ALGÉRIE. Le passage du prix du pétrole sous la barre des 30 $ le baril, le 12 janvier 2016 à New York, a brusquement ranimé le spectre de la crise économique du milieu des années 1980 en Algérie.
A l’époque, les ressources du pays s’étaient taries de 40% en une année, la dette avait amorcé une dangereuse phase ascendante et la situation sociale s’était considérablement dégradée (perte de pouvoir d’achat, montée du chômage…).
La suite est connue avec l’explosion sociale d’octobre 1988, la guerre civile des années 1990, le rééchelonnement de la dette extérieure en contrepartie d’un plan d’ajustement structurel (PAS) avec son cortège de fermetures d’entreprises, de licenciements massifs et de restriction de la souveraineté économique nationale.
L’arrivée à la présidence de la République d’Abdelaziz Bouteflika coïncida avec une remontée substantielle des revenus tirés des hydrocarbures et la fin de la guerre civile. L’essentiel de la dette extérieure fut remboursé et l’Etat lança une politique de grands travaux et de construction d’infrastructures.
Une partie importante des Algériens pensaient être tirés d’affaire. Ils doivent déchanter aujourd’hui.
A l’époque, les ressources du pays s’étaient taries de 40% en une année, la dette avait amorcé une dangereuse phase ascendante et la situation sociale s’était considérablement dégradée (perte de pouvoir d’achat, montée du chômage…).
La suite est connue avec l’explosion sociale d’octobre 1988, la guerre civile des années 1990, le rééchelonnement de la dette extérieure en contrepartie d’un plan d’ajustement structurel (PAS) avec son cortège de fermetures d’entreprises, de licenciements massifs et de restriction de la souveraineté économique nationale.
L’arrivée à la présidence de la République d’Abdelaziz Bouteflika coïncida avec une remontée substantielle des revenus tirés des hydrocarbures et la fin de la guerre civile. L’essentiel de la dette extérieure fut remboursé et l’Etat lança une politique de grands travaux et de construction d’infrastructures.
Une partie importante des Algériens pensaient être tirés d’affaire. Ils doivent déchanter aujourd’hui.
La marge de manœuvre financière se rétrécit
Certes, la dette extérieure du pays reste insignifiante. Elle ne s’élève qu'à 2% du PIB et les hydrocarbures ne représentent que 35% de ce même PIB.
Mais les revenus tirés de la vente des produits pétroliers et gaziers continuent de représenter 97% du montant total des exportations et d’alimenter le budget de l’Etat à hauteur de 60%. Le pays reste donc fortement dépendant des revenus tirés de l’or noir.
Si les exportations du pays ont chuté en 2015 pour se situer à 43,215 mrds$ (39,7 mrds€), la facture des importations reste élevée, à 56,716 mrds$ (52,11 mrds€). Le déficit commercial devrait donc tourner aux alentours de 13 mrds$ (11,9 mrds€) en 2015.
Pour combler ce déficit de la balance commerciale, le gouvernement a puisé dans les réserves de change et le Fonds de régulation des recettes. Les premières sont passées de 178,94 mrds$ (164,4 mrds€) à fin décembre 2014 à 152,7 mrds$ (140,3 mrds€) à fin septembre 2015. Le second qui s’élevait à 55 mrds$ (50,5 mrds€) en 2014 s’était réduit d’un tiers au cours du premier semestre 2015.
De ce fait, l’hypothèse d’un retour à l’endettement extérieur a été ouvertement évoquée ces derniers mois par des responsables gouvernementaux. La Chine, premier partenaire économique de l’Algérie, se propose comme nouveau créancier.
Mais les revenus tirés de la vente des produits pétroliers et gaziers continuent de représenter 97% du montant total des exportations et d’alimenter le budget de l’Etat à hauteur de 60%. Le pays reste donc fortement dépendant des revenus tirés de l’or noir.
Si les exportations du pays ont chuté en 2015 pour se situer à 43,215 mrds$ (39,7 mrds€), la facture des importations reste élevée, à 56,716 mrds$ (52,11 mrds€). Le déficit commercial devrait donc tourner aux alentours de 13 mrds$ (11,9 mrds€) en 2015.
Pour combler ce déficit de la balance commerciale, le gouvernement a puisé dans les réserves de change et le Fonds de régulation des recettes. Les premières sont passées de 178,94 mrds$ (164,4 mrds€) à fin décembre 2014 à 152,7 mrds$ (140,3 mrds€) à fin septembre 2015. Le second qui s’élevait à 55 mrds$ (50,5 mrds€) en 2014 s’était réduit d’un tiers au cours du premier semestre 2015.
De ce fait, l’hypothèse d’un retour à l’endettement extérieur a été ouvertement évoquée ces derniers mois par des responsables gouvernementaux. La Chine, premier partenaire économique de l’Algérie, se propose comme nouveau créancier.
