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Les problèmes d'approvisionnement rencontrés actuellement font la part belle aux circuits courts et offrent des opportunités pour les pays méditerranéens. Photo FD
Anima Investment Network était largement présent au Forum des mondes méditerranéens les 7 et 8 février à Marseille. Le réseau y a organisé, en partenariat avec la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la métropole Aix-Marseille-Provence, la CCI Aix-Marseille-Provence et Africalink, une matinée de business networking et d’échanges, centrée sur la relance des échanges économiques en Méditerranée au lendemain de la pandémie. Pour le Président d'Anima, Tarak Chérif, les problèmes d'approvisionnement rencontrés actuellement, conjugués aux impératifs de lutte contre le réchauffement climatique, imposent « une nouvelle vision » qui fait la part belle « aux circuits courts. Le prix du transport entre la Chine et l'Europe a été multiplié par cinq. De nombreuses entreprises constatent les limites de leur stratégie de sous-traitance en Asie. Nous devons travailler pour qu'une partie de ces activités soient redéployées dans le bassin méditerranéen ». Un objectif « compliqué » pour Emmanuel Noutary, délégué général d'Anima, mais « possible ».
Le CMI (Centre pour l'intégration en Méditerranée) a recensé « 400 à 500 produits et services pouvant être fabriqués ou proposés à partir des pays du sud de la Méditerranée », dévoile sa directrice, Blanca Moreno Dobson. « Le potentiel existe, mais cela demande des investissements et l'amélioration de l'environnement économique, de la logistique, de la réglementation... ». Comparé aux pays du sud, le coût de la main d’œuvre ne plaide plus en faveur de la Chine. Et la technologie existe au nord. « Le développement d'une économie circulaire pourrait créer 24 millions d'emplois en Méditerranée », assure Rasha Tantawy, responsable d'Entrepreneurship d'Itida (Information Technology Industry Development Agency).
Le CMI (Centre pour l'intégration en Méditerranée) a recensé « 400 à 500 produits et services pouvant être fabriqués ou proposés à partir des pays du sud de la Méditerranée », dévoile sa directrice, Blanca Moreno Dobson. « Le potentiel existe, mais cela demande des investissements et l'amélioration de l'environnement économique, de la logistique, de la réglementation... ». Comparé aux pays du sud, le coût de la main d’œuvre ne plaide plus en faveur de la Chine. Et la technologie existe au nord. « Le développement d'une économie circulaire pourrait créer 24 millions d'emplois en Méditerranée », assure Rasha Tantawy, responsable d'Entrepreneurship d'Itida (Information Technology Industry Development Agency).
Stabilité et confiance

Experts et chefs d'entreprises se sont succédés pour livrer leurs expériences d'une relocalisation sur les rives de la Méditerranée. Photo Anima.
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Selon Sami Agli, directeur général du groupe Agli et Président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (Capc), l'Algérie est déjà engagée dans cette voie. « Nous avons mis en place des réformes importantes qui permettent le retour des investisseurs. Cela donne des résultats, par exemple dans l'acier avec l'arrivée de capitaux turcs. Dans les services, les mines, le tourisme, l'agro-industrie, la pharmacie, des délocalisations sont possibles ».
Des propos atténués par Jean-Christophe Ragni, directeur général du groupe Ragni. « Nous n'avons jamais été fan de subir trente jours de transport. Si en plus le coût explose... Mais relocaliser ne peut pas se faire d'un claquement de doigt. Nous avons investi en Algérie, puis l'État nous a éliminé avec une volte-face de la réglementation. Nous en sommes donc partis. Actuellement, nous regardons le Maroc, l'Afrique subsaharienne. Cela suppose d'énormes investissements, de la confiance. L'évolution est donc progressive. Ainsi nous projetons de nous fournir au Sénégal en poteaux d'éclairage pour un contrat signé en Afrique.
Blanca Moreno Dobson confirme. « Le prix, la diversification du risque, le coût environnemental comptent beaucoup, mais d'autres facteurs entrent en jeu. Il faut plus de stabilité politique et fiscale, réduire les coûts de commerce non tarifaires, renégocier les accords de libre échange avec l'Europe, y intégrer l'agriculture. L'UE a relevé ses ambitions en direction de la Méditerranée, avec une politique du voisinage dotée de moyens financiers importants ».
