Identifée sous sa première forme en 1892 sous le nom de maladie de Pierce, elle s'attaque alors uniquement aux vignes de la Californie du Nord. En 1987, elle gagne son nom de Xylella fastidiosa. Cette protéobactérie Gamma est pour la première fois recensée en octobre 2013 en Europe du Sud où elle a commencé depuis quelques années à commettre ses premiers faits d'armes en trouvant un nouveau mets de choix : l'olivier. L'envahisseur s'est introduit dans les Pouilles, au sud de l'Italie, et plus précisément dans la région de Lecce. Son attaque foudroyante a déjà décimé 10% des oliviers de cette région.
Pour éviter le pire, l’idée est de couper tous les malheureux oliviers envahis par la bête immonde. L'Union européenne, très inquiète de cette encore hypothétique mais fort probable propagation, l'a préconisé tout de suite. Aucun moyen de lutte contre cet agent phytopathogène, n'est en effet connu à ce jour pour éradiquer cette bactérie.
Le premier végétal atteint intercepté en France
Tout en promettant d’éviter les déplacements d’oliviers d’une pépinière à l’autre pour éviter le problème de la contamination, Rome a débloqué 13,6 M€ et l'Union européenne a signé un chèque d'1 M€." Une goutte d'eau insuffisante à nous aider à combattre le fléau" s'énervent les Italiens qui disent qu’avec un budget aussi restreint, la guerre contre la bête risque d'être compliquée.
La France joue la carte du préventif
Personne n'arrivant à se mettre d'accord au niveau européen, quelques pays, face à l'urgence, adoptent des mesures unilatérales pour tentent d'éviter cette invasion. A commencé par le plus proche voisin transalpin de l'Italie qui a réagi en publiant samedi 4 avril 2015 un arrêté, via son ministère de l'Agriculture, "afin d'interdire l'importation en France de végétaux sensibles à Xyllela fastidiosa et provenant de zones touchées par la bactérie." Une interdiction visant notamment, bien entendu, les échanges intra-européens depuis la région des Pouilles, mais aussi les importations d'autres pays infectés, notamment le continent américain.
Le ministère français de l'agriculture insiste néanmoins sur le fait qu'"aucun foyer n'a été détecté" dans l'hexagone. La guerre préventive comprend également un plan de contrôle et de surveillance sur l'ensemble du territoire français.
Et cette stratégie de vigilance paye. Mercredi 15 avril 2015, les agents de la Direction régionale et interdépartementale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Île-de-France interceptaient, au marché de gros de Rungis près de Paris, un plant de caféier originaire d'Amérique centrale et porteur de la Xylella fastidiosa. C'était la première fois que cette bactérie tueuse mettait le pied en France. Une avant-garde arrivée via les Pays-Bas. La France prend d'autant plus au sérieux l'affaire que l'ennemie des oliviers avait été introduite en Italie via un plan de caféier ornemental en provenance du Costa Rica, et justement réceptionné lui aussi par le port de Rotterdam.
L'Espagne pourrait profiter de la maladie

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du patrimoine méditerranéen
830 millions d'oliviers sont recensés dans le monde sur 8,6 millions d'hectares pour une production de 17,3 millions de tonnes d'olives. 95% de la production d'olives provient des pays du pourtour méditerranéen.
Selon le Conseil mondial oléicole, L'Espagne est le premier producteur mondial d'huile d'olive (825 700 tonnes en prévision sur la campagne 2014/2015) suivie de l'Italie (302 500 T), la Grèce (300 000 T) et la Tunisie (260 000 T). À eux quatre, ils pèsent 80% de la production mondiale d'olives.
Dans le camp des plus de 100 000 tonnes figurent également la Turquie (190 000 T) et le Maroc (110 000 T). La France n'en produit que 5 000 tonnes.
Bien que plus éloigné du foyer de contagion, l'Espagne, qui détient le record de la production mondiale d'huile d'olive (voir encadré) avec 46% de la production mondiale !, se sent très concernée par la Xylella fastidiosa.
Mais le sujet n'inquiète pas outre mesure les producteurs locaux, puisque l'Agence nationale de l’Huile d'Olive n'a pas détecté la maladie parmi les 280 millions d'oliviers d'Espagne (sur une surface de 2,5 millions d'hectares). Une activité essentiellement concentrée en Andalousie, où la coopérative de Montefrio, près de Grenade, fournit entre 10 000 et 15 000 tonnes, bon an mal an, à partir de ses 1,5 million oliviers.
« Nous n’avons aucune raison d'être préoccupés pour l’instant », commente Juan Fernandez, chef de production de la coopérative agricole plusieurs fois primée pour la qualité de ses huiles. « Les informations des autorités ministérielles sont rassurantes, et nous n'avons pas de consignes particulières concernant un éventuel risque de contamination, si ce n'est de veiller à la propreté des outils utilisés pour la taille des arbres. »
Comme l'ensemble des professionnels espagnols du secteur, les oléiculteurs de Montefrio restent cependant attentifs à l'évolution de la bactérie Xylella fastidiosa en Méditerranée, d'autant que 40 % de la production de cette coopérative andalouse est exportée… en Italie.
Finalement, le désastre provoqué par la maladie dans les Pouilles pourrait accroître encore cette demande à l'exportation, et du coup faire les affaires des producteurs d'huile d'olive en Espagne...
Le Maroc très prudent
« Compte tenu du risque potentiel d'introduction de cette bactérie au Maroc, je vous saurais gré des démarches que vous voudriez bien prendre pour informer l'ensemble des transitaires membres de votre association ainsi que les importateurs des plants de la mesure prise », précise l'ONSSA dans un communiqué adressé à l'Association des transitaires agrées en douane, le 6 avril 2015.
La filière oléicole marocaine avoue son inquiétude et attend beaucoup du gouvernement. « De notre côté, il n'y a rien à faire. Seulement l'arracheuse. Moi, je surveille les oliveraies avoisinant les miennes, pour m'assurer que la maladie ne les a pas encore atteints, raconte Mohammed Aguezzale, vice-président des Huileries de Meknès. J'ai aussi appelé des collègues en Tunisie, comme ils sont plus près de la Sicile, mais non, pour l'instant la maladie n'est pas chez eux. »
*Avec l'aimable autorisation de : Donato Boscia, Istituto di Virologia Vegetale del CNR, UOS, Bari (IT) - Franco Nigro, Dipartimento di Scienze del Suolo, della Pianta e degli Alimenti, Università degli Studi di Bari (IT) - Antonio Guario, Plant Protection Service, Regione Puglia (IT)