MÉDITERRANÉE. Bis repetita ! Les maigres effets de la campagne de soutien au tourisme tunisien lancée en mars 2015 dans plusieurs pays d'Europe pour faire oublier l'attentat du Bardo (21 touristes et un policier local assassinés) se trouvent anéantis par le récent attentat de Port el-Kantaoui près de Sousse (38 touristes décédés au Riu Imperial Marhaba). L'aide de personnalités françaises qui brandissaient des panneaux "#Tunisiemoijyvais", ou espagnoles avec des pancartes "#YosiquevoyaTunez" n'aura pas servi à relancer cette activité pourtant essentielle. Entre janvier et mai 2015, les agences de voyage françaises notaient une baisse cumulée de 40% des réservations en nombre de passagers et de 42% en volume d'affaires.
L'attentat du Bardo avait déjà refroidi les ardeurs touristiques des Européens. Donc bien avant le dernier drame, la campagne n'avait donc pas produit ses fruits, et en tout cas pas permis de renverser une tendance à la forte baisse.
Le mal est profond. Et ne date pas de 2015. Sans remonter à l'attentat de la Ghriba en 2002 (un camion-citerne de gaz naturel bourré d'explosifs lancé par des kamikazes sur la synagogue de Djerba causant 19 morts), la carte postale touristique tunisienne avait déjà été écornée par les événements du printemps arabe et les soubresauts de cette révolution de jasmin les années suivantes. Avec, notamment, un kamikaze qui s'était déjà fait exploser sur une plage de Sousse en 2014. Et deux ans avant, l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis (14 septembre 2012) par des radicaux islamistes qui mettaient le feu au bâtiment (4 morts). Sans parler des assassinats politiques.
Vendredi 26 juin 2015, la mort est venue par la plage via une Kalachnikov cachée dans un parasol. Plus que symbolique, la vision d'un homme armé tirant sur des touristes en maillots de bain a frappé les consciences européennes. Il ne s'agit plus, comme en mars 2015, d'une attaque dans un lieu précis, un musée au centre-ville de Tunis, mais d'une plage de sable que les touristes peuvent identifier à toutes les autres. L'impact s'ancre plus fort et plus durablement dans l'imaginaire des Européens du Nord.
L'attentat du Bardo avait déjà refroidi les ardeurs touristiques des Européens. Donc bien avant le dernier drame, la campagne n'avait donc pas produit ses fruits, et en tout cas pas permis de renverser une tendance à la forte baisse.
Le mal est profond. Et ne date pas de 2015. Sans remonter à l'attentat de la Ghriba en 2002 (un camion-citerne de gaz naturel bourré d'explosifs lancé par des kamikazes sur la synagogue de Djerba causant 19 morts), la carte postale touristique tunisienne avait déjà été écornée par les événements du printemps arabe et les soubresauts de cette révolution de jasmin les années suivantes. Avec, notamment, un kamikaze qui s'était déjà fait exploser sur une plage de Sousse en 2014. Et deux ans avant, l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis (14 septembre 2012) par des radicaux islamistes qui mettaient le feu au bâtiment (4 morts). Sans parler des assassinats politiques.
Vendredi 26 juin 2015, la mort est venue par la plage via une Kalachnikov cachée dans un parasol. Plus que symbolique, la vision d'un homme armé tirant sur des touristes en maillots de bain a frappé les consciences européennes. Il ne s'agit plus, comme en mars 2015, d'une attaque dans un lieu précis, un musée au centre-ville de Tunis, mais d'une plage de sable que les touristes peuvent identifier à toutes les autres. L'impact s'ancre plus fort et plus durablement dans l'imaginaire des Européens du Nord.
Mesures d'aides aux professionnels du tourisme tunisien
Comme par un effet de boomerang, le premier pays exportateur de terroristes islamistes doit désormais affronter ce fléau sur son propre sol. Jeudi 2 juillet 2015, le gouvernement tunisien lançait donc un plan exceptionnel comprenant l'armement de la police touristique et la mobilisation de 1 377 agents sécuritaires armés supplémentaires (issus de l'armée de réserve) dans les zones touristiques et principalement les hôtels et les plages. Quelques jours auparavant, lundi 29 juin, le ministère tunisien du tourisme annonçait des "mesures d'urgence" pour soutenir les professionnels du secteur touristique via le report du remboursement des prêts pour les années 2015 et 2016, l'octroi de nouveaux crédits exceptionnels remboursables sur sept ans dont deux ans de grâce avec garantie de remboursement prise en charge par l'Etat, la réduction du taux de TVA de 12 à 8%... Même la nouvelle taxe de sortie du territoire de 30 dinars (13,8 €) imposée aux étrangers non-résidents se trouve annulée.
