
Vasilis Korkidis, président de la Chambre de commerce du Pirée (photo Angélique Kourounis)
GRECE. Athènes va connaître, dimanche 25 janvier 2015, des législatives à haut risque. Le monde des affaires semble perplexe.
Que vaut il mieux ? Continuer une politique qui ne porte pas vraiment ses fruits mais qui garantit la sympathie des créanciers et une relative stabilité politique ? Ou tourner la page et tenter un changement radical, pouvant certes sortir le pays de cette crise, mais à quel prix ?
Vassilis Korkidis, président de la Chambre de Commerce du Pirée s'avoue inquiet des retombées financières de cette instabilité politique.
Au nom des commerçants et entrepreneurs du Pirée, il a adressé une lettre ouverte aux dirigeants des partis politiques : «Le problème n’est pas ce qui va sortir des urnes. Indépendamment du résultat, nous avons demandé dans cette lettre trois choses : Prudence, consensus, concorde. Il faut que le message d’unité passe.» Et cet homme, proche du parti conservateur, d’ajouter, inquiet : «Nous ne sommes pas la Belgique. Le pays ne peut pas tourner sans gouvernement. »
D’autant que dans cette campagne électorale tous les coups semblent permis. La droite joue sur la peur du chaos, du fameux Grexit, la sortie de la Grèce de l’euro-zone, auquel même les Allemands n'y croient plus. La gauche promet elle l’espoir d’une dignité retrouvée après cinq années de récession.
Entre les deux, les partis luttant pour leur survie politique, s'avèrent prêts à tout, même au pire.
Ceci fait dire à Miranda Xafa, ancienne cadre du FMI et conseillère économique, que «si la Grèce sort de l’euro-zone cela sera uniquement par accident.»
Que vaut il mieux ? Continuer une politique qui ne porte pas vraiment ses fruits mais qui garantit la sympathie des créanciers et une relative stabilité politique ? Ou tourner la page et tenter un changement radical, pouvant certes sortir le pays de cette crise, mais à quel prix ?
Vassilis Korkidis, président de la Chambre de Commerce du Pirée s'avoue inquiet des retombées financières de cette instabilité politique.
Au nom des commerçants et entrepreneurs du Pirée, il a adressé une lettre ouverte aux dirigeants des partis politiques : «Le problème n’est pas ce qui va sortir des urnes. Indépendamment du résultat, nous avons demandé dans cette lettre trois choses : Prudence, consensus, concorde. Il faut que le message d’unité passe.» Et cet homme, proche du parti conservateur, d’ajouter, inquiet : «Nous ne sommes pas la Belgique. Le pays ne peut pas tourner sans gouvernement. »
D’autant que dans cette campagne électorale tous les coups semblent permis. La droite joue sur la peur du chaos, du fameux Grexit, la sortie de la Grèce de l’euro-zone, auquel même les Allemands n'y croient plus. La gauche promet elle l’espoir d’une dignité retrouvée après cinq années de récession.
Entre les deux, les partis luttant pour leur survie politique, s'avèrent prêts à tout, même au pire.
Ceci fait dire à Miranda Xafa, ancienne cadre du FMI et conseillère économique, que «si la Grèce sort de l’euro-zone cela sera uniquement par accident.»
"La situation est sous contrôle"
Un accident que le monde des affaires grec ne veut même pas envisager. Celui des armateurs non plus, du coup Nikos Vernicos, armateur depuis quatre générations a signé la lettre ouverte de Vassilis Korkidis des deux mains.
Plutôt proche des socialistes du Pasok, il s'avoue inquiet d’une arrivée au pouvoir de la gauche de Syriza mais, reste finalement plutôt serein pour ses intérêts. «Si le gouvernement grec fait quelque chose pouvant mettre en danger le système bancaire du pays, les banques elles-mêmes, ceux qui nous financent, nous dirons Attention, il faut aller ailleurs, car il existe un danger bancaire en Grèce.»
Des banques qui se sont jetées à corps perdu dans la bataille à coups de communiqués alarmistes. «21 milliards d’euros ont été retirés des dépôts» titre par exemple le très libéral Kathimerini.
