
Pour Serge Telle, délégué interministériel à la Méditerranée, « La Méditerranée devient un fossé, elle nous divise ». (Photo © N.B.C)
MÉDITERRANÉE. Alors que la France s’apprête à prendre la présidence du dialogue 5+5 en janvier 2015, la question de son rôle dans la reconfiguration des relations euro-méditerranéennes a été posée lors d’un colloque organisé par la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES). Institué au début des années 90, il réunit les ministres des Affaires étrangères d’Espagne, d’Italie, de France, de Malte et du Portugal au nord de la Méditerranée et d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, de Libye et de Mauritanie pour la rive Sud.
« Au sud, cinq pays ont connu la transition démocratique, au nord cinq pays font face à une crise financière majeure. Aucun pays du nord ne peut consacrer d’argent pour faire exister le dialogue 5+5, certes bienveillant mais assez modeste. Il se bloque en raison de verrous européens », explique Serge Telle, délégué interministériel français à la Méditerranée. Tensions politiques et économiques ont grippé le processus. « La France, l’Italie et l’Espagne ont posé des verrous aux produits agricoles. Ils ne veulent pas des tomates marocaines et de l’huile d’olive tunisienne », ajoute-t-il.
Autre frein, selon lui, la question migratoire. « L’Europe ne veut pas entendre parler d’espace euro-méditerranéen. Nous n’avons pas réussi le pari de la convergence et de l’intégration. La Méditerranée devient un fossé, elle nous divise. Nous sommes dans le choc des ignorances », lâche sans détour Serge Telle.
« Au sud, cinq pays ont connu la transition démocratique, au nord cinq pays font face à une crise financière majeure. Aucun pays du nord ne peut consacrer d’argent pour faire exister le dialogue 5+5, certes bienveillant mais assez modeste. Il se bloque en raison de verrous européens », explique Serge Telle, délégué interministériel français à la Méditerranée. Tensions politiques et économiques ont grippé le processus. « La France, l’Italie et l’Espagne ont posé des verrous aux produits agricoles. Ils ne veulent pas des tomates marocaines et de l’huile d’olive tunisienne », ajoute-t-il.
Autre frein, selon lui, la question migratoire. « L’Europe ne veut pas entendre parler d’espace euro-méditerranéen. Nous n’avons pas réussi le pari de la convergence et de l’intégration. La Méditerranée devient un fossé, elle nous divise. Nous sommes dans le choc des ignorances », lâche sans détour Serge Telle.

Ibrahim Awad, chercheur au centre pour la migration et l’étude des réfugiés à l’université américaine du Caire. (Photo © N.B.C)
« Dialogue 5+4 », le « trou libyen »
Le dialogue au sein de cette enceinte, discontinu, serait trop centré sur la lutte contre le terrorisme. « Le 5+5 a une approche Défense. Pourquoi ne pas travailler à la recréation d’une identité méditerranéenne. Sans passerelle, la coopération sera difficile », avance Ibrahim Awad, chercheur au centre pour la migration et l’étude des réfugiés à l’université américaine du Caire.
« Le 5+5 ne doit pas devenir une institution sécuritaire, il faut travailler sur le développement économique et social », renchérit Jacques Lanxade, président de la FMES.
Pourtant, selon Raouf Chatty, directeur général des relations avec l’Europe au ministère tunisien des Affaires étrangères, la lutte contre le terrorisme est un préalable : « Sans développement, il n’y a pas de démocratie et sans démocratie il n’y a point de développement. Tout passe par la coopération ».
« Le 5+5 ne doit pas devenir une institution sécuritaire, il faut travailler sur le développement économique et social », renchérit Jacques Lanxade, président de la FMES.
Pourtant, selon Raouf Chatty, directeur général des relations avec l’Europe au ministère tunisien des Affaires étrangères, la lutte contre le terrorisme est un préalable : « Sans développement, il n’y a pas de démocratie et sans démocratie il n’y a point de développement. Tout passe par la coopération ».
Que sont devenus les acteurs du processus d’ouverture des pays méditerranéens ? « La photo du sommet de Paris pour la Méditerranée en 2008 a jauni, certains sont morts, d’autres en prison », constate Stefano Silvestri, conseiller scientifique de l’Instituto affari internazionali.
Face à ces bouleversements, les sujets de discorde sont écartés, le dialogue se veut « civilisé », dit-il tout en parlant de « trou libyen » et de « dialogue 5+4 ».
Une affirmation réfutée par Bénédicte de Montlaur. La sous-directrice de l’Afrique du nord au ministère français des Affaires étrangères rappelle la présence en Libye « d’autorités légitimes ».
Face à ces bouleversements, les sujets de discorde sont écartés, le dialogue se veut « civilisé », dit-il tout en parlant de « trou libyen » et de « dialogue 5+4 ».
Une affirmation réfutée par Bénédicte de Montlaur. La sous-directrice de l’Afrique du nord au ministère français des Affaires étrangères rappelle la présence en Libye « d’autorités légitimes ».

Moez Sinaoui, directeur chargé du dialogue 5+5 au sein du secrétariat de l’UpM. (Photo © N.B.C)
Le secrétariat de l’UpM rôle opérationnel du dialogue 5+5
De son côté, Moez Sinaoui, directeur chargé du dialogue 5+5 au sein du secrétariat de l’UpM, souligne la présence d’entrepreneurs libyens lors du dernier forum. Il a par ailleurs insisté sur la complémentarité des deux institutions et l’appui du secrétariat de l’UpM au 5+5. « En mai 2014, la réunion des ministres des Affaires à Lisbonne a consacré l’UpM comme opérateur du dialogue 5+5 », indique Moez Sinaoui.
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Tolga Bilener, professeur de sciences politiques à l’université de Galatasaray à Istanbul. (Photo © N.B.C)
Où se situe la Turquie dans cet environnement ? Au nord, au sud, tout dépend des instances. « L’Union pour la Méditerranée a été présentée comme un substitut de l’adhésion de la Turquie à l’UE. Cela été très mal perçu », explique Tolga Bilener.
Professeur de sciences politiques à l’université de Galatasaray à Istanbul, à la veille du vote par le parlement turc de l’intervention militaire en Syrie et en Irak, il a insisté sur la menace représentée par l’État islamique pour son pays. « Les révoltes arabes ont changé la donne », ajoute-t-il tout en rappelant l’absence de dialogue de la Turquie avec Israël, l’Égypte et avec la Syrie et les relations tendues avec Badgdad.
Professeur de sciences politiques à l’université de Galatasaray à Istanbul, à la veille du vote par le parlement turc de l’intervention militaire en Syrie et en Irak, il a insisté sur la menace représentée par l’État islamique pour son pays. « Les révoltes arabes ont changé la donne », ajoute-t-il tout en rappelant l’absence de dialogue de la Turquie avec Israël, l’Égypte et avec la Syrie et les relations tendues avec Badgdad.
Quant à la question kurde, elle constitue, selon lui, le « talon d’Achille de la Turquie » tout en rappelant les négociations entre le parti de l’AKP au pouvoir et le PKK.