Pas évident que ces réactions permettent de sauver une saison déjà bien compromise. Même si, vendredi 3 juillet 2015, le ministère tunisien de la Société civile annonçait l'arrestation de huit personnes impliquées "en relation directe" dans l'attentat de l'hôtel.
D'autres menaces pointent. La campagne de soutien au tourisme tunisien a déjà été détournée par des djihadistes avec la reprise du slogan : "WillComeToTunisiaThisSummer" (je viendrai en Tunisie cet été). Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi décrétait d'ailleurs, samedi 6 juillet 2015, l'état d'urgence en le justifiant par "la situation exceptionnelle que traverse le pays après le dernier attentat terroriste et la persistance de menaces qui font que le pays est en guerre d'un genre spécial."
Pas évident que ces réactions permettent de sauver une saison déjà bien compromise. Même si, vendredi 3 juillet 2015, le ministère tunisien de la Société civile annonçait l'arrestation de huit personnes impliquées "en relation directe" dans l'attentat de l'hôtel.
D'autres menaces pointent. La campagne de soutien au tourisme tunisien a déjà été détournée par des djihadistes avec la reprise du slogan : "WillComeToTunisiaThisSummer" (je viendrai en Tunisie cet été). Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi décrétait d'ailleurs, samedi 6 juillet 2015, l'état d'urgence en le justifiant par "la situation exceptionnelle que traverse le pays après le dernier attentat terroriste et la persistance de menaces qui font que le pays est en guerre d'un genre spécial."
Annulations en cascade en France et en Espagne
Voir aussi
-
Israël se prononce pour la solution à deux États pour régler son conflit avec la Palestine
-
Voltalia investit dans cinq nouvelles centrales solaires au Portugal
-
La Commission européenne donne son feu vert aux aides d’État dans le domaine de l'hydrogène
-
HOMERe France et l'IECD s'allient pour faciliter l'employabilité des jeunes Libanais
-
Le Liban va pouvoir extraire son propre gaz naturel
Quelques heures après l'attentat mené par Seifeddine Rezgui, le tueur de Sousse sous l'emprise de la drogue, le Syndicat national des agents de voyage (SNAV) indiquait enregistrer 80% d'annulations et de demandes pour une autre destination sur les 10 000 dossiers de réservations de voyages avec hôtels en Tunisie en juillet. Le syndicat Seto (tour-opérateurs) évoquait lui 25 à 50 % de demande de changement de destination pour les réservations prises pour juillet sur un total de 50 000 dossiers. Les tour-opérateurs membres du Seto précisent qu'ils acceptent les reports sans frais des départs vers la Tunisie. Des reports restant valables pour les douze prochains mois, que ce soit pour un départ vers la Tunisie ou un autre pays.
De même, le dernier attentat en date exclut pratiquement la Tunisie du catalogue des professionnels du tourisme en Espagne. Alors même que la destination avait déjà perdu une grande part de son attrait au cours des dernières années. 20 000 Espagnols choisissaient la Tunisie en 2014, contre plus de 50 000 voyageurs par an avant le printemps arabe. « Le taux d'annulation des séjours en Tunisie atteint aujourd'hui presque 100 % », confirme Rafael Gallego Nadal, président de la Confédération Espagnole des Agents de Voyages et Tour-opérateurs (CEAVYT). « Après l'attaque du musée du Bardo en mars dernier, je voulais encore croire à un maintien de l’activité dans un pays où l'essentiel du tourisme se concentre dans le balnéaire. Mais, cette nouvelle tragédie porte un coup fatal ; et à court ou moyen terme, il n'y a pas d'espoir que la situation s'améliore » confie-t-il.
De même, le dernier attentat en date exclut pratiquement la Tunisie du catalogue des professionnels du tourisme en Espagne. Alors même que la destination avait déjà perdu une grande part de son attrait au cours des dernières années. 20 000 Espagnols choisissaient la Tunisie en 2014, contre plus de 50 000 voyageurs par an avant le printemps arabe. « Le taux d'annulation des séjours en Tunisie atteint aujourd'hui presque 100 % », confirme Rafael Gallego Nadal, président de la Confédération Espagnole des Agents de Voyages et Tour-opérateurs (CEAVYT). « Après l'attaque du musée du Bardo en mars dernier, je voulais encore croire à un maintien de l’activité dans un pays où l'essentiel du tourisme se concentre dans le balnéaire. Mais, cette nouvelle tragédie porte un coup fatal ; et à court ou moyen terme, il n'y a pas d'espoir que la situation s'améliore » confie-t-il.