La situation sociale se détériore
Voir aussi
-
La Commission européenne donne son feu vert aux aides d’État dans le domaine de l'hydrogène
-
Le Liban va pouvoir extraire son propre gaz naturel
-
La Tunisie cumule les mauvais résultats économiques
-
Eni acquiert les activités de BP en Algérie
-
Abdoulaye Bathily devient le nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu en Libye
L’année 2015 a vu un retour de l’inflation. Estimée par la Banque d’Algérie à 4,2% en moyenne annuelle en septembre 2015 la hausse des prix s’avère en réalité bien supérieure.
Les prix étant "libres" , les commerçants s’en donnent à cœur joie au grand désespoir des bourses modestes.
Le chômage annoncé officiellement en dessous de 10% voici quelques années, est remonté selon les chiffres de l’Office national de statistiques (ONS) à 10,6% en 2014 pour se situer en septembre 2015 à 11,2%.
Ce fléau s’avère beaucoup plus important chez les jeunes de 16 à 24 ans puisqu’il a atteint 29,9% en septembre 2015 contre 25,2% au même mois de l'année 2014. Il est de 9,9% chez les hommes contre 16,6% chez les femmes.
La précarité des salariés s’élargit également. L’ONS révèle que plus de 4 millions de salariés n’étaient pas affiliés à la sécurité sociale en septembre 2015.
La même étude précise que 78,7% des chômeurs acceptent des emplois sous-qualifiés et 28% des emplois pénibles alors qu'ils sont 81% à accepter d’être mal rémunérés.
Les prix étant "libres" , les commerçants s’en donnent à cœur joie au grand désespoir des bourses modestes.
Le chômage annoncé officiellement en dessous de 10% voici quelques années, est remonté selon les chiffres de l’Office national de statistiques (ONS) à 10,6% en 2014 pour se situer en septembre 2015 à 11,2%.
Ce fléau s’avère beaucoup plus important chez les jeunes de 16 à 24 ans puisqu’il a atteint 29,9% en septembre 2015 contre 25,2% au même mois de l'année 2014. Il est de 9,9% chez les hommes contre 16,6% chez les femmes.
La précarité des salariés s’élargit également. L’ONS révèle que plus de 4 millions de salariés n’étaient pas affiliés à la sécurité sociale en septembre 2015.
La même étude précise que 78,7% des chômeurs acceptent des emplois sous-qualifiés et 28% des emplois pénibles alors qu'ils sont 81% à accepter d’être mal rémunérés.
Le pari des investissements directs étrangers
Confronté à une chute des revenus dans un contexte social délicat, le gouvernement fait la promotion de la destination Algérie pour attirer le maximum d’IDE (investissements directs à l'étranger) à même de relancer la machine industrielle.
Car, le plus grand défi auquel le pays est confronté demeure la désindustrialisation de ces trente dernières années. La production industrielle est passée de 27% en 1984 à 4% en 2014.
La loi de Finances complémentaire (LFC 2015) et la loi de Finances 2016 récemment signée par le président Bouteflika annoncent une nouvelle accélération de l’ouverture et de la libéralisation économiques.
Interrogé par econostrum.info l’économiste Abdelatif Rebah reste sceptique : "Est ce que nos partenaires occidentaux qui dominent nos échanges commerciaux depuis près de quatre décennies sont vraiment intéressés par l’investissement productif hors hydrocarbures en Algérie ? Force est de constater que l’Algérie est, pour ces pays, une destination commerciale fructueuse et très prisée mais pas une terre d’IDE sinon au compte-goutte et à puissant effet de levier, dans un rapport de 1 à 5 en moyenne."
L'économiste précise que "ces dix dernières années, l’Algérie a importé pour près de 200 milliards de dollars de l’Union Européenne, en contre partie, durant la même période, les investissements de cette région en Algérie ont représenté moins de 4% de ce montant et encore essentiellement dans les hydrocarbures."
Car, le plus grand défi auquel le pays est confronté demeure la désindustrialisation de ces trente dernières années. La production industrielle est passée de 27% en 1984 à 4% en 2014.
La loi de Finances complémentaire (LFC 2015) et la loi de Finances 2016 récemment signée par le président Bouteflika annoncent une nouvelle accélération de l’ouverture et de la libéralisation économiques.
Interrogé par econostrum.info l’économiste Abdelatif Rebah reste sceptique : "Est ce que nos partenaires occidentaux qui dominent nos échanges commerciaux depuis près de quatre décennies sont vraiment intéressés par l’investissement productif hors hydrocarbures en Algérie ? Force est de constater que l’Algérie est, pour ces pays, une destination commerciale fructueuse et très prisée mais pas une terre d’IDE sinon au compte-goutte et à puissant effet de levier, dans un rapport de 1 à 5 en moyenne."
L'économiste précise que "ces dix dernières années, l’Algérie a importé pour près de 200 milliards de dollars de l’Union Européenne, en contre partie, durant la même période, les investissements de cette région en Algérie ont représenté moins de 4% de ce montant et encore essentiellement dans les hydrocarbures."