
Pour Erwan Lannon, la Méditerranée est devenue un terrain de chantage entre les Etats (photo : F.Dubessy)
MEDITERRANEE. "Nous voyons la Méditerranée comme une source de problèmes alors que les acteurs extérieurs la voit comme une opportunité." Ouvrant la seconde table ronde des 9e Rencontres de Cybèle à Marseille (samedi 29 septembre 2018), Erwan Lannon, professeur à l'Université de Gand et au Collège de l'Europe, entend "remettre la Méditerranée au centre des débats." Il regrette qu'elle soit "toujours fragmentée politiquement et devenue un terrain de chantage entre les Etats. Regardez l'Aquarius !".
En indiquant que "l'Europe n'a plus le monopole en Méditerranée, ni en Afrique", Fatallah Oualalou se veut plus radical pour répondre au thème de cette conférence organisée par l'association Euromed-IHEDN du contre-amiral Jean-François Coustillière, "Quelles ambitions pour un partenariat avec l'Union européenne en Méditerranée ?" Il pointe les inégalités persistantes entre les deux continents. "Depuis 1969 et le premier accord entre la CEE et le Maroc, le rapport du revenu par tête et par habitant n'a pas changé. Entre les deux rives, il est toujours de un à dix", lance-t-il, Et il remet les choses en place en accusant : "Le printemps arabe qui a commencé en Tunisie est lié au déclin du partenariat euroméditerranéen. Et si, depuis 2000, l'Afrique a commencé à bouger avec une croissance passée de stable à +5% en moyenne, ce n'est que grâce à l'arrivée chinoise."
En indiquant que "l'Europe n'a plus le monopole en Méditerranée, ni en Afrique", Fatallah Oualalou se veut plus radical pour répondre au thème de cette conférence organisée par l'association Euromed-IHEDN du contre-amiral Jean-François Coustillière, "Quelles ambitions pour un partenariat avec l'Union européenne en Méditerranée ?" Il pointe les inégalités persistantes entre les deux continents. "Depuis 1969 et le premier accord entre la CEE et le Maroc, le rapport du revenu par tête et par habitant n'a pas changé. Entre les deux rives, il est toujours de un à dix", lance-t-il, Et il remet les choses en place en accusant : "Le printemps arabe qui a commencé en Tunisie est lié au déclin du partenariat euroméditerranéen. Et si, depuis 2000, l'Afrique a commencé à bouger avec une croissance passée de stable à +5% en moyenne, ce n'est que grâce à l'arrivée chinoise."
"La diplomatie émotionnelle et économique s'entrechoquent"
L'ancien ministre marocain de l'Economie (1998-2007) Fatallah Oualalou en appelle à "une rénovation des rapports entre le Nord et le Sud pour retrouver la centralité de la Méditerranée." Tout en reconnaissant que "le Sud doit également faire des efforts", et de citer la nécessaire paix au Moyen-Orient et le coût du non-Maghreb. "Redonner la vie au partenariat euroméditerranéen passe par le renouvellement de sa nature même. Le libre-échange et en contrepartie l'aide, ce n'est pas suffisant. Il faut du co-développement et de la co-production."
"Celui qui peut imaginer que la Syrie et la Libye redeviendront comme avant, se trompe. C'est fini !", prévient Jean-François Daguzan. Le directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) appelle à "repenser dans d'autres perspectives les réalités libyennes et syriennes. Avec les migrations, l'Europe reste confrontée à la définition de la frontière. Elle est pourtant indispensable pour avoir une politique cohérente de la périphérie !", affirme Jean-François Daguzan. Pour Roland Lombardi, "la Méditerranée est notre frontière la plus importante. Il faudrait prendre conscience qu'il y a beaucoup à faire."
Ce consultant indépendant en géopolitique et chercheur associé à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) de l'Université Aix-Marseille rappelle que "si les dictateurs sont tombés, c'est moins par volonté de démocratie que pour mettre fin au despotisme, demander une justice plus juste et un pouvoir plus redistributeur." Et d'énoncer, "la diplomatie émotionnelle et économique s'entrechoquent. On reproche à la France de critiquer fortement le régime de Bachar Al-Assad, qui reste très populaire parmi la population du Maghreb, mais de ne pas parler de l'Arabie saoudite en guerre au Yémen ou du Qatar", indique-t-il.
"Celui qui peut imaginer que la Syrie et la Libye redeviendront comme avant, se trompe. C'est fini !", prévient Jean-François Daguzan. Le directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) appelle à "repenser dans d'autres perspectives les réalités libyennes et syriennes. Avec les migrations, l'Europe reste confrontée à la définition de la frontière. Elle est pourtant indispensable pour avoir une politique cohérente de la périphérie !", affirme Jean-François Daguzan. Pour Roland Lombardi, "la Méditerranée est notre frontière la plus importante. Il faudrait prendre conscience qu'il y a beaucoup à faire."
Ce consultant indépendant en géopolitique et chercheur associé à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) de l'Université Aix-Marseille rappelle que "si les dictateurs sont tombés, c'est moins par volonté de démocratie que pour mettre fin au despotisme, demander une justice plus juste et un pouvoir plus redistributeur." Et d'énoncer, "la diplomatie émotionnelle et économique s'entrechoquent. On reproche à la France de critiquer fortement le régime de Bachar Al-Assad, qui reste très populaire parmi la population du Maghreb, mais de ne pas parler de l'Arabie saoudite en guerre au Yémen ou du Qatar", indique-t-il.
"La Méditerranée n'est pas un object économique"

Roland Lombardi réclame "moins de discours moralisateurs" (photo : F.Dubessy)
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"L'Europe est divisée et donc n'a pas de politique commune. Du coup, les pays du Sud s'adressent moins à l'Europe et discutent plutôt avec les Etats européens en tête à tête. Un changement radical de paradigme devient essentiel", insiste Roland Lombardi. Il en appelle à "moins de discours moralisateurs, considérés comme de l'ingérence, et qui mènent à des conflits comme en Irak ou en Libye."
"La Méditerranée n'est pas un objet économique. Toutes les grandes entreprises américaines n'ont pas de siège en Méditerranée. Depuis la crise économique, il n'existe plus de volonté économique ni d'une part, ni de l'autre. La conception du partenariat européen a changé depuis 2011", résume Henry Marty-Gauquié, directeur honoraire de la Banque européenne d'investissement (BEI) et membre du Conseil scientifique d'Euromed-IHEDN.
Lire : La politique méditerranéenne de l'Europe au banc des accusés des Rencontres de Cybèle
"La Méditerranée n'est pas un objet économique. Toutes les grandes entreprises américaines n'ont pas de siège en Méditerranée. Depuis la crise économique, il n'existe plus de volonté économique ni d'une part, ni de l'autre. La conception du partenariat européen a changé depuis 2011", résume Henry Marty-Gauquié, directeur honoraire de la Banque européenne d'investissement (BEI) et membre du Conseil scientifique d'Euromed-IHEDN.
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Pour Jean-François Daguzan, "L'Europe reste confronté à la définition des frontières (photo : F.Dubessy)