Par ailleurs, au moins deux des quatre principales banques du pays, anticipant un manque de liquidités, ont demandé - à grand renfort publicitaire - à la Banque centrale européenne (BCE) un recours au programme de liquidités d'urgence (ELA) prévu par l'institution.
En fait elles anticipent. Car, depuis décembre 2014, les retraits atteignent à peine atteint quelque trois milliards d'euros. Mais, les banques participent a la création d’un climat d’incertitude. La Banque de Grèce a mis le holà, elle se veut rassurante en indiquant dans un communiqué laconique : «la situation est sous contrôle.»
Plutôt proche des socialistes du Pasok, il s'avoue inquiet d’une arrivée au pouvoir de la gauche de Syriza mais, reste finalement plutôt serein pour ses intérêts. «Si le gouvernement grec fait quelque chose pouvant mettre en danger le système bancaire du pays, les banques elles-mêmes, ceux qui nous financent, nous dirons Attention, il faut aller ailleurs, car il existe un danger bancaire en Grèce.»
Des banques qui se sont jetées à corps perdu dans la bataille à coups de communiqués alarmistes. «21 milliards d’euros ont été retirés des dépôts» titre par exemple le très libéral Kathimerini.
Par ailleurs, au moins deux des quatre principales banques du pays, anticipant un manque de liquidités, ont demandé - à grand renfort publicitaire - à la Banque centrale européenne (BCE) un recours au programme de liquidités d'urgence (ELA) prévu par l'institution.
En fait elles anticipent. Car, depuis décembre 2014, les retraits atteignent à peine atteint quelque trois milliards d'euros. Mais, les banques participent a la création d’un climat d’incertitude. La Banque de Grèce a mis le holà, elle se veut rassurante en indiquant dans un communiqué laconique : «la situation est sous contrôle.»
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"Nous sommes optimistes et patients"
Les liquidités des banques se trouvent particulièrement sollicitées car, elles demeurent aussi quasiment les seules, actuellement, à souscrire aux achats de bons du Trésor de l'Etat. En raison justement de l'incertitude politique.
Ces bons à trois ou six mois complètent l'aide financière de l'UE et du FMI à la Grèce, qui ne peut emprunter sur les marchés à moyen et long terme en raison de taux d'intérêt trop élevés malgré les affirmations contraires du premier ministre, le conservateur Antonis Samaras. Ce dernier entend inscrire sur le tableau de ses réussîtes économiques «le retour triomphal du pays sur le marché.»
Histoire d’enfoncer le clou, le ministre grec des Finances, Guikas Hardouvelis monte aussi, depuis ces derniers jours, au créneau pour tirer la sonnette d’alarme. «La Grèce se trouverait en difficulté si elle ne touchait pas d'ici fin février 2015 les 7,2 milliards d'euros de prêts de l'UE et du FMI liés à la conclusion de l'audit en cours de l'économie." Un audit suspendu …au résultat des élections.
En attendant, les Grecs, eux, ceux qui peuvent encore payer leurs impôts, se mettent «en cessation de paiement».
Ils ont suspendu le paiement de leurs redevances, causant un sérieux -déjà - manque à gagner de plusieurs milliards aux caisses de l'Etat. "C'est une erreur de croire qu'avec Syriza, on ne paiera pas d'impôts", a immédiatement averti Alexis Tsipras, président du parti d’opposition de gauche, le Syriza, donné favori avec trois points d’avance, dans ces élections.
Ces bons à trois ou six mois complètent l'aide financière de l'UE et du FMI à la Grèce, qui ne peut emprunter sur les marchés à moyen et long terme en raison de taux d'intérêt trop élevés malgré les affirmations contraires du premier ministre, le conservateur Antonis Samaras. Ce dernier entend inscrire sur le tableau de ses réussîtes économiques «le retour triomphal du pays sur le marché.»
