
FRANCE. Econostrum.info : Ne constatez-vous pas un désengagement de l'Europe, de la France et des collectivités locales en matière de coopération économique en Méditerranée ?
Bernard Valéro : Non, pas au niveau de la France. Nous pourrions et devrions faire plus compte tenu des enjeux. Mais la France sait parfaitement que les principaux défis qui lui sont posés, que ce soit en matière d'immigration, de sécurité ou d'environnement, se trouvent en Méditerranée.
C'est également valable pour l'Europe, même pour les pays du nord de l'Europe. La France doit les convaincre de cela car beaucoup préfèrent regarder vers l'Est. L'histoire récente de la Méditerranée s'inscrit dans une succession de crises. D'où la difficulté de dégager une continuité, des stratégies sur le moyen terme. Mais quels que soient les gouvernements, la France est toujours restée mobilisée concernant le dossier méditerranéen.
La coopération économique en Méditerranée sert-elle encore à quelque chose compte tenu de l'actualité ? Ne pensez-vous pas que la Méditerranée ressemble de plus en plus à une frontière ?
B.V. : Nous pouvons et devons agir. C'est pourquoi la Villa Méditerranée recevra fin octobre la conférence ministérielle annuelle des ministres des Affaires étrangères du 5+5*.
Nous ne pouvons que constater les coups de boutoir que sont la crise des migrants, la guerre en Syrie, la situation en Libye...sans parler du conflit israélo-palestinien. Mais je reste optimiste car je constate une prise de conscience européenne.
"Se détourner d'un pays n résoudra pas le problème"
Oui, mais avec qui travailler quand, à l'exception de la Tunisie, vous n'avez comme interlocuteurs que des pays en guerre, en situation d'anarchie ou de dictature ?
BV : Il ne faut pas se résigner. Quel que soit le régime, sur le terrain, nous arrivons toujours à trouver des interlocuteurs, des gens qui dans les régions, les villes, les campagnes, ont envie de s'en sortir, de faire avancer leur pays, de prendre leur destin en main, de changer les choses au niveau local.
Bien sûr, nous devons nous adapter et faire de la coopération économique et de la formation à un niveau décentralisé. Se détourner d'un pays, regarder ailleurs, ne résoudra pas le problème. Au contraire. La Méditerranée ne peut se concevoir comme une frontière. Les désespérés arrivent toujours à franchir les murs. Et leur nombre ne fera qu'augmenter avec le réchauffement climatique. Il faut donc faire de la Méditerranée un espace de coopération, pour atténuer les conséquences du choc climatique de demain.
* Lancé en 1990, le dialogue 5+5 regroupe l'Italie, la France, l'Espagne, le Portugal, Malte, le Maroc, la Tunisie, l'Algérie, la Libye et la Mauritanie.
L'Avitem
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