
EGYPTE. Ahmed Hachem Al Sayyed a succombé à ses blessures mardi 18 janvier 2011 dans un hôpital d’Alexandrie. Ce chômeur de vingt-cinq ans était le troisième Égyptien à avoir tenté de mettre fin à ses jours en s’immolant par le feu : la révolte tunisienne semble avoir donné des idées aux Égyptiens.
Les autorités ont présenté deux des trois hommes comme des déficients mentaux, probablement pour éviter que leur geste ne soit perçu comme une forme de protestation face aux conditions de vie très difficiles d’une partie de la population.
Plus de 40% des Égyptiens vivent toujours sous le seuil de pauvreté, malgré une croissance économique qui varie entre 5 et 7% depuis 2006. Le chômage – officiellement de 9,4% – et la précarité touchent une bonne partie de la jeunesse, tandis que l’inflation (autour de 10% par an) est durement ressentie : la flambée des prix des produits alimentaires provoque régulièrement des tensions.
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Transition à la tête de l'Etat
Si la presse est relativement libre et que les manifestations, certes très contrôlées, sont possibles, les Égyptiens n’ont aucune prise sur les élections. Lors des législatives de novembre dernier, 83% des sièges de députés ont été remportés par le parti au pouvoir.
Le pays est également dans une période de transition : le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis presque trente ans, est âgé de 82 ans et un scrutin présidentiel doit avoir lieu en septembre 2011.
Pourtant les Égyptiens ne semblent pas prêts à renverser le régime en place. Seules quelques dizaines de personnes ont manifesté vendredi 14 janvier 2011 leur soutien aux Tunisiens, et les manifestations contre le régime ne rassemblent jamais plus d’une centaine de personnes.
Il n’existe pas de mouvement d’opposition capable d’organiser des protestations massives contre le régime égyptien. Les Frères musulmans, seule force d’opposition puissante, n’a pas intérêt à pousser à un soulèvement.
Pas de classe moyenne éduquée
D’autre part, il n’y a pas encore de réelle classe moyenne éduquée en Egypte, comme celle qui a été le fer de lance des protestations en Tunisie, un pays beaucoup plus développé. « Une mobilisation de cette ampleur en Egypte ne pourrait que s’appuyer sur la population urbaine pauvre », note Amr Abdel Rahman.
Le ministre des Affaires étrangères égyptien, Ahmed Aboul Gheit, a qualifié, voici quelques jours, d'"absurdes" les déclarations sur les risques de contagion de la crise tunisienne. Mais le gouvernement reste prudent : les autorités ont pris soin d’annoncer que les primes dont bénéficient les fonctionnaires allaient bientôt être revues à la hausse.
Le président Moubarak a également rappelé qu’il était opposé à toute baisse des subventions alimentaires, garantes de la stabilité du plus peuplé des pays arabes.
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