Des propos atténués par Jean-Christophe Ragni, directeur général du groupe Ragni. « Nous n'avons jamais été fan de subir trente jours de transport. Si en plus le coût explose... Mais relocaliser ne peut pas se faire d'un claquement de doigt. Nous avons investi en Algérie, puis l'État nous a éliminé avec une volte-face de la réglementation. Nous en sommes donc partis. Actuellement, nous regardons le Maroc, l'Afrique subsaharienne. Cela suppose d'énormes investissements, de la confiance. L'évolution est donc progressive. Ainsi nous projetons de nous fournir au Sénégal en poteaux d'éclairage pour un contrat signé en Afrique.
Blanca Moreno Dobson confirme. « Le prix, la diversification du risque, le coût environnemental comptent beaucoup, mais d'autres facteurs entrent en jeu. Il faut plus de stabilité politique et fiscale, réduire les coûts de commerce non tarifaires, renégocier les accords de libre échange avec l'Europe, y intégrer l'agriculture. L'UE a relevé ses ambitions en direction de la Méditerranée, avec une politique du voisinage dotée de moyens financiers importants ».
Quand le sud investit au nord
Pour le directeur général d'Altea packaging, Slim Zeghal, « Le sud souffre de son manque de stabilité et d'intégration ». Pour des raisons politiques, le Maghreb et le Machrek ne constituent pas un marché. Ce manque d'homogénéité, cette fragmentation, pénalise les pays concernés. Slim Zeghal relève également « un manque de confiance dans le sérieux des interlocuteurs. Il faut régler ce problème de communication, de marketing ».
Jihen Boutiba, directrice générale de Business France, regrette « de gros blocages dans les pays du sud. D'où la nécessité de réformes structurelles qui suppriment les nombreux obstacles qui se dresse sur le parcours des créateurs d'entreprises. Les réformes existent, mais elles restent peu appliquées sur le terrain ».
Les investissements d'une rive à l'autre de la Méditerranée peuvent s’effectuer dans les deux sens. Michel Banza, directeur Afrique du Nord de Business France, note « une tendance nouvelle, mais lourde, qui voit des chefs d'entreprises de la rive sud s'implanter également en Europe ». « La création d'une filiale à Marseille répondait pour nous à une évidence, une nécessité pour faire de l'hypercroissance et attaquer le marché marocain », affirme Walid Mzoughi, fondateur de start-up Winshot. « Il s'agissait d'une question de survie, notamment en raison de la réglementation trop compliquée qui nous pénalise en Tunisie ».
Nord-sud, sud-nord, est-ouest, ouest-est, l'heure est-elle à la régionalisation ? 99% de la flotte mondiale de transport de marchandises est aujourd'hui utilisée. Ce record a fait exploser les taux de chargement. « Ils ne devraient pas baisser avant 2023 », estime le directeur général de CMA-CGM agences France, Sami Fouadh. « La Chine reste l'usine du monde. Nos clients s'interrogent, regardent vers la Turquie, l'Égypte. Mais les changements de stratégie restent pour l'instant marginaux ».
Des relocalisations sont pourtant en cours. Electrosteel va construire une usine décarbonée de production de canalisations en fonte à Arles. Un investissement de 60 M€. « Actuellement, nous fabriquons en Inde », explique son responsable commercial export, Philippe Neri. « L'impact du transport est passé en quelques mois de 5% à 35% du coût du produit. Cela remet en question notre compétitivité ».
La Méditerranée bénéficie d'une fenêtre de tir qui ne durera pas. À elle de la saisir.
Jihen Boutiba, directrice générale de Business France, regrette « de gros blocages dans les pays du sud. D'où la nécessité de réformes structurelles qui suppriment les nombreux obstacles qui se dresse sur le parcours des créateurs d'entreprises. Les réformes existent, mais elles restent peu appliquées sur le terrain ».
Les investissements d'une rive à l'autre de la Méditerranée peuvent s’effectuer dans les deux sens. Michel Banza, directeur Afrique du Nord de Business France, note « une tendance nouvelle, mais lourde, qui voit des chefs d'entreprises de la rive sud s'implanter également en Europe ». « La création d'une filiale à Marseille répondait pour nous à une évidence, une nécessité pour faire de l'hypercroissance et attaquer le marché marocain », affirme Walid Mzoughi, fondateur de start-up Winshot. « Il s'agissait d'une question de survie, notamment en raison de la réglementation trop compliquée qui nous pénalise en Tunisie ».
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La Méditerranée bénéficie d'une fenêtre de tir qui ne durera pas. À elle de la saisir.
