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Le président Ben Ali quitte le pouvoir et la Tunisie


Rédigé par , le Vendredi 14 Janvier 2011 - Lu 8150 fois

Dans son discours du jeudi 13 janvier 2011, le président tunisien affirmait ne pas vouloir briguer de nouveau mandat en 2014 et promettait des élections libres. Après avoir annoncé le limogeage de son gouvernement, la tenue de nouvelles législatives, il a fuit la Tunisie pour se réfugier en Arabie saoudite..


Le président tunisien a promis de ne pas briguer un nouveau mandat (photo DR)
Le président tunisien a promis de ne pas briguer un nouveau mandat (photo DR)
TUNISIE. Tout s'accélère en Tunisie ce vendredi 14 janvier 2011. En fin d'après-midi, le président tunisien a limogé son gouvernement et annoncé des élections législatives anticipées dans les six mois. Puis il a fuit son pays pour se réfugier finalement en Arabie Saoudite, laissant les clefs du pouvoir par intérim à son premier ministre. Qui lui même avait été chargé de former le nouveau gouvernement.

Dans son allocution télévisée du jeudi 13 janvier 2011, Zine el Abidine Ben Ali avait encore lâché du lest pour calmer la rue. Le troisième discours depuis le début des évènements aura-t-il été le bon ? En tout cas sans doute le plus convaincant. L'annonce de la fin du gouvernement ressemble un peu à la cerise sur le gâteau. Que dire du départ du président ?

En demandant la cessation des tirs sur les manifestants (66 morts selon la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme), en annonçant la réduction des prix des denrées de première nécessité, en demandant une liberté totale de l'information, mais aussi en promettant de ne pas briguer un nouveau mandat en 2014, il a répondu à la majorité des attentes des ONG comme de l'opposition. 

Mieux encore, il a promis des élections libres. "Pas de présidence à vie et je refuse de toucher à la limite d'âge fixée par la Constitution (ndlr 75 ans alors qu'il en aura 77 aux prochaines échéances)." 

Un vrai revirement puisque depuis son arrivée au pouvoir en 1987, aucune élection n'a connue une vraie concurrence politique. D'où des résultats à l'apparence de plébiscites comme en octobre 2009, lors de la dernière présidentielle où Zine el Abidine Ben Ali avait obtenu 89,62% des voix.

Reste à savoir comment seront organisées ses législatives anticipées. En tout cas, le président tunisien ne pourra pas faire l'impasse sur le pluralisme. Plusieurs opposants pourraient revenir en Tunisie.

Un discours jugé positif par l'UE et l'opposition

66 manifestants morts selon une ONG (photo archives DR)
66 manifestants morts selon une ONG (photo archives DR)
L'Union européenne, qui seule était vraiment montée au créneau à l'étranger en critiquant sévèrement l'attitude du pouvoir face aux émeutes (lire : Le Parlement européen réclame une enquête indépendante sur les manifestants morts en Tunisie), a plutôt bien réagi aux propos du président tunisien. 

L’institution se félicite de sa volonté de ne pas se représenter en 2014.  "Nous prenons note de cette annonce qui créée selon nous une opportunité pour une transition en douceur" déclare ainsi Maja Kodjancic, porte-parole de Catherine Ashton,  chef de la diplomatie de l'UE.

Un discours présidentiel jugé "positif" même par l'opposition qui commence à croire à l'ouverture au sein du gouvernement tunisien réclamée depuis des années. Ainsi, Mohammed Néjib Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP) s'est avoué "agréablement surpris. Il faut maintenant mettre en place un gouvernement de transition, les Tunisiens n'en peuvent plus du pouvoir personnel du président. Ils veulent du pluralisme."

Première démission dans le clan Ben Ali

La Tunisie prend donc, avec la décision de la tenue d'élections législatives anticipées, la voie d'un gouvernement d'unité nationale, qui ne sera que de transition, sans doute en attendant la prochaine présidentielle.

