
En Espagne, l'émotion est d'autant plus forte que trois Espagnols (dont un journaliste) se trouvaient à bord du bateau attaqué par l'armée Israélienne. Ces ressortissants sont sains et saufs, mais toujours retenus en Israël.
Le président du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, a immédiatement convoqué l'ambassadeur d'Israël à Madrid pour protester contre une opération militaire jugée « disproportionnée ».
La réaction la plus virulente est venue du ministre des Affaires Étrangères, Miguel Angel Moratinos : « Il est plus urgent que jamais, non seulement de lever le blocus de Gaza, mais également d'accélérer la recherche d'une solution définitive pour faire cohabiter deux États, dans la paix et la sécurité ».
En France, le président Nicolas Sarkozy s'était tout d'abord contenté d'un communiqué condamnant "l'usage disproportionné de la force" tout en marquant "l'urgence d'une relance du processus de paix". Le mardi 1er juin lors de son discours au Sommet France - Afrique à Nice, il s'est montré plus virulent. Son ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, a été tout de suite plus direct : "rien ne saurait justifier l'emploi d'une telle violence que nous condamnons" en demandant une enquête approfondie.
Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat français aux affaires européennes parle d'un "incident tragique (qui) ne fait qu’accroître les tensions multiples dans la région, ajouter à l’isolement d’Israël et renforcer les courants les plus extrémistes ». Il en appelle à la mobilisation des Européens "en faveur du règlement du conflit israélo-palestinien."

La Turquie parle officiellement de "terrorisme d'Etat"
Lundi 31 mai dès que connu l'assaut, environ 10 000 personnes manifestaient devant le consulat d'Israël à Istanbul, jusqu'à minuit. Le mardi 1er juin, des manifestations se poursuivaient à Ankara, devant la résidence de l'ambassadeur israélien. La presse réagit très fortement et ne fait pas dans la demi-mesure : Yeni Safak, le quotidien islamiste proche du gouvernement, titre ainsi : " Les enfants d'Hitler" (voir photo de la une ci contre).
Les politiques turcs embrayent le pas à l'image du premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui, après un discours au Parlement où il a qualifié les incidents de "terrorisme d'Etat", a animé une réunion d'urgence avec son ministre de la défense et les chefs des services de renseignements turcs.
La Turquie prend la tête de la défense des Palestiniens depuis un an pour soigner son nouveau leadership régional.
Condamnation unanime au Maroc
Le Parti de l'Istiqlal (parti au pouvoir) a « fermement dénoncé cette agression ignoble », exprimant sa solidarité avec les membres de la flottille et appelant à "une poursuite pénale des auteurs de ce crime. "
A Rabat, un sit-in de solidarité a été organisé lundi 31 mai 2010 par le Groupe d'action national pour le soutien à l'Irak et à la Palestine. Les participants avec parmi eux des acteurs de la société civile, des acteurs politiques et des défenseurs des droits de l'homme, ont scandé des slogans dénonçant cette « agression barbare » qui s'ajoute "aux crimes commis par Israël à l'encontre du peuple palestinien". Les participants ont appelé à une « mobilisation populaire aux niveaux arabe et islamique pour soutenir la résistance palestinienne ».
La Confédération démocratique du travail (CDT) deuxième centrale syndicale marocaine a dénoncé "les méthodes israéliennes fascistes contre les positions humanitaires de solidarité avec un peuple qui souffre depuis plus de soixante ans de l'occupation."
Du côté de la classe politique, la réprobation est totale. Rappelons que trente-deux Algériens, parmi lesquels des membres du Mouvement social pour la paix (MSP), un parti islamiste apparenté au mouvement international des Frères musulmans et qui fait partie de la coalition gouvernementale aux côtés du FLN et du RND, étaient partie prenante de l'opération de solidarité avec la population de Gaza. Deux d'entre eux auraient d'ailleurs (le conditionnel reste de rigueur) été tués selon des responsables de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP).
Les citoyens algériens, traditionnellement aux côtés de la cause palestinienne, dénoncent de leur côté avec force cette "nouvelle agression israélienne". Mais, l'état d'urgence en vigueur depuis près de vingt ans interdit toute expression non officielle de solidarité.
