En 2012, le marché a généré plus de 315 000 emplois et plus de 48 mrds$ de retombées économiques.
Certes, il existe des croisières au nord de l'Europe. Mais, la Méditerranée tire le marché de la croisière dans le Vieux-Continent. Ce dernier enregistre un doublement du nombre de passagers en seulement dix ans rattrapant inexorablement le retard pris sur ce mode de voyage par rapport aux touristes outre-Atlantique.
Comme les années précédentes, quatre Européens sur cinq ont choisi en 2012 de faire une croisière en Europe et sur la plus populaire des destinations : la Méditerranée. La Méditerranée a enregistré 3,5 millions de passagers européens.
Selon une étude du Conseil européen de la croisière (European Cruise Council - ECC), les Européens sont largement séduits par la Méditerranée et les îles de l'Atlantique (60%). Les Caraïbes et l'Europe du Nord se partagent, à parts égales, les 40% restants. "Même si les résultats 2012 de l'Italie (baisse de 8%) et de l'Espagne (baisse de 18%) s'avèrent décevants, reflétant la détérioration de la situation économique dans ces deux pays, la tendance dans chaque marché sur cinq ans reste positive" note l'ECC.
Une marge énorme de progression
Si la saison se joue de juin à septembre, “l'arrière-saison” tend à s'élargir de plus en plus, à l'image du tourisme méditerranéen en général. Mieux, s'appuyant sur le marché des seniors, séduits par les prix beaucoup plus attractifs hors saison, la plupart des armateurs n'hésitent pas, non seulement à jouer les prolongations suivant l'exemple de Costa dès la fin des années 90, mais aussi à désormais assurer une présence à l'année. Un fait nouveau.
Ils attirent ainsi une clientèle principalement composée d'Européens du nord (principalement britanniques et allemands) mais aussi d'Amérique du nord. Leur moyenne d'âge tend d'ailleurs à baisser de plus de 55 ans en 1990 à 45 ans aujourd'hui.
Seconde destination mondiale du secteur, après les Caraïbes, la Méditerranée s'avère un marché en plein développement. Et, selon l'antenne européenne de la Cruise Lines International Association (CLIA) – créée en décembre 2012 sur les fondations du Conseil européen de la croisière - la tendance se poursuit avec vingt-quatre nouveaux navires qui devraient prendre la mer entre 2012 et 2016 pour une capacité supplémentaire de 67 000 passagers et un investissement de 12 mrds €.
Le marché européen reste d'ailleurs celui qui évolue le plus rapidement avec un ratio de 8% par an (moyenne annuelle sur cinq ans) contre 6% pour le marché américain.
Avec une croisière qui représente seulement 1% du marché global des vacances (contre 3% pour les États-Unis), l'Europe dispose de marges énormes de progression.
Intéressant pour l'activité en Méditerranée, car 65% de la progression du marché européen se situe justement en Méditerranée.
150 ports pour accueillir les croisières
Voici quinze ans, un seul concurrent tentait, sinon de lui ravir sa place, du moins de devenir son pendant à l'est, Gènes. Mais, depuis, quelques années, un autre outsider, idéalement positionné entre ces deux grands ports, fait plus que tirer son épingle du jeu : Marseille. La cité phocéenne s'impose comme le seul véritable concurrent de Barcelone et Gènes et joue de ses atouts (voir encadré) avec encore une progression à deux chiffres en 2012.
Plus qu'avec le nombre d'escales, la bataille se gagne avec les têtes de ligne. Et là, Marseille fait très fort avec un tiers de ses passagers accueillis en tête de ligne. Les autres ports qui comptent, Livourne, Naples, Savone, le Pirée, Civitavecchia, Venise... tentent de devenir aussi incontournables dans les itinéraires. Des routes qui souffrent d'un manque flagrant de diversité.
Les ports les plus à l'est (Venise, Dubrovnik, Le Pirée...) s'attachent à faire le lien entre les deux bassins, occidental et oriental, de la Méditerranée. Dans la configuration actuelle qui privilégie le format d'une semaine, même si des compagnies comme Costa Croisières ou MSC tentent de lancer des minicroisières, leur importance s'accroit.
Des séjours de neuf à onze nuits permettent ainsi de renouveler une clientèle lassée des circuits en boucle d'une semaine dont elle a vite fait le tour. Et d'aller plus loin (jusqu'aux rivages de la mer Noire ou des îles d'Atlantique) tout en conservant un port d'embarquement proche. Et donc sans se rendre (souvent en avion) dans un autre pays pour appareiller.
