
Gérard Andreck : Dans les trois pays du Maghreb, le phénomène de l'économie sociale et solidaire (ESS) est en branle. Certains en font déjà sans le savoir, comme monsieur Jourdain faisait de la prose. Mais la situation reste très disparate selon les pays.
econostrum.info : Quel pays est le plus en avance ?
G.A. : Le Maroc dispose du cadre législatif le plus important. En Algérie, l'ESS reste plus encadrée avec beaucoup de coopératives. Des mutuelles existent, des associations aussi mais elles ne sont pas dans la même dynamique que le Maroc même si leurs activités dans les domaines de la santé et le social demeurent significatives. En Tunisie, le monde mutualiste est déjà une réalité notamment dans le domaine de l'assurance où la Macif a des accords avec la MAE.
Mais le développement de l'ESS bute sur un problème majeur de reconnaissance par les pouvoirs publics. Quand je vois que dans l'accord avec l'Europe, je ne trouve aucune ligne sur l'ESS c''est désolant !
econostrum.info : Que peut apporter une organisation comme le Medess ?
G.A. : L'évolution demeure rapide dans les trois pays. L'envie est patente. Avec le Medess, le but n'est pas de créer une énième structure. Cet événement instaure un dynamisme entre les différents acteurs du secteur au nord comme au sud. Nous, la Macif, avec nos 5 millions de sociétaires, nous pouvons agir comme un business angels, en aidant, sans la logique marchande, au développement des plus petites structures engagées dans l'économie sociale et solidaire.
Le partenariat passe par les régions européennes plutôt que par les États européens
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econostrum.info : Comment l'Europe peut aider à ce développement ?
G.A. : Le vrai problème en Europe, et pas seulement à Bruxelles, c'est que tout le monde souhaite aider mais par rapport à un modèle qui n'est pas transposable dans ces pays. Il faut que ce soit « bottom up », que les demandes viennent de ces pays et remontent. Il faut tout inverser car, nous constatons trop d'écart, trop de situations différentes au Maghreb par rapport à l'Europe. L’Europe peut apporter les financements et l'assistance technique mais plutôt dans une logique de partenariat passant par les régions de pays comme l'Espagne, l'Italie et la France. Ces régions européennes pourraient favoriser des partenariats avec un pays.
En Tunisie, comme en France et ailleurs, l’État n'a pas les moyens d'aller au bout de la logique sociale. En santé et en prévoyance, la politique en Tunisie a progressé ces dernières années mais n'est pas complète. Avec une politique de Partenariat public privé, les mutuelles, avec le secteur associatif, ont un rôle important à jouer.
econostrum.info : L'ESS représente en Europe et en France 10% des emplois. Et seulement 1% dans les pays du Maghreb. Quel est selon vous le potentiel ?
G.A. : L'ESS peut se développer très rapidement. Je pense que le secteur peut gagner de un à deux points en trois à quatre ans. Ce qui est énorme car cela signifierait un triplement du nombre d'emplois dans l'ESS au Maghreb.
Se fédérer pour se développer
econostrum.info : L'ESS est la solution à la crise au Maghreb ?
G.A. : L'ESS ne règle pas tout ! Elle ne créera jamais un Airbus mais sur le secteur des services , la santé, l'assurance, la prévoyance, elle a un rôle important à jouer.
econostrum.info : Que manque-t-il alors ?
G.A. : Un proverbe français dit « aides toi, le ciel t'aidera !" Il faut se fédérer car, les initiatives demeurent trop dispersées tant en matière de développement de l'ESS que du lobbying. Nous sommes prêts à apporter notre assistance technique et favoriser les partenariats transméditerranéens mais les acteurs de ces pays doivent devenir légitimes vis à vis de leurs gouvernements et montrer que la solution ESS, même partielle, est incontournable. Encore une fois, l'ESS ne se développerra que si ses acteurs arrivent à démontrer aux gouvernements qu'une partie des problèmes pourrait être réglée par l'ESS.