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"Les difficultés viennent du contrôle de nos ressources en eau par Israël"


Rédigé par Propos recueillis par Frédéric Dubessy, à AMMAN, le Mardi 3 Juillet 2018 - Lu 2153 fois

Dans une interview exclusive accordée à econostrum.info lors d'une conférence de la Banque européenne d'investissement à Amman en Jordanie, Mazen Ghunaim, ministre palestinien de l'Eau, confie ses inquiétudes sur le stress hydrique, qui influe sur la situation économique de la Palestine, mais aussi son espoir sur l'avancement de la station de désalinisation de Gaza.


Mazen Ghunaim attend avec impatience mais confiance l'arrivée de la station de désalinisation de Gaza (photo : F.Dubessy)
Mazen Ghunaim attend avec impatience mais confiance l'arrivée de la station de désalinisation de Gaza (photo : F.Dubessy)
econostrum.info : Quelle est la situation économique de la Palestine aujourd'hui ?

Mazen Ghunaim : La situation en général reste très difficile au niveau politique et tout problème politique influe sur l'économie d'un pays. L'eau est le premier service, et les autres secteurs en dépendent. Nous rencontrons beaucoup de difficultés à ce niveau, et cela se répercute sur l'agriculture, le tourisme, l'industrie. J'espère que nous obtiendrons quelques progrès sur le plan politique. Si nous arrivons à trouver le soutien de tous nos partenaires, la situation pourra s'améliorer petit à petit.

Mais, l'économie dépend aussi du niveau de sécurité. L'armée israélienne entre tous les jours dans les villes, les villages, les quartiers palestiniens, menace notre stabilité et par là notre développement économique.

Où en sont les grands projets sur l'eau qui pourraient réduire ce stress hydrique ? Nous entendons, par exemple, beaucoup parler de la station de désalinisation de Gaza depuis plusieurs années mais ce dossier semble piétiner.

M.G. : Le 20 mars 2018, nous avons terminé la conférence des donateurs et collectés autour de 565 M$. Cela représente plus de 81% du coût total de la station de Gaza. En juin, une réunion à Barcelone, avec tous nos partenaires, a permis de prendre une série de décisions concernant le lancement de ce projet, pour le voir devenir réalité. Nous sommes également en train de signer les accords financiers avec les pays soutenant ce dossier. Nous allons prendre contact avec la Banque islamique de développement, le plus grand bailleur de fonds sur ce projet qui va apporter de l'eau potable à deux millions de Palestiniens.

Au niveau administratif, nous préparons la pré-qualification des contractants et la modification de l'appel d'offres déjà présenté. La Banque européenne d'investissement s'apprête à retravailler ce texte.

"La Palestine a toujours besoin d'un soutien politique"

Où se situaient les problèmes sur ce premier appel d'offres ?

M.G. : Cette modification va permettre de gagner du temps et surtout de raccourcir la période de préparation. Au départ, nous attendions les propositions de deux concurrents. Nous avons décidé d'aller tout de suite au choix d'un seul contractant pour réduire les étapes et attaquer immédiatement l'exécution du programme.   
Dans le même temps, nous venons de trouver le financement pour l'unité de projet qui va suivre ce dossier, du côté palestinien, et qui sera capable ensuite de s'occuper de sa gestion, une fois la station implantée.

Qu'attendez-vous de toutes les institutions financières internationales, mais aussi des pays de la région, pour vous aider dans toutes ces problématiques et notamment celle de la fourniture d'eau ?

M.G. : Beaucoup de projets de développement et d'infrastructures se trouvent en cours. De plus, le gouvernement s'attaque à un programme de réformes pour le secteur de l'eau en Palestine, sans doute l'unique dans cette région. L'avenir de tous les pays, sans exception, repose sur la sécurité de l'eau.

Les difficultés apparaissent sur le terrain avec l'occupation israélienne et le contrôle par Israël de nos ressources en eau. Nous avons besoin de plus d'eau pour satisfaire le minimum des besoins des Palestiniens. Nous devons faire appel à tous nos partenaires pour continuer à soutenir nos projets stratégiques. Par exemple, nous subissons beaucoup de pertes dans nos réseaux. Nous devons les réduire pour disposer de plus d'eau à distribuer à d'autres villages.

La Palestine a toujours besoin d'un soutien politique pour le respect des droits humains, la légalité internationale.

Israël fait partie de la solution ou du problème ?

M.G. : Bien entendu, c'est Israël qui empêche tout cela et qui ne respecte pas ces lois. Il faut donc les faire respecter par des pressions réelles sur le terrain.  




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