"Une agression dangereuse qui risque d'exacerber les tensions dans la région"
Selon Maan Bachour, membre du même Comité, « Israël n’a pas intérêt à garder trois Libanais prisonniers sur son territoire. Cela va devoir être bien calculé, car avoir des Libanais dans les geôles israéliennes, cela signifie davantage de problèmes pour lui ...Car cela donnerait une raison supplémentaire à la Résistance libanaise — le Hezbollah — de continuer à se battre pour libérer les prisonniers libanais. Ce n’est pas dans l’intérêt d’Israël ». Maan Bachour reconnaît cependant que "l’objectif était évidemment de briser le blocus, comme nous l’avions déjà tenté en février 2009. Mais personne ne s’attendait à une telle réaction de la part des Israéliens ».
Côté politique, Saad Hariri a jugé que « l’attaque israélienne contre le convoi d’aide représente une agression dangereuse et folle qui va exacerber les tensions dans la région ».Quant au président Michel Sleimane, il dénonce « fermement ce massacre qui s’ajoute au record israélien d’actes terroristes et criminels », et parlé de « crime contre l’humanité." Le député du Hezbollah Hassan Fadlallah reprend l'argument « c’est un crime prémédité contre l’humanité qui dévoile au monde la sauvagerie d’Israël et son attitude à l’égard des civils non armés. »
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Moubarak ouvre une porte d'entrée sur Gaza
En Egypte, le président Hosni Moubarak a ordonné mardi 1er juin 2010 la réouverture du point de passage de Rafah, seule porte d’entrée à Gaza qui n’est pas contrôlée par Israël, « afin de faire passer les aides humanitaires et médicales nécessaires ».
Cette décision répond à la pression exercée par les autres pays arabes ou musulmans et vise à calmer la colère des Egyptiens, dont beaucoup estiment que leur gouvernement est complice du blocus de Gaza en empêchant la circulation des Palestiniens par Rafah.
Deux manifestations, lundi 31 mai et mardi 1er juin au Caire, ont rassemblé entre 50 et 100 personnes alors que l’état d’urgence en vigueur en Egypte depuis 1981 interdit théoriquement tout rassemblement. Les manifestants réclamaient la réouverture du terminal de Rafah, le renvoi de l’ambassadeur israélien et scandaient des slogans hostiles au régime de Moubarak.
Le président égyptien avait déclaré lundi 31 mai 2010 que son pays « condamnait l’usage excessif et injustifié de la force par Israël et la perte de vies innocentes qui en a résulté ». Le Caire a convoqué l’ambassadeur israélien en Egypte pour lui faire part de sa « protestation » après l’intervention sanglante contre la flottille internationale qui entendait briser le blocus de Gaza. Quatre Egyptiens, dont deux députés Frères musulmans, étaient présents à bord des bateaux arraisonnés par l'armée israélienne.
Israël coincée entre une défense diplomatique et les attaques de la presse
Et, alors que l'ONU vient de demander une enquête sur cet assaut, les diplomates israéliens peinent à justifier en diffusant des images montrant des soldats malmenés et frappés à l'arme blanche (couteaux, barres de fer et haches). "Lorsque nos soldats sont montés à bord pour arraisonner les bateaux, ils ont été attaqués. Il y avait une centaine de militants qui sont connus pour être des militants islamistes, des terroristes" commente Avi Pazner, porte-parole du gouvernement hébreu.
Un ancien député israélien Uri Avnery s'est exprimé sur le site d'information palestinien Amin (Arabic Internet Media Network) par des mots ne laissant aucune équivoque : "C'est un jour de honte pour Israël, et de folie et de stupidité infinie... un jour où le gouvernement israélien a pris grand soin de salir le nom de son pays dans le monde, ajoutant des preuves convaincantes d'agressivité et de brutalité à l'image déjà mauvaise d'Israël dans le monde, décourageant et éloignant le peu d'amis qui lui restaient."
Bien entendu, côté palestinien la condamnation est autant unanime. A une différence près. Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas à Gaza, enjoint l'autorité palestinienne à "cesser les négociations, directes et indirectes", alors que Mahmoud Abbas, président de l'autorité palestinienne, n'envisage pas de stopper les discussions menées par l'intermédiaire de la diplomatie américaine.
La plupart des occupants (quarante nationalités) des navires composant le convoi humanitaire de six navires demeurent détenus en Israël.
Voir la vidéo du raid prise par les cameras à bord du Mavi Marmara