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Les compagnies aériennes européennes pourraient perdre près de 50% de leur revenu passagers à cause du coronavirus


Rédigé par La rédaction, le Mercredi 25 Mars 2020 - Lu 1330 fois

La pandémie de Covid-19 va engendrer un manque à gagner estimé à 252 mrds$ dans le secteur du transport aérien mondial selon IATA. Les seuls compagnies aériennes subiront une perte du revenu passagers de 76 mrds$. Air France et Alitalia sont menacées.


Annulations de vols, confinements dans la plupart des pays, le manque à gagner pour les compagnies aériennes va atteindre les 252 mrds$ (photo : F.Dubessy)
Annulations de vols, confinements dans la plupart des pays, le manque à gagner pour les compagnies aériennes va atteindre les 252 mrds$ (photo : F.Dubessy)
EUROPE. Face aux conséquences économiques de la pandémie du coronavirus, l'Association du transport aérien international (IATA) prévoit, mardi 24 mars 2020, un manque à gagner de 252 mrds$ (233 mrds€) en 2020. Soit une perte de 44% du revenu passagers par rapport à 2019. Cette analyse s'appuie sur l'hypothèse d'un maintien pendant trois mois des restrictions de voyage sévères et d'une reprise économique progressive plus tard dans l'année.

La précédente analyse de l'association basée à Genève, le 5 mars 2020, ne faisait état que d'une perte de revenus de 113 mrds$ (104,5 mrds€). "L'industrie du transport aérien traverse sa crise la plus profonde de tous les temps. En quelques semaines, notre pire scénario précédent semble meilleur que nos dernières estimations", souligne Alexandre de Juniac, directeur général de IATA.

Les compagnies aériennes européennes devraient connaître, elles, un manque à gagner de 76 mrds$ (70 mrds€) de leurs revenus passagers en 2020 par rapport à 2019. Seules les prévisions pour la région Asie-Pacifique (- 88 mrds$) sont pires, alors que la moins impactée sera l'Afrique (-4%).

90% des vols annulés par les compagnies aériennes européennes

Avec l'Italie (6820) et l'Espagne (3434) - pays qui dépassent le nombre de décès enregistrés en Chine (3281) causés par le Covid-19 -  ainsi que la France (1 100 morts), le continent européen est, aujourd'hui le plus touché. Par ricochet, les transporteurs aériens subissent de plein fouet les mesures de confinement et l'interdiction des vols internationaux instaurée notamment aux Etats-Unis, mais aussi dans les trois pays du Maghreb. Les compagnies du Vieux-continent ont ainsi annulées 90% de leurs vols au second trimestre 2020 contre 65% au niveau mondial.

La crise devrait se poursuivre au-delà de l'arrêt des mesures restrictives prises pour contrer la pandémie. IATA pense que les touristes vont devenir plus prudents dans leurs déplacements et donc moins voyager jusqu'à la fin de l'année 2020. Avec une prévision d'une diminution de 38% du ratio passagers-kilomètres payants (RPK) en année pleine par rapport à 2019. Et même - 46% en Europe, le plus fort taux de baisse devant l'Amérique latine (-41%) et le Moyen-Orient (-39%).
En plus, une récession économique mondiale se prépare et va frapper less compagnies aériennes qui emploient 2,7 millions de salariés et 65 millions en comptant les emplois induits dans toute la chaîne de valeur.

Le manque de confiance des passagers aériens va se poursuivre même après la fin des restrictions pour empêcher la propagation du coronavirus (photo : F.Dubessy)
Le manque de confiance des passagers aériens va se poursuivre même après la fin des restrictions pour empêcher la propagation du coronavirus (photo : F.Dubessy)

Les gouvernements français et italien au chevet d'Air France et Alitalia

Paris prépare des mesures de soutien pour Air France dont il possède 14,3% du capital. Elles pourraient prendre la forme d'une aide publique sous forme de prêts en capital plutôt que d'une nationalisation, pourtant évoquée. Mais, cette décision devra être concertée avec les Pays-Bas, également actionnaires de référence de la compagnie à 14%. "Nous sommes en réflexion sur les mesures qui doivent être apportées", soulignait Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie et des Finances, mardi 24 mars 2020.
Air France a considérablement réduit ses vols jusqu'à assurer aujourd'hui seulement 10% de son programme habituel. La compagnie a dû mettre ses 45 000 salariés en chômage partiel à compter du lundi 23 mars 2020. Ils ne travaillent plus qu'un jour sur cinq pour une durée maximale de six mois. Les salaires des plus hauts cadres ont été gelés cette année.

Rome va régler le cas d'Alitalia, en très grandes difficultés depuis plusieurs années, déjà sous tutelle de l'administration depuis mai 2017, qui n'arrive pas à trouver de repreneur, et promise à une faillite (elle perd 300 M€ par an), en la nationalisant. Ce qu'elle s'interdisait de faire avant l'épidémie, face aux foudres redoutées de la Commission européenne dans sa lutte constante contre les pratiques anticoncurrentielles. L'Italie se trouve d'ailleurs actuellement en enquête approfondie, lancée fin février 2020, à propos d'une aide d'Etat, sous forme d'un prêt de 400 M€ accordé fin 2019 à Alitalia. Face à la situation exceptionnelle, Bruxelles pourrait désormais s'avérer plus clémente.

Dans la nuit du 16 au 17 mars 2020, le gouvernement italien a décidé de recourir à "la constitution d'une nouvelle société entièrement contrôlée par la ministère de l'Economie ou contrôlée par une société à participation publique majoritaire, même indirecte", comme indiqué dans le décret publié par Sergio Mattarella, président de la République. "Ce n'est pas une situation facile, cette expérience m'a renforcée dans l'idée qu'une compagnie nationale est stratégique pour notre pays", commentait Paola De Micheli, ministre italienne des Transports, mardi 17 mars 2020. La presse locale parle d'une injection de 600 M€ supplémentaires.

Le fret aérien joue un rôle essentiel

Alexandre de Juniac demande aux gouvernements d'aider l'industrie du transport aérien (photo : F.Dubessy)
Alexandre de Juniac demande aux gouvernements d'aider l'industrie du transport aérien (photo : F.Dubessy)
D'après Alexandre de Juniac, "une crise de liquidités arrive à pleine vitesse" dans le transport aérien. "Sans aide, près de la moitié des compagnies pourraient disparaître dans les prochaines semaines", prédit le Français, ancien Pdg d'Air France jusqu'en juillet 2016. "sans mesures de secours immédiates des gouvernements, il ne restera plus d'industrie. Les compagnies aériennes ont besoin d'un soutien de liquidités de 200 mrds$ simplement pour s'en sortir. Certains gouvernements ont déjà fait un pas en avant, mais beaucoup d'autres doivent emboîter le pas", prévient-il.

Le directeur général de IATA met aussi l'accent sur le fret. "Les chaînes d'approvisionnement fonctionnent toujours. Le fret aérien est essentiel pour qu'il en soit ainsi". Il invite "les gouvernements à veiller à ce que le fret aérien puisse continuer à jouer ce rôle essentiel. Je souhaiterai pouvoir dire que tout s'est bien passé. Ce n'est pas le cas."
Alexandre de Jugnac demande donc aux autorités "d'exempter l'équipage des restrictions de quarantaine, d'accélérer la paperasserie pour monter des opérations spéciales et de faire tout son possible pour réduire ou éliminer les coûts et les frais."




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