
Econostrum.info : Depuis quelques mois, l’Union pour la Méditerranée laisse l’impression d’un projet mort-né ?
Olivier Stirn : C’est une mauvaise impression. Dans quelques semaines, l’UPM va mettre en œuvre un certain nombre de projets dans les domaines économique et culturel. De plus, les 43 ministres de l’Environnement européens et méditerranéens se réunissent à Paris le 25 juin 2009 pour parler notamment de solutions contre la dégradation de l’environnement en Méditerranée.
L’ensemble de ces projets avance bien et avec l’unanimité des membres. L’UPM fonctionne donc toujours.
Econostrum.info : De l’autre côté de la Méditerranée, on semble pourtant ne pas partager votre optimisme ?
Olivier Stirn : Les événements de Gaza ont ralenti le déroulement politique de l’UPM. Avant ces problèmes qui divisent, nous avions décidé d’un siège à Barcelone et d’un secrétariat général en Israël. Si une solution est trouvée au Proche-Orient, et d’ici un an je pense que l’on aura beaucoup avancé, il est évident que cela boosterait l’ensemble.
Mais, tout ceci n’empêche pas tous les autres projets de progresser. Il faut forcer le destin, nous n’avons jamais été aussi prêts d’une solution aujourd’hui. L’ensemble des peuples arabes, y compris la Syrie, souhaitent la paix. Je ne constate pas de freins extérieurs forts. Je crois qu’il faut profiter de ces circonstances pour accélérer les questions. Si l’UPM peut faciliter la solution du Proche-Orient, tant mieux !
D’autres problèmes restent des freins à l’UPM, comme Chypre et les relations Maroc-Algérie. Se rencontrer régulièrement peut faciliter des solutions.
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"Il faut rapprocher l'UPM de l'Afrique"
Olivier Stirn : Barcelone a été accepté à l’unanimité ! La France n’était pas hostile à ce que le siège soit de l’autre côté de la Méditerranée, mais les pays du Maghreb n’étaient pas d’accord entre eux et finalement il y a eu un consensus de l’ensemble des pays.
Econostrum.info : L’absence de la Libye à l’UPM reste un problème.
Olivier Stirn : Kadhafi est hostile à l’UPM car il pense que l’UPM va couper l’Afrique. Mais la Libye veut être présente dans les projets concrets comme le solaire. Kadhafi verra ce que l’on fait et il évoluera. Le jour où elle le souhaitera, la Libye pourra intégrer l’UPM.
Econostrum.info : Où en est votre mission ?
Olivier Stirn : Le Président de la République (ndlr : française) m’a chargé d’une mission : rapprocher l’UPM de l’Afrique. J’étais voici quelques jours aux obsèques d’Omar Bongo avec Nicolas Sarkozy et j’ai pu discuter avec une quinzaine de chef d’Etat africains.
Un certain nombre de pays d’Afrique noire craignait qu’avec l’UPM, les fonds de l’Union européenne n’aillent qu’au bord de la Méditerranée. Pourtant, l’UPM est loin d’être un obstacle, mais au contraire se veut un levier en obligeant tous les pays d’Europe à se réorienter vers le sud au lieu de l’est.
"On ne peut réaliser de grands investissements que rassemblés"
Olivier Stirn : Bien sûr ! Je suis chargé de trouver des projets communs aux deux unions : Union pour la Méditerranée et l’UMA, Union du Maghreb Arabe. Un certain nombre de projets de l’UPM, comme par exemple l’énergie solaire, vont être étendus à l’Afrique noire.
Nous veillerons donc à ce que l’UPM se prolonge vers l’UMA.
L’UPM doit créer un axe Euro-Afrique. Les deux continents sont complémentaires. L’Afrique se développe et l’Europe doit être un des moteurs de ce développement aux côtés de tous les autres grands du monde. Le projet UPM entraîne toute l’Europe vers cet axe qui peut être générateur de paix sur ce continent.
L’Euro-Afrique est un objectif à moyen terme pour l’équilibre mondial.
Econostrum.info : L’UPM ne suscite pas l’enthousiasme des pays du Maghreb, et déjà vous envisagez une seconde étape vers l’Afrique ?
Olivier Stirn : Les projets de l’UPM vont s’étendre tout de suite vers l’Afrique. Pas dans un second temps ! Je vais aller dans chacun de ces pays pour voir les projets communs possibles entre les pays méditerranéens et ceux de l’Afrique noire. Ces projets seront concrets et permettront de tisser des liens.
Dans le monde actuel, on ne peut réaliser de grands investissements que rassemblés. Nous raisonnerons donc de plus en plus avec de grands ensembles et l’UPM doit être l’un de ceux-là.
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