C'est en tout cas ce que laissait entendre Vendredi 14 janvier 2011 au matin, Mezri Haddad, ambassadeur de Tunisie auprès de l'Unesco. Lors d'une intervention sur la radio française France Inter, il annonçait " il faut des élections rapidement. Il faut que le peuple puisse s'exprimer." (Voir l'interview de Mezri Haddad sur France Inter le vendredi 14 janvier 2011    )

Dans une interview sur la chaîne française BFM / TV, la veille il déclarait : "ce qui se passe en Tunisie aujourd'hui, c'est un coup d'Etat que je n'hésiterai pas à appeler, pour le moment, un coup d'Etat médiatique... Il a commencé par la chaîne Al Jazeera. L'histoire du jeune qui s'est immolé par le feu à Sidi Bouzid a été bien évidemment un drame. Le jeune en question n'a jamais été un jeune chômeur diplômé. C'est un jeune chômeur tout court." Et d'évoquer des tentatives de manipulation de le jeunesse qui était descendue dans la rue avec "des manifestations légitimes et moralement justifiée" tout en accusant des "hordes anarchistes qui brûlent, cassent et s'en prennent aux biens publics et privés."

Quelques heures plus tard cependant, il démissionnait de son poste contre toute attente."Jusqu'à présent, Tunis me communiquait des informations sur un complot islamiste. Or, des amis m'ont décrit la réalité de la situation. En conscience, je ne peux donc plus cautionner tout cela" se justifiait-t-il sur les ondes de BFM/TV. Ancien journaliste et ancien opposant, il avait rallié le camps Ben Ali en 2000.

Dans sa lettre de démission adressée au président tunisien et publiée sur le blog du tunisien Sami Ben-Abdallah, il a insisté sur cinq points essentiels : "l'arrestation des malandrins et prédateurs encore présents sur le sol tunisien, notamment Imed et Belhassen Trabelsi (ndlr : belle famille du président), la déclaration d'une amnistie générale et du retour des exilés politiques, l'allègement des souffrances des pauvres et des paupérisés par des mesures concrètes, l'autorisation d'entrée en Tunisie de tous les correspondants de la presse étrangère, la mise en place d'une caisse d'allocation chômage dont le financement pourrait se faire par la contribution de ceux qui se sont suffisamment enrichis pour donner maintenant aux pauvres et aux chômeurs et l'abolition de la peine de mort en Tunisie." (lire la lettre de démission de Mezri Haddad

Les manifestations se poursuivent en Tunisie

Les manifestations continuent dans tout le pays (photo archives DR)
Les manifestations continuent dans tout le pays (photo archives DR)
Vendredi 14 janvier 2011, Kamel Morjane, ministre tunisien des Affaires étrangères déclarait lui sur Europe 1 à propos de la possibilité de création d'un gouvernement d'unité nationale, "  "Je crois que c'est faisable et je pense que c'est tout à fait même normal."

Pour Kamel Morjane, "le président l'a dit de façon directe, puisqu'il a décidé de la création d'une commission qui va nous proposer une révision du code électoral. Il a dit qu'on n'aura plus des élections parallèles, législatives et présidentielle. Par là, il a accepté le principe d'avoir des élections avant la présidentielle de 2014." Dont acte.

En attendant, les manifestations se poursuivent actuellement en Tunisie où les Tunisiens n'hésitent pas à crier leur haine du régime actuel avec des slogans hostiles envers le président et même à détruire devant les caméras ses portraits. C es manifestations auraient encore fait treize morts (sources médicales) dans la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 janvier 2011 à Tunis et dans sa banlieue. 





1.Posté par khidar le 15/01/2011 00:06
Très touchés pour ce qui se passe en Tunisie, nous les algériens, nous sommes passés par ces moments et situations critiques, et on partage cette douleur. Je conseille nos frères tunisiens de s'organiser et prendre les choses en main. Je vous demande de compter sur vous même, pas sur les partis. Soyez solidaires et préservez vos vies et celles de vos enfants. Vive le peuple tunisien et le peuple algérien !


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