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Les problèmes migratoires marocains se heurtent au concept de réadmission


Rédigé par Frédéric Dubessy, à BRUXELLES et RABAT, le Jeudi 1 Juillet 2010 - Lu 5136 fois

Au titre du statut avancé, l’Europe voudrait que le Maroc prenne en charge non seulement ses ressortissants illégaux mais aussi ceux des pays tiers passés par ses terres. Le Maroc s’avoue surpris.


Le principe de réadmission pose problème au Maroc (photo F.Dubessy)
Le principe de réadmission pose problème au Maroc (photo F.Dubessy)
MAROC / UNION EUROPÉENNE. L’immigration constitue toujours un poil à gratter dans les relations entre Maroc et Union européenne. « Nous sommes passés de pays d’origine à pays de transit en terme d’immigration ». La mutation pointée du doigt par Omar Amghar, conseiller à la Mission du Maroc auprès de l’UE à Bruxelles, prend tout son sens avec la négociation, dans le cadre du statut avancé, sur le fameux dossier des réadmissions.

D’autant plus que Fatiha Layadi, députée marocaine du PAM, ajoute même à cette affirmation, « puis à un pays d’immigration ! » Ce changement ne passe pas inaperçu au Maroc. Le Conseil consultatif des Droits de l’homme (CCDH) et le Haut commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés (UNHCR) organisaient même à Rabat le vendredi 25 juin 2010 une pièce de théâtre sur la situation des réfugiés subsahariens au Maroc.
 

Point de départ de ce problème sensible, la volonté de l’Union européenne de faire prendre en charge au gouvernement marocain le retour de leurs ressortissants entrés illégalement en Europe. Mais aussi des clandestins de pays tiers présents sur le Vieux-continent après un transit au Maroc.

Ce que subtilement les technocrates européens appellent les accords de réadmission.


Un problème transnational

Nabil Addghouhi demande à l'Europe de d'abord mieux surveiller ses aéroports (photo F.Dubessy)
Nabil Addghouhi demande à l'Europe de d'abord mieux surveiller ses aéroports (photo F.Dubessy)

«  Il n’existe pas de solution pérenne et crédible si l’on s’écarte de deux points : la migration transversale et la migration circulaire. Il faut agir en co-développement avec une égalité entre les pays.
En tant que pays de transit, le Maroc n’est qu’un maillon de la chaîne.
Tout le monde doit accepter sa part de responsabilité. Par définition, il s’agit d’un problème transnational
 » clame Nabil Adghoughi.

 

Quelques 11 000 hommes seraient déjà déployés le long des côtes marocaines pour surveiller les sorties clandestines. Une stratégie payante selon le gouvernement qui affirme que le flux des migrants a été réduit de 66%. Et Nabil Adghoughi a beau jeu de souligner que « 95% de l’immigration irrégulière arrivant en Europe est aéroportuaire ! » renvoyant ainsi l'Union européenne dans ses cordes.
 

Se pose aussi le souci de la preuve à apporter. Comment affirmer que tel ressortissant d’un pays subsaharien est arrivé via le Maroc ? « A quoi servirait-t-il d’installer un Sangatte ici ? » ironise Fatiha Layadi en référence au centre français de détention des immigrés sans papier qui voulaient passer en Grande-Bretagne et situé vers Calais (aujourd'hui fermé).


La réduction des inégalités comme rempart de l'immigration clandestine

Ce dossier des flux migratoires passe par une nécessaire réduction des inégalités dans les pays subsahariens comme au Maroc.

La réadmission demeure un volet de cette vaste problématique d'immigration clandestine. Des Marocains continuent à venir en Europe chercher une meilleure vie.

Comme le décrit Eneko Landaburu, chef de la Délégation de l’Union européenne au Maroc, « il existe une catégorie très bien formée, l’élite, qui a transformée ce pays. Et il existe l’autre Maroc avec 40% d’analphabètes et l’exclusion sociale à la campagne comme dans les bidons villes. Cette réalité structurelle est une des grandes interrogations de ce pays et marque un danger de développement des extrémismes. »

Pour le marocain Hassan Charaf, directeur général de Cosix, consultant en ressources humaines, « Aujourd’hui, le Maroc sait où il veut aller. Il y a ceux qui vont à 120 à l’heure et sont en tête du peloton. Et puis il y a les autres qu’il faut tirer vers le haut. C’est plus un pays qui travaille sur deux courbes qu’un Maroc à deux vitesses. » 

Lire aussi : Le Maroc s'engage vers un rapprochement irréversible avec l'Union européenne
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A SUIVRE : Retrouvez du 28 juin au 2 juillet 2010 notre enquête sur le rapprochement entre Maroc et UE.

Le 2 juillet 2010, lisez l'interview d'Eneko Landaburu, chef de la délégation de l'Union européenne au Maroc
: "Le Maroc doit être une vitrine pour l'Europe et le monde arabe"




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