
ESPAGNE. Les deux grandes centrales syndicales espagnoles, UGT et CCOO (Commissions ouvrières), ont donné l’impression d'y aller un peu à reculons, mais elles se sont finalement accordées pour décider d'une journée de grève générale le 29 mars 2012. Une journée de protestation qui était dans tous les esprits depuis que Mariano Rajoy l'avait lui-même « involontairement » annoncée le 31 janvier dernier, lorsqu'un micro avait recueilli cet aveu du président du gouvernement espagnol : « La réforme du travail va nous coûter une grève générale ». Le texte de cette réforme a été adopté le vendredi 9 mars 2012 au parlement espagnol, où le Partido Popular de Mariano Rajoy dispose d'une confortable majorité.
Le principal changement dans le Code du travail concerne la modification des modalités pour le calcul des indemnités de licenciement, désormais établies sur une base de 33 jours par année de travail (contre 45 jours/an auparavant), voire 20 jours d'indemnités par année de travail si l'entreprise enregistre un bilan négatif pendant trois mois consécutifs.
Les deux grands syndicats de salariés ont aussitôt considéré cette mesure comme une « porte ouverte aux licenciements ». Alors que le pays souffre déjà d'un taux de chômage de 23%.

Inquiétudes pour l'emploi
Avec la nouvelle réforme, les PME espagnoles disposent d'une aide de 3 000 € pour l'embauche d'un chômeur de moins de 30 ans, dont une partie du salaire sera assumée pendant un an par l'assurance-chômage (à hauteur de 25% du montant des indemnités de chômage précédemment versées). L'employeur sera par ailleurs exonéré de charges pour un montant équivalent à 50% des indemnités de chômages qui restaient à percevoir par le salarié embauché.
Paradoxalement, même le président du gouvernement espagnol ne s'avance pas à pronostiquer une baisse du chômage à court terme. Les pronostics sont même négatifs. Selon les prévisions es organismes internationaux, l'économie espagnole pourrait subir une nouvelle récession en 2012, et perdre 1% du PIB, ce qui aurait notamment pour effet de faire augmenter le chômage dans la même proportion.
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Répétition générale
Et c'est bien cette logique que redoutent Ignacio Fernandez Toxo et Candido Mendez, représentant respectivement les syndicats CCOO et UGT. Les deux syndicalistes ont organisé une sorte de « répétition générale » ce 11 mars 2012, avant la grande mobilisation du 29 mars, avec des manifestations organisées dans toutes les grandes villes d'Espagne ; plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé dans tout le pays (1,5 million de manifestants d'après les syndicats), pour dénoncer une réforme qui « va provoquer une régression sociale pour toujours », selon les termes de Candido Mendez.

L'épreuve du 100ème jour au pouvoir
Aujourd’hui, les conditions sont toutes différentes. Sans oser l'avouer, Ignacio Fernandez Toxo et Candido Mendez s'inquiètent sans doute de leur capacité de mobilisation dans un contexte économique qui s'est considérablement dégradé. C'est d'ailleurs sans doute pour cette raison que les deux leaders syndicaux ont repoussé l'échéance de cette grève générale en proposant des amendements qui ont tous été ignorés par Mariano Rajoy.
Le président du gouvernement, qui affronte ici sa première « épreuve du feu », affiche de son côté une détermination justifiée par les fortes attentes de son électorat. Ce qui ne doit pas masquer l'exaspération, voire le désespoir d'une partie de la société espagnole en voie de paupérisation. Avec le risque de débordements incontrôlés qui en découlent.
La grève générale du 29 mars, qui marquera le 100e jour de son arrivée au pouvoir, représentera donc aussi un test périlleux pour Mariano Rajoy.