Et pourtant ! Comme le révèle l'association META (Mediterranean Travel Association - soutenue par Earthcheck, RevDev Consultants, Mondeca, Afnor groupe, Digimind, Emakina et 1ère Position) dans sa dernière analyse, livrée en avant-première à econostrum.info, « la conjoncture actuelle sur toutes les rives de la Méditerranée s'avère bien meilleure que ce que les observateurs avisés ne le pensaient en début d'année. »
Mieux, META affirme que les pays méditerranéens devraient afficher une croissance de leur tourisme de 2 à 4% en 2012.
Isabel Borrego, secrétaire d’État espagnole au tourisme annonce déjà « une année record avec 58 millions de touristes étrangers et 3,6% de fréquentation en plus entre janvier et août 2012 par rapport à la même période en 2011 » pourtant dopée par un afflux exceptionnel de touristes en raison des printemps arabes.
La crise économique s’avérerait donc plutôt un facteur favorable pour le tourisme.

Manque de renouveau du tourisme méditerranéen

Étienne Pauchant, président de META. Photo DR
“Il faut observer que l’essentiel des progressions en pourcentages entre 2000 et 2011 est à mettre au compte des marchés de la rive sud et est et aux marchés des Balkans (non U.E). Le potentiel de la zone réside donc bien dans ces marchés, et non pas dans les pays européens, plus matures, qui n’enregistrent que de faibles taux de progressions cumulées pendant la période concernée (mais de fortes progressions en termes d’arrivées). Il est possible qu’à l’horizon 2020 la Méditerranée puisse tenir tête aux fortes progressions relevées essentiellement en Asie-Pacifique, par un essor important à partir des Balkans, comme depuis les rives Sud et Est. ”
« En théorie, l’année 2012 devrait voir le nombre d’arrivées mondiales dépasser le milliard et celles de la Méditerranée s’envoler définitivement au-delà de la barre des 300 millions » poursuit-il.
META démontre ainsi qu'en douze ans, les arrivées internationales progressent de 158% sur la rive est, de 149% dans les Balkans (hors UE), de 68% sur la rive sud et de seulement 9% sur la rive nord.


Figure 1: La zone META (30 pays méditerranéens en incluant le Portugal et la Mauritanie) a pris la tête en 2011 des parts de marchés mondiales avec 30,42% des arrivées de touristes internationaux. (source META)
Figure 2: Les arrivées de touristes internationaux en Méditerranée ne cessent de grimper depuis dix ans pour dépasser aujourd'hui la barre symbolique des 300 millions. (source META)
Pour l'association, « la perte de marché, continuelle, constituée depuis 2000, est due au manque de renouveau méditerranéen. Le tourisme moderne a trouvé sa source en Méditerranée, après l'apparition des congés payés d'après-guerre... Ces innovations espagnoles et françaises se sont poursuivies dans les années 60 en Tunisie puis bien plus tard en Égypte (Sharm El Sheikh) et en Turquie. A ce jour, la Méditerranée a perdu l'initiative de ses débuts au profit de l'Océan indien et de l'Asie pacifique en fort développement. »
L' Organisation mondiale du tourisme (OMT) relève que les dépenses directes réalisées par les touristes internationaux dans les pays de destination en 2011 s'élèvent à 697,73€ par arrivée internationale pour la zone Europe sud/med (747,98 pour l'Asie Pacifique!). Par extrapolation, META calcule que ceci équivaut à 638,54€ pour l'est de la Méditerranée, 634,55€ pour le nord, 596,49€ pour les Balkans et 501,45€ pour le sud.
« Une baisse globale de 1,7% alors que seule la rive nord enregistre une légère progression de 1,8% » note Étienne Pauchant. Selon son association, qui fait référence en la matière sur cette région, « la contribution « directe » du tourisme au PIB est estimée à 275 mrds € en Méditerranée en 2011 et globale (avec les investissements réalisés par les professionnels) de 713,8 mrds € soit un peu plus de 11% du PIB total. »


English version : "Mediterranean tourism evades the crisis "
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Dossier réalisé par Econostrum.info en partenariat avec la BEI .