econostrum.info : Que retenez-vous de la COP22 qui vient de s'achever à Marrakech ?
Nicolas Debaisieux : Il s'agissait d'une très bonne COP, très bien organisée. Certes les discussions et les décisions juridiques découlant de l'Accord de Paris, qui vient juste d'entrer en vigueur, restent en cours.
Mais, beaucoup d'événements se sont déroulés en dehors de ce cadre, et beaucoup d'engagements ont été pris par les acteurs étatiques et non étatiques : entreprises ou société civile. C'est un succès et, comme attendu, la COP22 a bien été la COP de l'action avec un foisonnement d'initiatives de tout horizon.
Quel a été l'apport de l'UpM ?
N.D. : L'Union pour la Méditerranée a lancé, avec la Commission européenne, sa plate-forme sur les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique (EREE) qui va promouvoir le déploiement progressif de mesures relatives à ces deux domaines. Elle sera centrée sur la création, la transmission, la distribution et la consommation finale d'énergie. Elle complète les deux autres plates-formes déjà créées sur le gaz et sur le marché de l'électricité. Le 1er décembre 2016 à Rome, la ministérielle énergie permettra d'avancer sur cette question.
Nous avons également présenté, en commun avec la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement), un programme cadre pour stimuler l'investissement privé en matière d'énergies renouvelables en Egypte, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie. Ce projet SPREF (cadre de financement des énergies renouvelables privées) bénéficiera d'un financement de 227,5 M€ apporté par la Berd. Il permettra un effet de levier permettant de mobiliser jusqu'à 834 M€ d'investissements. Cette somme sera consacrée aux entreprises locales ou internationales mettant en place un investissement privé en matière d'énergie renouvelable, qu'il s'agisse d'auto-production ou de vente au réseau dans les quatre pays concernés.
Je retiens aussi une réunion importante sur le lien entre stabilité et développement durable en Méditerranée, organisée à par l'Union pour la Méditerranée et l'Union européenne à Marrakech. Ses conclusions plaident pour des stratégies étatiques inclusives de décarbonisation s'appuyant sur les territoires, les acteurs économiques et la société civile. Le rapport du Conseil consultatif allemand sur les changements mondiaux, le WBGU, a montré à quel point les pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée restent fragiles et peuvent être impactés par les tensions induites par le changement climatique.
Toutefois, mieux connaître l'impact du changement climatique sur la région est indispensable pour parvenir à des actions efficaces. C'est la raison pour laquelle l'Union pour la Méditerranée soutient fortement l'initiative MedECC, qui a fait un point d'étape à la COP22. Piloté par l'Université d'Aix-Marseille et par le Plan Bleu, MedECC est un réseau de scientifiques du Sud et du Nord de la Méditerranée. Il prévoit de faire un rapport sur l'impact du changement climatique en Méditerranée d'ici 2018. Une année clé pour les négociations internationales puisqu'elle devrait voir aboutir les travaux techniques de l'Accord de Paris et ouvrir donc sur une mise en oeuvre effective de ce texte.
Il ne faut pas oublier aussi la déclaration de Marrakech de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) et paraphée par plusieurs associations professionnelles mondiales. La signature de ce texte montre que les entreprises méditerranéennes s'engagent clairement dans un stratégie de décarbonisation.
Nicolas Debaisieux : Il s'agissait d'une très bonne COP, très bien organisée. Certes les discussions et les décisions juridiques découlant de l'Accord de Paris, qui vient juste d'entrer en vigueur, restent en cours.
Mais, beaucoup d'événements se sont déroulés en dehors de ce cadre, et beaucoup d'engagements ont été pris par les acteurs étatiques et non étatiques : entreprises ou société civile. C'est un succès et, comme attendu, la COP22 a bien été la COP de l'action avec un foisonnement d'initiatives de tout horizon.
Quel a été l'apport de l'UpM ?
N.D. : L'Union pour la Méditerranée a lancé, avec la Commission européenne, sa plate-forme sur les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique (EREE) qui va promouvoir le déploiement progressif de mesures relatives à ces deux domaines. Elle sera centrée sur la création, la transmission, la distribution et la consommation finale d'énergie. Elle complète les deux autres plates-formes déjà créées sur le gaz et sur le marché de l'électricité. Le 1er décembre 2016 à Rome, la ministérielle énergie permettra d'avancer sur cette question.
Nous avons également présenté, en commun avec la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement), un programme cadre pour stimuler l'investissement privé en matière d'énergies renouvelables en Egypte, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie. Ce projet SPREF (cadre de financement des énergies renouvelables privées) bénéficiera d'un financement de 227,5 M€ apporté par la Berd. Il permettra un effet de levier permettant de mobiliser jusqu'à 834 M€ d'investissements. Cette somme sera consacrée aux entreprises locales ou internationales mettant en place un investissement privé en matière d'énergie renouvelable, qu'il s'agisse d'auto-production ou de vente au réseau dans les quatre pays concernés.
