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Le Secrétaire général de l'Onu hausse le ton au Liban


Rédigé par , le Lundi 20 Décembre 2021 - Lu 691 fois


António Guterres et Michel Aoun ont eu une discussion franche sur l'avenir du Liban (Photo : Onu/Eskinder Debebe)
António Guterres et Michel Aoun ont eu une discussion franche sur l'avenir du Liban (Photo : Onu/Eskinder Debebe)
LIBAN. "J'exhorte les dirigeants libanais à mériter leur peuple et j'exhorte la communauté internationale à répondre à la générosité du peuple libanais." Après sa rencontre avec le président libanais Michel Aoun, António Guterres, n'a pas mâché ses mots, urbi et orbi, dès le début de sa visite de trois jours à Beyrouth. Arrivé dimanche 19 décembre 2021, le Secrétaire général de l'Onu doit rencontrer des dirigeants politiques, religieux et de la société civile.

Il a reconnu que "la communauté internationale n'a pas fait assez pour soutenir le Liban, la Jordanie et d'autres pays dans le monde qui ont ouvert leurs frontières, leurs portes et leurs cœurs aux réfugiés, alors que certains (États) qui sont beaucoup plus riches et plus puissants malheureusement ferment leurs propres frontières." Un sujet qui lui est cher comme il l'a rappelé : "J'ai été Haut-Commissaire pour les réfugiés pendant dix ans et j'ai vu peu de pays ou de peuple être aussi généreux envers les réfugiés syriens."

António Guterres a d'ailleurs lancé un appel pour que tout le monde aide le Liban à surmonter ses difficultés actuelles, regrettant que le plan d'intervention d'urgence n'a, pour l'instant, permis de récupérer que 11% du montant requis.

Un plan de relance économique en cours d'élaboration

Mais les efforts devront aussi venir de l'intérieur affirme le Secrétaire général de l'Onu. Selon lui, "le peuple libanais attend de ses dirigeants politiques qu'ils rétablissent l'économie et qu'ils mettent en place un gouvernement et des institutions politiques efficaces, qu'ils mettent fin à la corruption et qu'ils garantissent les droits de l'homme." Le pays se trouve empêtré dans une profonde crise économique et sociale. L'une des pires au monde depuis 1850 comme l'a qualifié la Banque mondiale. En cessation de paiement depuis le 7 mars 2020, il cumule la troisième plus importante dette mondiale et le cours de sa monnaie, la livre libanaise, ne cesse de plonger.

Le président libanais a tenté de persuader son interlocuteur de sa bonne volonté. "Nous nous efforçons de surmonter (les crises) en élaborant un plan de relance économique, qui sera présenté et négocié avec le Fonds monétaire international." Michel Aoun a aussi insisté sur les "multiples réformes nécessaires dans les secteurs économiques, financier et administratif." Il veut "reconsidérer nombre d'administrations publiques, mettre un terme au gaspillage financier, lutter contre la corruption et effectuer l'audit juricomptable de la Banque du Liban afin d’identifier les responsables des pertes financières au cours des années précédentes."

Les dettes financières (État, banques et Banque du Liban) ont été évaluées, voici quelques jours par le gouvernement, à 68 mrds$ (60,2 mrds€). "Il y a eu des progrès considérables dans l'identification des pertes du secteur financier", se félicitait, jeudi 16 décembre 2021, Jerry Rice, porte-parole du FMI. Tout en précisant que ce chiffre était susceptible d'évoluer à la hausse après les résultats attendus des cabinets internationaux d'audit qui se penchent sur ce sujet.

Le FMI à Beyrouth début 2022

Malgré l'urgence, les dirigeants libanais n'arrivent toujours pas à se mettre d'accord sur les réformes indispensables pour obtenir l'aide du Fonds monétaire international (FMI) sans laquelle le Liban ne peut pas espérer se relever. "Face à la souffrance du peuple libanais, les dirigeants politiques n'ont pas le droit de paralyser le pays avec leur division", critique António Guterres. Le nouveau gouvernement libanais n'a vu le jour que depuis septembre 2021 alors que le Premier ministre Najib Mikati avait été désigné fin juillet 2021 pour former une équipe. Il ne s'est pas réuni depuis mi-octobre 2021, justement à cause des mésententes sur l'enquête concernant l'explosion du port de Beyrouth et les responsabilités. L'accident survenu en août 2020 avait causé 215 morts et 6 500 blessés et révélé les failles dans la gouvernance du pays.
Une délégation de l'institution de Bretton Woods doit se rendre à Beyrouth début 2022.

Soulignant que "le peuple libanais doit être pleinement engagé dans le choix de l'avenir du pays", le Secrétaire général de l'Onu attend également beaucoup des futures législatives qui doivent se tenir au printemps 2022. Aucune date précise n'a été encore déterminée cependant. Les partisans de Michel Aoun souhaitent qu'elles se déroulent en mai 2022 alors que le président du Parlement, Nabih Berry (dirigeant du mouvement chiite Amal) voudrait le 27 mars 2022




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