
D’autant plus que Fatiha Layadi, députée marocaine du PAM, ajoute même à cette affirmation, « puis à un pays d’immigration ! » Ce changement ne passe pas inaperçu au Maroc. Le Conseil consultatif des Droits de l’homme (CCDH) et le Haut commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés (UNHCR) organisaient même à Rabat le vendredi 25 juin 2010 une pièce de théâtre sur la situation des réfugiés subsahariens au Maroc.
Point de départ de ce problème sensible, la volonté de l’Union européenne de faire prendre en charge au gouvernement marocain le retour de leurs ressortissants entrés illégalement en Europe. Mais aussi des clandestins de pays tiers présents sur le Vieux-continent après un transit au Maroc.
Ce que subtilement les technocrates européens appellent les accords de réadmission.
Un problème transnational

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« Il n’existe pas de solution pérenne et crédible si l’on s’écarte de deux points : la migration transversale et la migration circulaire. Il faut agir en co-développement avec une égalité entre les pays.
En tant que pays de transit, le Maroc n’est qu’un maillon de la chaîne.
Tout le monde doit accepter sa part de responsabilité. Par définition, il s’agit d’un problème transnational » clame Nabil Adghoughi.
Quelques 11 000 hommes seraient déjà déployés le long des côtes marocaines pour surveiller les sorties clandestines. Une stratégie payante selon le gouvernement qui affirme que le flux des migrants a été réduit de 66%. Et Nabil Adghoughi a beau jeu de souligner que « 95% de l’immigration irrégulière arrivant en Europe est aéroportuaire ! » renvoyant ainsi l'Union européenne dans ses cordes.
Se pose aussi le souci de la preuve à apporter. Comment affirmer que tel ressortissant d’un pays subsaharien est arrivé via le Maroc ? « A quoi servirait-t-il d’installer un Sangatte ici ? » ironise Fatiha Layadi en référence au centre français de détention des immigrés sans papier qui voulaient passer en Grande-Bretagne et situé vers Calais (aujourd'hui fermé).
La réduction des inégalités comme rempart de l'immigration clandestine
La réadmission demeure un volet de cette vaste problématique d'immigration clandestine. Des Marocains continuent à venir en Europe chercher une meilleure vie.
Comme le décrit Eneko Landaburu, chef de la Délégation de l’Union européenne au Maroc, « il existe une catégorie très bien formée, l’élite, qui a transformée ce pays. Et il existe l’autre Maroc avec 40% d’analphabètes et l’exclusion sociale à la campagne comme dans les bidons villes. Cette réalité structurelle est une des grandes interrogations de ce pays et marque un danger de développement des extrémismes. »
Pour le marocain Hassan Charaf, directeur général de Cosix, consultant en ressources humaines, « Aujourd’hui, le Maroc sait où il veut aller. Il y a ceux qui vont à 120 à l’heure et sont en tête du peloton. Et puis il y a les autres qu’il faut tirer vers le haut. C’est plus un pays qui travaille sur deux courbes qu’un Maroc à deux vitesses. »
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A SUIVRE : Retrouvez du 28 juin au 2 juillet 2010 notre enquête sur le rapprochement entre Maroc et UE.
Le 2 juillet 2010, lisez l'interview d'Eneko Landaburu, chef de la délégation de l'Union européenne au Maroc