Histoire d’enfoncer le clou, le ministre grec des Finances, Guikas Hardouvelis monte aussi, depuis ces derniers jours, au créneau pour tirer la sonnette d’alarme. «La Grèce se trouverait en difficulté si elle ne touchait pas d'ici fin février 2015 les 7,2 milliards d'euros de prêts de l'UE et du FMI liés à la conclusion de l'audit en cours de l'économie." Un audit suspendu …au résultat des élections.
En attendant, les Grecs, eux, ceux qui peuvent encore payer leurs impôts, se mettent «en cessation de paiement».
Ils ont suspendu le paiement de leurs redevances, causant un sérieux -déjà - manque à gagner de plusieurs milliards aux caisses de l'Etat. "C'est une erreur de croire qu'avec Syriza, on ne paiera pas d'impôts", a immédiatement averti Alexis Tsipras, président du parti d’opposition de gauche, le Syriza, donné favori avec trois points d’avance, dans ces élections.
Le Syriza veut renégocier le remboursement de la dette
Pourtant, la remise en cause de l'Enfia demeure l’un des chevaux de bataille du Syriza. Avec ce nouvel impôt foncier, très impopulaire, les propriétaires ne pouvant pas le payer peuvent, à terme, perdre aux enchères même leur résidence principale.
Le Syriza s’est engagé a suspendre toute mise en vente de maisons principales. «Aucune expulsion de famille» martèle à chaque rassemblement Alexis Tsipras précisant «l'Enfia doit être remplacé par un autre impôt destiné aux grands propriétaires.»
La loi concernant les expulsions doit, elle, entrer en vigueur le 1er février 2015. C‘est dire si le dossier est brulant.
Reste que, comme il n’y aura pas, dans le meilleur des cas, de gouvernement avant le 10 février 2015, Bruxelles semble résignée à une nouvelle extension de son plan d'aide.
Athènes doit rembourser plus de 20 milliards d'euros de prêts en 2015. Officiellement, elle peut le faire grâce à son excédent budgétaire primaire dégagé pour la première fois depuis 1948, mais quid de la suite ?
D’autant qu’il n’est pas dit que le pays puisse bénéficier du programme de rachat des dettes de l’Etat, une mesure dite « d’assouplissement quantitatif» mise en place par la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre les risques de déflation et relancer l'économie européenne. Justement car le Syriza veut renégocier, non seulement les remboursement de la dette estimée à 176% du PIB, mais aussi les conditions imposées par le FMI et l'UE en échange de leur prêts financiers.
Jeune entrepreneur installé au Pirée, Xaris Frangos voit tout cela comme de la haute voltige financière. Tout lui passe totalement par dessus. Il s‘est jeté à l’eau en ouvrant, sur le port du Pirée, un magasin de primeur, doublé d’un bar à jus de fruits, une première dans le pays. Il se veut confiant. «Je n’ai pas peur de l’avenir, je suis certain qu’il sera meilleur, le problème est que cela risque de tarder, mais ce n’est pas grave, nous restons optimistes et patients.»
Le Syriza s’est engagé a suspendre toute mise en vente de maisons principales. «Aucune expulsion de famille» martèle à chaque rassemblement Alexis Tsipras précisant «l'Enfia doit être remplacé par un autre impôt destiné aux grands propriétaires.»
La loi concernant les expulsions doit, elle, entrer en vigueur le 1er février 2015. C‘est dire si le dossier est brulant.
Reste que, comme il n’y aura pas, dans le meilleur des cas, de gouvernement avant le 10 février 2015, Bruxelles semble résignée à une nouvelle extension de son plan d'aide.
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Jeune entrepreneur installé au Pirée, Xaris Frangos voit tout cela comme de la haute voltige financière. Tout lui passe totalement par dessus. Il s‘est jeté à l’eau en ouvrant, sur le port du Pirée, un magasin de primeur, doublé d’un bar à jus de fruits, une première dans le pays. Il se veut confiant. «Je n’ai pas peur de l’avenir, je suis certain qu’il sera meilleur, le problème est que cela risque de tarder, mais ce n’est pas grave, nous restons optimistes et patients.»