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Croisières en Méditerranée, un pari historique gagnant
Du 22 janvier au 22 mars 1891, 241 passagers naviguaient à bord de l'Augusta Victoria en Méditerranée. Ils passent pour les premiers croisiéristes. La compagnie propriétaire du bateau (Hambourg America Line - HAPAG) voulait rentabiliser son transatlantique en période creuse.
Mais il faudra attendre les années 60 pour que les croisières méditerranéennes se popularisent jusqu’à devenir un marché de masse au milieu des années 90 avec l'arrivée des premiers megas-paquebots. En vingt-cinq ans, le marché connaît des hauts et des bas jusqu'au boom actuel. “La croisière a progressé de 3 % entre 1985 et 1990 pour baisser fortement - 45 %, entre 1990 et 1995, avant de connaître une croissance élevée : 106 % entre 1995 et 2000, 55 % entre 2000 et 2005, 57 % entre 2005 et 2009 » indique une note publiée en novembre 2012 par Plan Bleu. L'observatoire de l'environnement et du développement en Méditerranée n'hésite pas à évoquer « une résilience plus forte de la croisière par rapport au tourisme balnéaire. » Car, dans le même temps, l'activité touristique méditerranéenne toutes activités confondues stagne autour d'une hausse moyenne de 10% depuis les années 2 000.
Mais, ce marché des croisières méditerranéennes, même en forte augmentation, continue à ne représenter qu'une infime partie du tourisme : 1,4% des arrivées internationales en 1985 et 1,8% en 2009.
2,83 millions en 2004, les croisiéristes européens se comptent désormais 6,2 millions et représentent le tiers des croisiéristes mondiaux. En 2011, le nombre de passagers embarquant d'un port européen (5,6 millions de passagers dont 4,8 millions d'Européens) a doublé.
Britanniques (1,7 million), Allemands (1,38 million) et Italiens (923 000) constituent le tiercé de tête des croisiéristes européens. Un ordre intangible depuis huit ans comme le pointe une étude menée en 2012 par IRN Research pour le compte de l'European Cruise Council (regroupant toutes les compagnies de croisières disposant d'une offre sur le marché de la croisière européenne - devenue CLIA Europe en décembre 2012). Suivent les Espagnols (703 000) puis les Français (441 000 soit exactement le double de 2004). Les Méditerranéens du nord (Italie, Espagne, France) représentent 34% des passagers du marché de la croisière en Europe.
Frédéric Dubessy
Ports grecs, italiens et espagnols terrains de jeu favoris des compagnies de croisière
Les escales de Méditerranée occidentale confirment leur succès à commencer par Barcelone, les Baléares, les îles Canaries. Disney Cruise Line mise sur l’Espagne en 2013. Le Disney Magic appareillera de Barcelone pour une croisière de quatre jours. Le Carnival Sunshine rejoint également la Méditerranée pour une croisière de douze jours depuis Venise.
Le charme des ports italiens attire toujours autant. Un passager sur trois en Méditerranée démarre une croisière en Italie. Civitavecchia, Venise, Naples, Livourne, Savone, Gênes… A eux seuls, ces six ports ont accueilli 8,2 millions de croisiéristes en 2012. Cette année encore, ils devraient faire carton plein avec une petite ombre au tableau. Suite au naufrage du Costa Concordia, un décret réglemente désormais les conditions d’accès nautique dans la baie de Portofino.
De nombreux paquebots convergeront vers les îles grecques cette année, proposant des croisières pour tous les prix et tous les goûts. MSC, Costa Croisières, Croisières de France seront de la partie.
« Il faut du renouveau et nous avons pris le parti de rallonger les itinéraires pour nos clients les plus aguerris. Nous avons entre 20 et 30% de repeaters », explique le Pdg, Antoine Lacarrière. CDF dans le sillage de Louis Cruises, va proposer en 2013 des croisières de onze à quatorze nuits vers les îles grecques au départ de Marseille avec l’Horizon.
Dans une autre catégorie, le Norwegian Jade de NCL larguera les amarres depuis la Cité des Doges pour une croisière de huit jours dans les Cyclades tout comme le Splendour of the Seas de RCI. La Compagnie du Ponant mise également sur les merveilles de la mer Egée pour l’Austral avec Istanbul en tête de ligne.
Malgré la fragilité de la situation politique les "touchées" sont confirmées en Tunisie et en Égypte. L’Horizon fera également escale à Tanger, Casablanca et Tunis à compter d’avril. « S’il y a le moindre doute sur la sécurité nous n’irons pas », tempère Antoine Lacarrière convaincu des potentialités de développement en Israël et en Libye.
Nathalie Bureau du Colombier
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