
Entente parfait entre Miriem Bensalah-Cheqroun, présidente du patronat marocain, et à sa droite Boualem M'rakach, président de la Confédération algérienne du patronat. (photo : UME)
MAROC. « Je remercie les hommes d'affaires, quand la politique ne fonctionne pas, ils ressentent l'intérêt réel des peuples », a lancé Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement marocain, devant un parterre de près de 600 chefs d’entreprises du Maghreb, rassemblés à l’occasion du 3e forum de l’Union des Entrepreneurs Maghrébins (UME), les 17 et 18 février 2014, à Marrakech pour relancer l’Union du Maghreb Arabe. Fondée voici 25 ans pour faire de la région une union économique intégrée à l’européenne, elle a échoué de l’aveu même des dirigeants politiques. « Cette intégration est possible, et je suis convaincue qu'il ne s'agit pas seulement d'une question de volonté politique mais que le secteur privé porte une part de responsabilité dans cette frilosité. L'intégration économique ne naîtra pas de la seule action des États », estime la présidente de la Confédération Générale des Entrepreneurs Marocains (CGEM) et de l’UME, Miriem Bensalah-Chaqroun.
Pour relancer l’UMA par le secteur privé, l’UME a rendu publique, à l’occasion du forum, l’Initiative Maghrébine du Commerce et de l’Investissement (IMCI), formalisée par le cabinet Konsentio. « D’un côté, les structures organisationnelles doivent être élargies et adaptées à une défense d’intérêts à l’échelle régionale. De l’autre, les priorités concernant les politiques publiques devraient être définies et communiquées aux acteurs politiques », indique la synthèse de l’initiative. Au terme des débats, une série de propositions a également été émise comme créer un marché commun de l’énergie, établir l’équivalence des diplômes, harmoniser les règles d’origine...
Pour relancer l’UMA par le secteur privé, l’UME a rendu publique, à l’occasion du forum, l’Initiative Maghrébine du Commerce et de l’Investissement (IMCI), formalisée par le cabinet Konsentio. « D’un côté, les structures organisationnelles doivent être élargies et adaptées à une défense d’intérêts à l’échelle régionale. De l’autre, les priorités concernant les politiques publiques devraient être définies et communiquées aux acteurs politiques », indique la synthèse de l’initiative. Au terme des débats, une série de propositions a également été émise comme créer un marché commun de l’énergie, établir l’équivalence des diplômes, harmoniser les règles d’origine...
Prendre l'Asean pour modèle
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Le forum est parti du constat de l’échec de l’UMA basé sur un chiffre répété à l’envie : le commerce intra-maghrébin ne représente que 3% du commerce de l’ensemble de la région. Selon les études, il pourrait même être encore inférieur. Depuis 1989 et la création de l’UMA, 37 accords ont été signés, mais rares sont ceux qui ont été concrétisés. Depuis 2005, plusieurs sommets ont voulu réactiver l’idée de l’UMA avec l’aide du FMI, mais ce n’est que lors de la 5e conférence sur l'intégration économique maghrébine, les 8 et 9 janvier 2013 à Nouakchott, que l'entrée en activité de la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur (BMICE), a enfin été annoncée. « Je ne peux que vous inviter à faciliter l’accès au crédit, à mettre en œuvre un code des investissements étrangers communs dont nous avions discuté à Nouakchott », a ajouté Christine Lagarde, président du FMI, dans un message vidéo diffusé pendant le forum.
La lenteur de la reprise des négociations politiques incite les patronats maghrébins à s’inviter dans le débat de l’UMA dont ils seraient les premiers acteurs et bénéficiaires. « En Asie, dans l’ASEAN, le secteur privé est en avance et le gouvernement ne fait qu’essayer de le rattraper, de répondre à ses besoins. Contrairement à l’Union européenne, où l’intégration est venue d’en haut, d’une volonté politique qui s’est appliquée aux peuples, dans l’Asean, l’intégration s’est faite par le bas. Je pense que c’est un modèle dont le Maghreb peut s’inspirer », a expliqué David Laborde, chercheur à l'International Food Policiy Research Institute.
