumes doit augmenter de 280%, d'ici 2020. La production laitière n'a augmenté que de 22% pour un objectif de 131%.
Les agrumes, culture clé avec les tomates de l'agriculture marocaine, enregistrent une belle croissance : entre 66% et 77% de croissance depuis 2008, pour un objectif final de 146%. La production d'oliviers a également doublé sous les effets du Plan Maroc Vert. "La productivité a nettement augmenté dans les secteurs comme les agrumes où les investissements publics du Plan Maroc Vert ont été considérables, mais on ne peut pas dire pour autant qu’il a atteint ses objectifs puisque le secteur n’exporte pas ou trop peu. La balance commerciale agricole est déficitaire depuis 1974 et en plus le déficit se creuse", tempère Najib Akesbi.
Les productions à forte valeur ajoutée pour lesquels le Maroc dispose d'avantages comparatifs par rapport à ses partenaires commerciaux devaient pourtant être exportées selon la stratégie du Plan Maroc Vert. L'objectif in fine était d'importer les produits les plus consommés au Maroc et d'exporter en échange tomates et agrumes, dans le cadre des accords de libre échange.
Les barrières non-tarifaires de l'UE bloquent

La mise en rapport de l'assollement avec les culture, les emplois, le chiffre d'affaires et l'export permet de mesurer les contraintes de l'agriculture marocaine. (tableau du ministère de l'Agriculture)
"Nous avons d'ores et déjà rempli les objectifs fixés par le contrats programmes 2008-2018 avec une production de 2,2 millions de tonnes. Les exportations devaient atteindre 1,3 million de tonnes, mais elles n'atteignent que 600 000 tonnes", reconnait Ahmed Derrab, secrétaire général de l'Association des producteurs d'agrumes du Maroc. "Il faut bien comprendre que vendre sur le marché local est beaucoup plus avantageux pour les producteurs, ils sont payés immédiatement et n'ont pas à attendre des mois", explique-t-il. Pendant longtemps le secteur ne disposait pas d'une offre exportable, mais avec l'augmentation de sa production, "nous pensons recouvrer nos parts de marché auprès de l'UE, notamment en Europe de l'est", ajoute-il.
Les producteurs d'agrumes déversent également leur production sur le marché local, estime Najib Akesbi, car "le premier marché d’exportation du Maroc, l’Union européenne, a disposé des barrières non tarifaire – contingent et prix d’entrée – à l’entrée des produits extérieurs à l’Union comme les clémentines, les courgettes, les tomates, les haricots, qui sont justement les produits pour lesquels le Maroc dispose d'avantage comparatifs."
La réforme de la PAC, qui entrera en vigueur le 1er octobre 2014 , remplace "le prix d'entrée des marchandises par la valeur forfaitaire d'importation. Si je simplifie, cela signifie que le prix plancher en dessous duquel les exportateurs marocains de fruits et légumes ne peuvent pas vendre en Europe est déterminé chaque jour, il devient presque impossible d'anticiper pour les Marocains", détaille Najib Akesbi.
Jean-Pierre Chauffour, économiste principal à la Banque mondiale pour le Maroc, lors d'une conférence, à Rabat, le 9 mai 2014 réfutait l'analyse consistant à mettre sur le dos de l'OMC et des accords de libre échange le déficit commercial marocain.
L'un des outils, selon lui : un taux de change plus flexible. A demi-mot, Christine Lagarde, directrice du FMI, lors d'une conférence à Rabat, jeudi 14 mai 2014, a également reconnu que la dévaluation du dirhams était une solution.
Les producteurs d'agrumes déversent également leur production sur le marché local, estime Najib Akesbi, car "le premier marché d’exportation du Maroc, l’Union européenne, a disposé des barrières non tarifaire – contingent et prix d’entrée – à l’entrée des produits extérieurs à l’Union comme les clémentines, les courgettes, les tomates, les haricots, qui sont justement les produits pour lesquels le Maroc dispose d'avantage comparatifs."
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Jean-Pierre Chauffour, économiste principal à la Banque mondiale pour le Maroc, lors d'une conférence, à Rabat, le 9 mai 2014 réfutait l'analyse consistant à mettre sur le dos de l'OMC et des accords de libre échange le déficit commercial marocain.
L'un des outils, selon lui : un taux de change plus flexible. A demi-mot, Christine Lagarde, directrice du FMI, lors d'une conférence à Rabat, jeudi 14 mai 2014, a également reconnu que la dévaluation du dirhams était une solution.