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" Le mouvement du 20 Février est salutaire dans l’espace public "


Rédigé par , le Lundi 4 Juillet 2011 - Lu 2111 fois

Politologue au Ceram à Rabat, Jean Zaganiaris revient pour econostrum.info sur les changements politiques que connait le Maroc.


Jean Zaganiaris (DR)
Jean Zaganiaris (DR)
Jean Zaganiaris est politologue, enseignant-chercheur au Centre de recherche sur l’Afrique et la Méditerranée (Ceram), rattaché à l’Ecole de gouvernance et d’économie de Rabat.

Econostrum : La nouvelle Constitution stipule que le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale. N’y a t-il pas dans cette définition un abus de langage ?

Jean Zaganiaris : Je suis sceptique quant au fait d’utiliser le droit pour dire que l’on est plus démocratique. Il ne faut pas confondre Etat de droit et démocratie, ce sont deux choses différentes. La monarchie parlementaire était une revendication du 20 Février. Dans la nouvelle Constitution, le mot y est … Mais quels vont être les usages sociaux du droit ? Là, est la question. Le droit à la vie par exemple : ouvre t-on la voie à l’abolition de la peine de mort ? Remet-on en question le combat de certaines féministes pour l’avortement ? Le référendum autour de cette Constitution s’est fait très vite, dans la précipitation. La société marocaine a ses avancées et aussi ses archaïsmes, qui concernent les problèmes de violence dans l’espace public, le patriarcat, le machisme ou encore la corruption.

"La démocratie c'est l'existence de contrepouvoirs"

Econostrum : Quel est l’impact du mouvement du 20 Février dans le changement que connaît aujourd’hui le Maroc ?

Jean Zaganiaris : Le mouvement du 20 Février est salutaire dans l’espace public. La démocratie, c’est l’existence de contrepouvoirs, l’existence de discours critiques. Etre critique, ce n’est pas être irrespectueux, c’est exprimer son opinion. Je trouve intéressant que ce mouvement ait pu éclore. La société civile marocaine est en avance sur les partis qui font le jeu politique. Au Maroc, les propositions de changement et leur mise en œuvre relèvent plus du domaine de l’associatif. Il y a dans la vie politique, des enjeux politiciens qui sont pas liés au bien commun. Mais cela n’est pas propre au Maroc. On voit la même chose en Europe.

Econostrum : On peut entendre dire parfois, chez les élites, que les Marocains ne sont pas prêts pour la démocratie. Vous en pensez quoi ?

Jean Zaganiaris : La société marocaine est très hétérogène. Chez les contestataires du 20 février, entre Zineb el Rhazoui, co fondatrice du mouvement Mali pour les libertés individuelles et Nadia Yassine, figure du mouvement Justice et Bienfaisance (Al Adl Wal Ishane), il y a un tas de groupes sociaux très différents. L’important, c’est l’ontologie, c’est à dire quelle essence on attribue à cette société. Mon ontologie est positive. Je crois aux capacités éthiques des individus. Si l’on place les Marocains dans de bonnes conditions pour qu’ils s’expriment, si l’on permet une meilleure redistribution des richesses, un meilleur accès à la culture, le processus de démocratisation peut s’affirmer. C’est une question de gouvernance. Et aussi de confiance placée dans le peuple marocain.

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