
Les partisans de l'indépendantisme de la Catalogne ont célébré leur victoire à Barcelone (photo « Junts pel si »)
ESPAGNE. « Coquecigrue : animal imaginaire, à la fois coq, cigogne et grue ». La coalition indépendantiste qui vient de remporter les élections régionales en Catalogne pourrait être la transposition politique de cette créature rabelaisienne. Le premier vainqueur de ce scrutin est en effet « Junts Pel Si » (« Ensemble pour le oui »), une alliance entre le parti de centre-droit CDC (Convergencia Democratica de Catalunya) du président sortant de la Generalitat Artur Mas, et la formation d'Oriol Junqueras ERC (Esquerra Republicana de Catalunya), qui milite pour une république de gauche. « Junts Pel Si » obtient soixante deux sièges au parlement de Catalogne et compte sur le soutien des dix élus du parti anticapitaliste CUP (Candidatura d'Unitat Popular) pour dépasser la majorité absolue des soixante huit parlementaires. Les indépendantistes occupent donc soixante douze sièges, qui représentent au total 47,8 % des votes exprimés (avec un taux de participation record de 77,3%).
La victoire du camp indépendantiste est incontestable, et représente un pas important « sur la route d'Ithaque », comme aiment à le dire métaphoriquement les tenants d'une Catalogne indépendante, conscient d’avoir à parcourir un chemin semé d’embûches. À l'issue du scrutin, leurs opposants se félicitaient de leur côté d'avoir contenu le vote indépendantiste sous la barre des 50 % de voix exprimées, reconnaissant paradoxalement ce qu'ils avaient nié jusqu'ici : le caractère plébiscitaire de ces élections !
La victoire du camp indépendantiste est incontestable, et représente un pas important « sur la route d'Ithaque », comme aiment à le dire métaphoriquement les tenants d'une Catalogne indépendante, conscient d’avoir à parcourir un chemin semé d’embûches. À l'issue du scrutin, leurs opposants se félicitaient de leur côté d'avoir contenu le vote indépendantiste sous la barre des 50 % de voix exprimées, reconnaissant paradoxalement ce qu'ils avaient nié jusqu'ici : le caractère plébiscitaire de ces élections !
Renouvellement des forces politiques

Le résultat du vote marque aussi une redistribution des cartes politiques et l'émergence de nouveaux partis (photo F. Matéo)
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Car les résultats enregistrés dimanche 27 septembre 2015 dans les urnes inscrivent durablement le débat indépendantiste dans le programme du parlement de Catalogne. C'est par ailleurs l'affirmation d'un clivage très net, mais aussi un signe de renouvellement des forces politiques qui pourrait préfigurer une tendance identique en Espagne. Les deux grands partis traditionnels, PP (Partido Popular) et PSOE (Parti Socialiste) sont en effet dépassés par de jeunes formations, comme le parti libéral Ciutadans (désormais deuxième parti en Catalogne). À gauche, l'émergence de la CUP parvient même à « donner un coup de vieux » au parti du fulgurant Pablo Iglesais, Podemos, avec lequel les indépendantistes anticapitalistes parviennent à rivaliser en Catalogne.
La redistribution des cartes pose donc également la question de la représentativité politique, en Catalogne comme en Espagne (et au-delà?). Les indépendantistes catalans eux-mêmes vont devoir y faire face dans les prochains jours avec l’élection du président au parlement régional, où le trône d'Artur Mas (qui n'était même pas en tête de sa liste « Junts Pel Si ») pourrait être contesté par les élus de la CUP, extrêmement critiques sur la gestion économique et sociale du président sortant de la Generalitat.
La redistribution des cartes pose donc également la question de la représentativité politique, en Catalogne comme en Espagne (et au-delà?). Les indépendantistes catalans eux-mêmes vont devoir y faire face dans les prochains jours avec l’élection du président au parlement régional, où le trône d'Artur Mas (qui n'était même pas en tête de sa liste « Junts Pel Si ») pourrait être contesté par les élus de la CUP, extrêmement critiques sur la gestion économique et sociale du président sortant de la Generalitat.

La Generalitat, siège du parlement catalan (photo F. Matéo)
Risque de confusion
Et il serait temps de commencer à parler de questions économiques et sociales en Catalogne ! Même s'il faut redouter les prédictions de Jordi Fabregat, professeur en Finances à l'école de commerce ESADE : « S'il fallait parler de risques concernant l'élection du 27 septembre, ce serait celui d'une fragmentation du parlement régional qui pourrait entraver sa gouvernance, et cela n'est jamais bon pour les milieux d’affaires. »
La division demeure bien réelle, et la confusion est à craindre. À l'image d'une campagne électorale marquée par la fébrilité évidente des opposants à l'indépendantisme à l'approche de l’échéance. Avec des outrances et des dérapages incontrôlés, depuis le rétropédalage du gouverneur de la Banque d'Espagne, Luis Maria Linde, annonçant la sortie inévitable de l'euro en cas d'indépendance de la Catalogne, pour se dédire le lendemain, jusqu'aux déclarations aberrantes de l'ancien président socialiste du gouvernement espagnol Felipe Gonzalez, comparant Artur Mas à Staline, en passant par un Mariano Rajoy menaçant les Catalans de perdre la nationalité espagnole en dépit des règles constitutionnelles… Les partisans de l'indépendantisme en Catalogne n’auraient pas trouvé de meilleurs arguments pour mobiliser leurs troupes !
C'est aussi une preuve supplémentaire que les institutions administratives et appareils politiques pilotés depuis Madrid n'ont pas pris conscience de la profondeur des changements en Catalogne.
Lire aussi : Stupeur des milieux économiques face à l'indépendantisme catalan
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