La lenteur de la reprise des négociations politiques incite les patronats maghrébins à s’inviter dans le débat de l’UMA dont ils seraient les premiers acteurs et bénéficiaires. « En Asie, dans l’ASEAN, le secteur privé est en avance et le gouvernement ne fait qu’essayer de le rattraper, de répondre à ses besoins. Contrairement à l’Union européenne, où l’intégration est venue d’en haut, d’une volonté politique qui s’est appliquée aux peuples, dans l’Asean, l’intégration s’est faite par le bas. Je pense que c’est un modèle dont le Maghreb peut s’inspirer », a expliqué David Laborde, chercheur à l'International Food Policiy Research Institute.
Faire du lobbying
Le secteur privé maghrébin est-il assez développé pour prendre ainsi les devant sur la sphère politique ? « Le secteur privé régional est suffisamment mature, sinon il n’aurait pas pris conscience de ces besoins [d’intégration régionale, ndlr]. Il a pris conscience qu’il ne pouvait encore attendre l’action politique, encore moins attendre une politique économique », répond délibérément optimiste Zakiya Sekkat, présidente du Conseil d’affaires Maroc-Tunisie. « L’intégration maghrébine sera plus délicate, reconnaît David Laborde, dans la mesure où la plus grosse économie de la région, l’Algérie, se focalise sur la production d’énergie et se détourne complètement de son secteur privé. »
Pour parvenir à l’intégration régionale, les entrepreneurs maghrébins devront également résoudre l’ambigüité qui se dessine déjà. Alors que Mmes Bensalah-Chaqroun et Sekkat envisagent de réaliser l’intégration commerciale sans les politiques, en prenant les devants, d’autres chefs d’entreprises maghrébins veulent influer sur les décisions publiques. « Nous avons besoin que les politiques nous aident, que l’on nous libère de toutes ces barrières tarifaires. Il faut que nous poussions nos politiques. Il faut leur dire : nous sommes prêts nous n’attendons que vous », lance Ouided Bouchamaoui, présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat.
L’Initiative Maghrébine du Commerce et de l’Investissement (IMCI) et les conclusions du forum rentrent elles-mêmes plutôt dans le cadre de l’hypothèse d’influence. L’essentiel des propositions des chefs d’entreprises maghrébins pour la concrétisation de l’intégration régionale relèvent de décisions politiques plutôt que d’investissements et de partenariats privés. A ce propos, Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif de l’UTICA a fait remarquer le défaut d’organisation du forum qui a invité Abdelilah Benkirane lors de sa première matinée de travail plutôt que lors de ses conclusions, « Nous ferions mieux de discuter d’abord, de former nos propositions et de les présenter ensuite aux officiels pour être plus efficaces. » L’UME veut se positionner comme un groupe de pression auprès des décisionnaires politiques de chaque pays, même si le mot « lobbying » n’a jamais été prononcé.
Pour parvenir à l’intégration régionale, les entrepreneurs maghrébins devront également résoudre l’ambigüité qui se dessine déjà. Alors que Mmes Bensalah-Chaqroun et Sekkat envisagent de réaliser l’intégration commerciale sans les politiques, en prenant les devants, d’autres chefs d’entreprises maghrébins veulent influer sur les décisions publiques. « Nous avons besoin que les politiques nous aident, que l’on nous libère de toutes ces barrières tarifaires. Il faut que nous poussions nos politiques. Il faut leur dire : nous sommes prêts nous n’attendons que vous », lance Ouided Bouchamaoui, présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat.
L’Initiative Maghrébine du Commerce et de l’Investissement (IMCI) et les conclusions du forum rentrent elles-mêmes plutôt dans le cadre de l’hypothèse d’influence. L’essentiel des propositions des chefs d’entreprises maghrébins pour la concrétisation de l’intégration régionale relèvent de décisions politiques plutôt que d’investissements et de partenariats privés. A ce propos, Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif de l’UTICA a fait remarquer le défaut d’organisation du forum qui a invité Abdelilah Benkirane lors de sa première matinée de travail plutôt que lors de ses conclusions, « Nous ferions mieux de discuter d’abord, de former nos propositions et de les présenter ensuite aux officiels pour être plus efficaces. » L’UME veut se positionner comme un groupe de pression auprès des décisionnaires politiques de chaque pays, même si le mot « lobbying » n’a jamais été prononcé.