Je retiens aussi une réunion importante sur le lien entre stabilité et développement durable en Méditerranée, organisée à par l'Union pour la Méditerranée et l'Union européenne à Marrakech. Ses conclusions plaident pour des stratégies étatiques inclusives de décarbonisation s'appuyant sur les territoires, les acteurs économiques et la société civile. Le rapport du Conseil consultatif allemand sur les changements mondiaux, le WBGU, a montré à quel point les pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée restent fragiles et peuvent être impactés par les tensions induites par le changement climatique.
Toutefois, mieux connaître l'impact du changement climatique sur la région est indispensable pour parvenir à des actions efficaces. C'est la raison pour laquelle l'Union pour la Méditerranée soutient fortement l'initiative MedECC, qui a fait un point d'étape à la COP22. Piloté par l'Université d'Aix-Marseille et par le Plan Bleu, MedECC est un réseau de scientifiques du Sud et du Nord de la Méditerranée. Il prévoit de faire un rapport sur l'impact du changement climatique en Méditerranée d'ici 2018. Une année clé pour les négociations internationales puisqu'elle devrait voir aboutir les travaux techniques de l'Accord de Paris et ouvrir donc sur une mise en oeuvre effective de ce texte.
Il ne faut pas oublier aussi la déclaration de Marrakech de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) et paraphée par plusieurs associations professionnelles mondiales. La signature de ce texte montre que les entreprises méditerranéennes s'engagent clairement dans un stratégie de décarbonisation.
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Comment se positionne l'UpM sur ces domaines ?
N.D. : L'UpM dispose d'un mandat concernant la lutte contre le changement climatique seulement depuis mai 2014 et la déclaration d'Athènes. Mais, bien entendu, nous travaillons depuis notre création en 2008 sur le sujet en traitant les questions de développement durable.
Nous recensons actuellement douze projets comportant une dimension climat. Que ce soit sur les questions urbaines avec quatre projets d'aménagements d'ouvrages à Rabat, Sfax, au Caire, à Izmir... Et aussi sur le volet d'adaptation avec, par exemple, les dossiers sur le lac de Bizerte en Tunisie ou l'usine de désalinisation de Gaza. Nous sommes actifs sur le développement des énergies renouvelables à travers la ferme éolienne de Tafila en Jordanie ou avec l'"Ufm Energy University by Schneider Electric" qui met à disposition des cours en ligne gratuits pour les professionnels de l'énergie des pays membres de l'UpM (ndlr : accessible depuis le site de l'UpM).
L'UpM s'implique aussi sur les autoroutes de la mer Turquie/Italie/Tunisie pour favoriser le report modal. Et sur l'enseignement avec la création de plusieurs cursus énergies renouvelables et changement climatique à l'Université euroméditerranéenne de Fez.
N.D. : L'UpM dispose d'un mandat concernant la lutte contre le changement climatique seulement depuis mai 2014 et la déclaration d'Athènes. Mais, bien entendu, nous travaillons depuis notre création en 2008 sur le sujet en traitant les questions de développement durable.
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L'UpM s'implique aussi sur les autoroutes de la mer Turquie/Italie/Tunisie pour favoriser le report modal. Et sur l'enseignement avec la création de plusieurs cursus énergies renouvelables et changement climatique à l'Université euroméditerranéenne de Fez.
Une Convention méditerranéenne des maires en cours de création
Comment votre institution peut favoriser les synergies ?
N.D. : L'Union pour la Méditerranée anime depuis 2014 un groupe d'experts sur le changement climatique qui a pour objet de structurer le dialogue politique sur la question climatique en Méditerranée pour, in fine, encourager les synergies entre les Etats membres de l'UpM et développer des projets concrets.
Parmi ceux-ci, et en cours de développement, nous soutenons la création d'un réseau des villes méditerranéennes, la Convention méditerranéenne des maires, pour renforcer l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables avec l'appui de la Commission européenne. Le principe de ce réseau a reçu un accueil favorable lors du Sommet des autorités locales, qui s'est déroulé en marge de la COP22. Nous espérons que le 1er décembre 2016 à Rome, les ministres de l'UpM donneront un appui politique afin qu'il puisse voir le jour en 2017.
N.D. : L'Union pour la Méditerranée anime depuis 2014 un groupe d'experts sur le changement climatique qui a pour objet de structurer le dialogue politique sur la question climatique en Méditerranée pour, in fine, encourager les synergies entre les Etats membres de l'UpM et développer des projets concrets.
Parmi ceux-ci, et en cours de développement, nous soutenons la création d'un réseau des villes méditerranéennes, la Convention méditerranéenne des maires, pour renforcer l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables avec l'appui de la Commission européenne. Le principe de ce réseau a reçu un accueil favorable lors du Sommet des autorités locales, qui s'est déroulé en marge de la COP22. Nous espérons que le 1er décembre 2016 à Rome, les ministres de l'UpM donneront un appui politique afin qu'il puisse voir le jour en 2017.