
MAROC / UNION EUROPÉENNE. Il y a toujours deux façons de considérer les choses. Voir la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. Reste que parler du rapprochement entre le Maroc et l’Union européenne sans évoquer les droits de l’homme et la liberté de la presse reviendrait à nier deux des principaux points d’achoppement au statut avancé en préparation.
« Avec l’UE, nous parlons de tout », assure Nabil Adghoughi, directeur des affaires européennes au ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération. Et même des droits de l’homme. « Ils sont un des points essentiels dans les discussions sur le statut avancé », affirme d'ailleurs Émilie Dromzee. Coordinatrice du projet Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme, elle reconnaît toutefois les progrès accomplis, mais évoque également un « essoufflement » dans la réforme de la justice et la réforme du droit de la presse. « Les acquis du Maroc en terme de droit de l’homme restent fragiles alors qu’il existe une grosse attente de la part de la société civile. »

Des dictateurs plutôt que des islamistes
Selon elle, « le modèle de partenariat est dicté par Bruxelles. C’est le modèle européen. On ne parle jamais de menace nord/sud par exemple. J’observe que tout va toujours dans le même sens depuis la colonisation »
La réponse fuse du côté de Giovanni Crémonini, coordinateur général de la PEV à la commission européenne : « Nous sommes ethnocentristes oui ! L’Union européenne est impérialiste car elle exporte ses valeurs. Mais, il s’agit d’un impérialisme accepté volontairement. » La nuance compte.
« Mon constat n’est pas une critique mais un constat sur la légitimité politique. Le pouvoir du Roi au Maroc ne peut pas être remis en cause. Le Maroc connaît plus une redistribution du pouvoir avec la dynamique régionale et le morcellement des partis qu’un bouleversement politique » souligne Leila Mouhib. Tout en reconnaissant volontiers que « les évolutions existent. Depuis le début des années 1990, nous observons indéniablement du mieux.. »
Il a cependant fallu attendre 2002 pour organiser les premières élections non contestées au Maroc. Huit partis sont actuellement représentés au Parlement. Hors, pas de droit de l’homme sans une véritable démocratie !
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Incontournables : l'histoire et la culture du Maroc
Dans le plan d’action à cinq ans (2005/2010, le suivant se discute actuellement), la promotion des droits de l’homme et le développement de la démocratie s’intégraient parmi les priorités.
« Il faut voir jusqu’où ce pays veut aller. En politique étrangère, nous rehaussons le niveau du dialogue. Nous appuyons une politique pas un régime ! », souligne Eneko Landaburu. Pour le chef de la Délégation de l’Union européenne au Maroc, « si on dispose d’un modèle des droits de l’homme avec une interprétation rigide énoncée par des Européens, nous allons nous tromper et être perçus comme des personnes voulant imposer leur modèle et leur vérité. Il faut tenir compte de l’histoire et de la culture du Maroc, de l’attachement à la personne du Roi. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas être vigilant ! »
Le Royaume chérifien s’est doté depuis mai 1990 d’un Conseil consultatif des droits de l’homme (CCDH) basé à Rabat avec six bureaux régionaux dont deux autres en projet. Composé de quarante-quatre membres représentant toutes les composantes de la société marocaine, il travaille actuellement sur un plan d’action national pour la promotion des droits de l’homme et la démocratie.
"La loi est prioritaire sur la liberté de la presse"

Pour Eneko Landaburu, « les droits de l’homme sont universels mais on peut les définir de façon relative. Au Maroc, les journalistes sont mal traités mais la liberté de la presse existe. Ce pays respecte beaucoup d’éléments et plus que dans le monde arabe. Il a fait beaucoup d’efforts ces dernières années. Même si certains cas sont contraires aux droits de l’homme, il faut garder raison. »
La liberté de la presse justement ! « En 2006, nous avons été à deux doigts d’adopter un nouveau Code de la presse mais nous n’avons pas réussi à nous entendre sur le cadre général. Actuellement les discussions se poursuivent sur les attentes du lectorat, la déontologie, la formation… », explique Nabil Adghoughi. « Plus il y aura de procès, plus les juges pourront se prononcer de manière équitable. C’est dans la pratique que les standards déontologiques seront atteints », lance-t-il.
En janvier 2010, le « Journal Hebdomadaire» a du fermer ses portes, car il était trop critique envers le régime, d’autres ont été sanctionnés pour des commentaires jugés inadéquats sur la santé du Roi.
Directeur de la publication de l’hebdomadaire la Vie économique, Fadel Agoumi note que « le concept de liberté de la presse est très récent au Maroc et date seulement des années 90. Ces quatre dernières années il y a eu une régression mais dans le cadre de ce que prévoit la loi : Atteinte à la personne du roi, à la famille royale ou à la marocanité du Sahara. Faire respecter la loi est prioritaire sur la liberté de la presse. »
Un propos modéré cependant par une affirmation : « il faut changer la loi parce qu’un journaliste ne doit pas être emprisonné pour ce qu’il a écrit. Mais, je distingue information et diffamation. La presse doit aussi être responsable. »
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Le 1er juillet 2010 lisez l’article : "