GRÈCE. Entre les Chinois du géant Cosco et les Piréens c’est une longue histoire d’amour et de haine.
D’amour, car Cosco, en rachetant la majorité des actions de l’Autorité portuaire du Pirée (OLP) en 2016, a crée du travail là ou il n’en existait pratiquement plus. De haine, car ce travail est mal payé et effectué dans des conditions d’un autre siècle. Il a fallu des semaines de grève pour améliorer la situation.
Les plaies venaient à peine d’être fermées que les voila de nouveau à vif. Cette fois-ci, les archéologues montent au créneau pour freiner les appétits de l’empire du milieu. Cosco veut faire du plus grand port passagers de la Méditerranée une sorte de Las Vegas pour touristes milliardaires. Au programme, des hôtels gratte-ciel, un gigantesque centre commercial de luxe, un terminal supplémentaire pour les produits pétroliers et deux nouveaux immenses quais pour bateaux de croisière, sans oublier des milliers de km² de docks pour stocker des marchandises.
But de cette opération à 600 M€ d'investissements : transformer le principal port grec en plus grand centre de transit maritime du sud-est de l'Europe, en pont entre l’Asie et le Vieux Continent.
Ce vaste de projet s'inscrit lui-même dans le plan pharaonique des « nouvelles routes de la soie » visant à sceller la main-mise de la Chine sur une grande partie du commerce international. A noter que le gouvernement Tsipras a signé en 2018 un protocole relatif à ce dossier très controversé.
D’amour, car Cosco, en rachetant la majorité des actions de l’Autorité portuaire du Pirée (OLP) en 2016, a crée du travail là ou il n’en existait pratiquement plus. De haine, car ce travail est mal payé et effectué dans des conditions d’un autre siècle. Il a fallu des semaines de grève pour améliorer la situation.
Les plaies venaient à peine d’être fermées que les voila de nouveau à vif. Cette fois-ci, les archéologues montent au créneau pour freiner les appétits de l’empire du milieu. Cosco veut faire du plus grand port passagers de la Méditerranée une sorte de Las Vegas pour touristes milliardaires. Au programme, des hôtels gratte-ciel, un gigantesque centre commercial de luxe, un terminal supplémentaire pour les produits pétroliers et deux nouveaux immenses quais pour bateaux de croisière, sans oublier des milliers de km² de docks pour stocker des marchandises.
But de cette opération à 600 M€ d'investissements : transformer le principal port grec en plus grand centre de transit maritime du sud-est de l'Europe, en pont entre l’Asie et le Vieux Continent.
Ce vaste de projet s'inscrit lui-même dans le plan pharaonique des « nouvelles routes de la soie » visant à sceller la main-mise de la Chine sur une grande partie du commerce international. A noter que le gouvernement Tsipras a signé en 2018 un protocole relatif à ce dossier très controversé.
"Nous avons besoin de ces investissements"
Le programme de Cosco pour le Pirée est déjà lancé, mais le Kas, le service archéologique grec, véritable Etat dans l’Etat, a mis le holà en posant de sévères limites. Ce qui énerve au plus haut point, tant la direction de Cosco que le gouvernement grec.
" Nous n'allons pas transformer la tombe de Thémistoclès (ndlr : grand politicien de la période classique de l'Antiquité) en un centre de loisir !", s’indigne cette archéologue qui veut rester anonyme tant les pressions gouvernementales demeurent fortes. "Sans parler des anciens murs du Pirée qui risquent fort de devenir un parking ! Notre héritage, c’est notre identité. Il n’est pas à vendre", poursuit-elle.
La quarantaine, Aris, employé du secteur privé et piréen de naissance, n’est pas de son avis, "Personne ne vient au Pirée voir ces antiquités. Tout le monde va à l’Acropole. Les touristes ne viennent ici que pour prendre un bateau. Il faut arrêter de dire n’importe quoi. Nous avons besoin de ces investissements. Moi, je suis pour ." A la chambre de commerce greco-chinoise, située en plein centre de la capitale, Dimitris Titopoulos son président s'avoue inquiet. "Un accord signé est un accord signé. Il faut le respecter. En Grèce, dès qu’on soulève une pierre, le Kas intervient. Ça ne peut pas continuer. Il faut trouver une solution acceptable pour tous, qui préserve notre héritage mais qui permette aussi d’aller de l’avant. Nous ne produisons rien, nous avons besoin d’investissements."
" Nous n'allons pas transformer la tombe de Thémistoclès (ndlr : grand politicien de la période classique de l'Antiquité) en un centre de loisir !", s’indigne cette archéologue qui veut rester anonyme tant les pressions gouvernementales demeurent fortes. "Sans parler des anciens murs du Pirée qui risquent fort de devenir un parking ! Notre héritage, c’est notre identité. Il n’est pas à vendre", poursuit-elle.
La quarantaine, Aris, employé du secteur privé et piréen de naissance, n’est pas de son avis, "Personne ne vient au Pirée voir ces antiquités. Tout le monde va à l’Acropole. Les touristes ne viennent ici que pour prendre un bateau. Il faut arrêter de dire n’importe quoi. Nous avons besoin de ces investissements. Moi, je suis pour ." A la chambre de commerce greco-chinoise, située en plein centre de la capitale, Dimitris Titopoulos son président s'avoue inquiet. "Un accord signé est un accord signé. Il faut le respecter. En Grèce, dès qu’on soulève une pierre, le Kas intervient. Ça ne peut pas continuer. Il faut trouver une solution acceptable pour tous, qui préserve notre héritage mais qui permette aussi d’aller de l’avant. Nous ne produisons rien, nous avons besoin d’investissements."
"Nous vivons ici, ils ne font qu'y investir"
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Tout ceci reste très loin des préoccupations d’Iro, vingt ans, chômeuse et piréenne. Elle se fiche pas mal des "vieilles pierres. Je ne savais même pas qu’il y en avait." Ce qui s'avère plus grave pour elle, ce sont les grattes-ciel ? "Vous imaginer des monstres de vingt étages qui cachent la vue vers la mer ? Comment ferions-nous ? La première chose que je vois le matin, c’est la mer. Ceci me donne du courage et ils veulent me le prendre ? Jamais !", affirme la jeune fille.
Le gouvernement et le Kas doivent se réunir prochainement pour débloquer cette situation des plus délicates. En pleine campagne électorale pour les européennes municipales et régionales de mai 2019 et surtout pour les législatives prévues à l'automne, le gouvernement ne veut pas se mettre le Kas et ses nombreux partisans à dos. Mais, l’investissement de Cosco demeure l’un des plus importants de ces dernières décennies.
La situation semble cornélienne d’autant que le chef de l’opposition conservatrice Kiriakos Mitsotakis, donné gagnant pour ces futures élections, s’est fendu d’une visite très médiatisée dans les bureaux de Cosco. Il tire à boulets rouges contre le premier ministre Alexis Tsipras l’accusant de chasser les investisseurs du pays.
Les Piréens, eux, se trouvent désemparés. Ils tiennent à "leur port" et souhaitent qu’il ne perde pas sa nature de port méditerranéen à dimension humaine. "Nous vivons ici, ils ne font qu’y investir, c’est toute la différence", lâche Antonis, retraité pressé d’aller prendre son ferry vers l’ile d’Egine.
Les Piréens, eux, se trouvent désemparés. Ils tiennent à "leur port" et souhaitent qu’il ne perde pas sa nature de port méditerranéen à dimension humaine. "Nous vivons ici, ils ne font qu’y investir, c’est toute la différence", lâche Antonis, retraité pressé d’aller prendre son ferry vers l’ile d’Egine.