460 M€ de manque à gagner en 2015
L'attentat de Sousse, perpétré dans un hôtel de la chaîne espagnole Riu, laissera donc durablement des stigmates en Espagne, où la quasi-totalité des clients qui ont annulé se sont reportés vers d'autres destinations, notamment au Maroc (Agadir), en Espagne (Canaries et Baléares) ou vers les îles Caraïbes pour ceux qui avaient choisi la Tunisie à la faveur de son potentiel de « soleil et plage ». « Nous constatons que la Turquie apparaît également comme une destination alternative, avec en plus l'atout culturel », ajoute Rafael Gallego Nadal. En France, selon le SNAV, les choix de substitution vont vers l'Espagne, la Grèce, la Croatie et la Bulgarie.
A la recherche de ses touristes perdus, le gouvernement tunisien ne trouve plus de solution pour les rassurer.
Le pays, en pleine transition démocratique, souffre et n'arrive pas à retrouver, depuis le printemps arabe, les flux étrangers, et notamment européen, qui déferlaient jadis chaque printemps et étés sur ses côtes. Selon les chiffres publiés par le ministère tunisien du tourisme, 1,78 million de touristes se présentaient aux frontières tunisiennes de janvier à avril 2010. Ils ne se comptaient plus que 1,71 million sur la même période en 2014 et le chiffre tombe à 1,42 million en 2015.
"Des évaluations sont faites. Nous ne pouvons pas donner de chiffre exact mais il faut compter au moins, (pour) l’impact sur le PIB, (qu') il existe un manque à gagner d’au moins un milliard de dinars pour l’année" soulignait Selma Elloumi Rekik, ministre tunisienne du tourisme au lendemain de l'attentat contre l'hôtel.
Un milliard de dinars soit quelque 460 M€ de pertes attendues en 2015. Un milliard de dinars, à rapprocher aussi des 23 milliards de dinars du budget de l'Etat tunisien pour 2015, pour mieux appréhender la portée de ces recettes évanouies. "Si le secteur s'écroule...l'économie s'écroule" prévient la ministre. Selon les dernières études sectorielles publiées par le World Travel and Tourism Council (WTTC), le tourisme génère 7,4% du PIB tunisien et 473 000 emplois (13,9% de l'emploi national) dont 239 000 directs. Ce secteur constitue la seconde source nationale d'entrées de devises.
Jeudi 2 juillet 2015, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) suggérait "la réalisation d'une étude sérieuse sur l'état du secteur touristique", "la réalisation d'une évaluation objective, de la rentabilité du secteur, de la gestion des coûts, des avantages accordés et des concessions que supportent la collectivité pour la promotion du tourisme tunisien". Le FTDES demande également "la mise en place de relations de coopérations et de solidarité importantes entre les différents intervenants locaux, en réduisant les relations de pression et de dominance étrangères que subit le secteur touristique".
A la recherche de ses touristes perdus, le gouvernement tunisien ne trouve plus de solution pour les rassurer.
Le pays, en pleine transition démocratique, souffre et n'arrive pas à retrouver, depuis le printemps arabe, les flux étrangers, et notamment européen, qui déferlaient jadis chaque printemps et étés sur ses côtes. Selon les chiffres publiés par le ministère tunisien du tourisme, 1,78 million de touristes se présentaient aux frontières tunisiennes de janvier à avril 2010. Ils ne se comptaient plus que 1,71 million sur la même période en 2014 et le chiffre tombe à 1,42 million en 2015.
"Des évaluations sont faites. Nous ne pouvons pas donner de chiffre exact mais il faut compter au moins, (pour) l’impact sur le PIB, (qu') il existe un manque à gagner d’au moins un milliard de dinars pour l’année" soulignait Selma Elloumi Rekik, ministre tunisienne du tourisme au lendemain de l'attentat contre l'hôtel.
Un milliard de dinars soit quelque 460 M€ de pertes attendues en 2015. Un milliard de dinars, à rapprocher aussi des 23 milliards de dinars du budget de l'Etat tunisien pour 2015, pour mieux appréhender la portée de ces recettes évanouies. "Si le secteur s'écroule...l'économie s'écroule" prévient la ministre. Selon les dernières études sectorielles publiées par le World Travel and Tourism Council (WTTC), le tourisme génère 7,4% du PIB tunisien et 473 000 emplois (13,9% de l'emploi national) dont 239 000 directs. Ce secteur constitue la seconde source nationale d'entrées de devises.
Jeudi 2 juillet 2015, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) suggérait "la réalisation d'une étude sérieuse sur l'état du secteur touristique", "la réalisation d'une évaluation objective, de la rentabilité du secteur, de la gestion des coûts, des avantages accordés et des concessions que supportent la collectivité pour la promotion du tourisme tunisien". Le FTDES demande également "la mise en place de relations de coopérations et de solidarité importantes entre les différents intervenants locaux, en réduisant les relations de pression et de dominance étrangères que subit le secteur touristique".