
Jean-Claude Andréini : Le Pexe est un réseau de réseaux d’éco entreprises françaises et d’autres organismes tels que des associations. Ce maillage, ce lobbying si vous voulez, est très important car il permet notamment à ces entreprises de travailler sur les marchés extérieurs, en particulier dans les pays émergents. L’une des clefs de ces succès reste la performance d’un autre réseau, celui des ambassades françaises, qui fait beaucoup pour la connaissance des situations, des opportunités, les façons d’avancer efficacement selon les pays.
Jean-Claude Andréini : Que représentent en France les éco entreprises ?
Les éco entreprises, de toutes tailles, sont probablement 12 000 en France, dont 5 000 sont adhérentes du Pexe. Elles sont très bien représentées dans le midi de la France. Pour ne parler que des régions Midi Pyrénées, Languedoc Roussillon et Provence Alpes Cote d’Azur, leur pôle de compétitivité à vocation mondiale EAU recense 1 200 entreprises travaillant dans le seul domaine de l’eau.

La décroissance questionne les entreprises qui l'ont générée
Jean-Claude Andréini : Aujourd’hui les grandes entreprises du secteur de l’environnement doivent faire face à un phénomène de décroissance dans les pays où ils sont implantés. Véolia et quelques autres sociétés font travailler peu ou prou 350 000 personnes de par le monde, ce qui confère un certains poids. Mais leur efficacité les met devant un problème : ces sociétés ont chassé les fuites dans les réseaux d’eau, sont entrées depuis longtemps dans une spirale économiquement vertueuse, celle du développement durable. Elles vendent donc moins d’eau par exemple. Au fond, le fait de bien travailler provoque une érosion de leur marché d’environ 1 à 2% par an. Elles sont donc en questionnement. Que faire ? Relever les tarifs ? Explorer d’autres zones ?
econostrum.info : Où se trouvent les potentiels pour les éco entreprises françaises ?
Jean-Claude Andréini : Les pays de l’OCDE représentent encore 80% du marché mondial des éco entreprises, et les pays émergents les plus intéressants comme l’Inde ou la Chine représentent certes des espoirs de croissance pour nos entreprises, mais ils sont loin d’être concrétisés. Je pense qu’il ne faut pas lâcher la proie pour l’ombre. Nos meilleures possibilités sont aujourd’hui en Afrique.
L'Afrique est le plus gros potentiel des éco entreprises françaises
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Jean-Claude Andréini : Le continent africain, en 2025, aura gagné un milliard d’habitant, sa population aura doublé en 2050. Selon les pays, on peut tabler sur une croissance de 5% par an dans la décennie à venir. Au cours de nos réflexions, au Pexe, nous étudions les couples marché/produit, où si vous préférez on se demande où vendre quoi. De ces réflexions, il ressort que notre histoire commune avec le Maghreb, sa proximité, en font encore notre meilleur espoir pour l’avenir à moyen terme. Le travail de l'UPM est extraordinaire, mais c’est à nos entreprises d’aller concrétiser collectivement les solutions environnementales qui sont recherchées par les pays du Maghreb.
econostrum.info : Pays par pays, où se situent les meilleurs espoirs maghrébins pour les éco entreprises françaises ?
Jean-Claude Andréini : Incontestablement, c’est le Maroc qui cristallise beaucoup d’espoirs pour les éco entreprises françaises. Un signe, le salon professionnel français Pollutec y a organisé sa première édition, à Casablanca en 2010 avec 300 entreprises, dont 140 françaises, parrainées par le Pexe. Nous y retournerons pour la prochaine édition, en 2011, de façon mieux structurée et avec l’intention d’évaluer l’effet de ce salon sur les affaires des entreprises présentes. Nous avons pour cela passé un accord avec Pollutec.

Un avenir au Maroc, moins en Algérie, peut-être en Tunisie
Jean-Claude Andréini : Le Maroc semble le plus intéressant par le nombre des projets, le développement de la société, les possibilités offertes aux entreprises étrangères. En Algérie c’est plus difficile, il faut un mariage d’entreprises françaises et algériennes qui pose notamment la question du rapatriement des bénéfices ; clairement le gouvernement algérien a une volonté de réguler fermement l’entrée des entreprises étrangères. Ce n’est pas là que les éco entreprises françaises accélèreront leur développement.
econostrum.info : La Tunisie ?
Jean-Claude Andréini : La Tunisie est d’abord un marché plus petit, où le savoir faire des éco entreprises est déjà important. Il est donc plus délicat de s’y positionner, sauf pour y vendre des produits innovants ou des process. En revanche, établir des relations entre éco entreprises françaises et tunisiennes peut être très profitable aux partenaires, car les Tunisiens sont d’excellents relais pour vendre en Afrique, justement en raison de la notoriété de leurs savoirs faire. .