
De gauche à droite : Gilles Mettetal, directeur « Agribusiness » de la BERD, Carlos Cabanas Godino, Secrétaire général, ministère espagnol de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement ; Jonathan Charles (directeur Communication de la BERD) ; Claudio Cortese, Premier Secrétaire Général Adjoint de l'UpM ; Laurent Thomas, Sous-Directeur général de la FAO (photo FM)
MEDITERRANEE. L'Union pour la Méditerranée (UpM) a orchestré le grand rendez-vous des 5 et 6 mai 2015 au Palau de Pedralbes de Barcelone, baptisé « Forum sur la contribution du secteur privé à la sécurité alimentaire dans la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen ». Deux jours de réflexions à Barcelone, au siège de l'Union pour la Méditerranée, avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD).
Cet intitulé recouvre bien plus d'une réalité, rappelle Claudio Cortese, Premier Secrétaire Général adjoint de l'UpM : « Cette question oblige à répondre à trois grands défis qui concernent l'évolution du secteur agricole et des besoins d'alimentation, avec d'abord l'accroissement très sensible de la population au sud de la Méditerranée, et la demande croissante qui en découle ; ensuite l'appauvrissement des ressources naturelles , à commencer par la diminution des ressources en eau, et en troisième lieu le changement climatique, qui accélère ce processus d'appauvrissement. » Claudio Cortese rappelant dans la foulée qu'il ne s'agit pas d'un problème de la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (SEMED), ni même « du sud », mais de l'ensemble de la Méditerranée... et même au-delà.
Car, si les répercussions demeurent certes inquiétantes pour les paysans des pays d'Afrique du Nord, premiers concernés par l'urgence, l'Europe n'y échappe pas : la gestion de l’eau ou les soubresauts consécutifs à la crise en Ukraine (gros exportateur de blé, et dont le premier ministre était d'ailleurs présent à Barcelone) en sont des illustrations flagrantes.
Cet intitulé recouvre bien plus d'une réalité, rappelle Claudio Cortese, Premier Secrétaire Général adjoint de l'UpM : « Cette question oblige à répondre à trois grands défis qui concernent l'évolution du secteur agricole et des besoins d'alimentation, avec d'abord l'accroissement très sensible de la population au sud de la Méditerranée, et la demande croissante qui en découle ; ensuite l'appauvrissement des ressources naturelles , à commencer par la diminution des ressources en eau, et en troisième lieu le changement climatique, qui accélère ce processus d'appauvrissement. » Claudio Cortese rappelant dans la foulée qu'il ne s'agit pas d'un problème de la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (SEMED), ni même « du sud », mais de l'ensemble de la Méditerranée... et même au-delà.
Car, si les répercussions demeurent certes inquiétantes pour les paysans des pays d'Afrique du Nord, premiers concernés par l'urgence, l'Europe n'y échappe pas : la gestion de l’eau ou les soubresauts consécutifs à la crise en Ukraine (gros exportateur de blé, et dont le premier ministre était d'ailleurs présent à Barcelone) en sont des illustrations flagrantes.
Collaboration indispensable entre public et privé
Et quand ils ne sont pas directement liés, surgit l’impression que les problèmes de sécurité alimentaire se posent « en miroir » de part et d'autre de la Méditerranée. Quand il s'agit de résoudre la malnutrition côté sud, c'est l'obésité et ses conséquences sur la santé qui se posent de l'autre ; lorsque le sud se concentre sur la gestion de ressources de plus en plus faibles, le nord s'interroge sur la gestion des déchets alimentaires, pure aberration et économique et véritable scandale moral.
« La vérité, c'est que nous sommes tous liés par le même sort et les mêmes enjeux en Méditerranée », souligne Laurent Thomas, directeur général adjoint de l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) , « parce que la question de la sécurité alimentaire est un enjeu d'équilibre pour toute la région, d'autant qu'il faudra répondre demain avec davantage d'acuité à une jeunesse qui représente aujourd'hui plus de 60 % de la population dans la région SEMED. »
Tout le pari tient dans la capacité de transformer ces difficultés en opportunités pour développer notamment l'emploi dans cette région… Vaste chantier, certes, mais impossible à esquiver confirme Gilles Mettetal, directeur du département « Agribusiness » à la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) : « Il faut cependant être bien conscient que lorsqu’on parle de sécurité alimentaire, nous voyons beaucoup de représentants de gouvernements et d'ONG et bien peu d'acteurs privés », là où une collaboration entre public et privé reste indispensable. La BERD envisage d'investir 300 M€ dans les entreprises du secteur agroalimentaire de la région, pour aider notamment aux exportations de fruits et légumes, et tenter de redresser la balance dans une région SEMED qui importe la moitié de ses produits alimentaires de base.
« La vérité, c'est que nous sommes tous liés par le même sort et les mêmes enjeux en Méditerranée », souligne Laurent Thomas, directeur général adjoint de l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) , « parce que la question de la sécurité alimentaire est un enjeu d'équilibre pour toute la région, d'autant qu'il faudra répondre demain avec davantage d'acuité à une jeunesse qui représente aujourd'hui plus de 60 % de la population dans la région SEMED. »
Tout le pari tient dans la capacité de transformer ces difficultés en opportunités pour développer notamment l'emploi dans cette région… Vaste chantier, certes, mais impossible à esquiver confirme Gilles Mettetal, directeur du département « Agribusiness » à la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) : « Il faut cependant être bien conscient que lorsqu’on parle de sécurité alimentaire, nous voyons beaucoup de représentants de gouvernements et d'ONG et bien peu d'acteurs privés », là où une collaboration entre public et privé reste indispensable. La BERD envisage d'investir 300 M€ dans les entreprises du secteur agroalimentaire de la région, pour aider notamment aux exportations de fruits et légumes, et tenter de redresser la balance dans une région SEMED qui importe la moitié de ses produits alimentaires de base.
« Il y a urgence »
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Les rencontres organisées à Barcelone doivent permettre en ce sens de consolider un schéma d'action « en triangle », pour reprendre la figure de Claudio Cortese, dont la BERD, la FAO et l'Union pour la Méditerranée forment les trois pointes : « La première pour gérer les questions de financement, la deuxième pour se concentrer sur les ressources naturelles, et l'UpM jouant son rôle d'intégration de de coopération » entre ses 43 États membres. C'est déjà une base où l'Union pour la Méditerranée trouve toute sa place, et surtout son sens : « À nous de susciter des partenariats entre les différents acteurs, pour une meilleure coopération évidemment entre nord et sud, mais aussi d'assumer notre fonction de « laboratoire de connaissances ».
« Il y a urgence » , confirme Laurent Thomas, soulignant que la région SEMED devrait enregistrer une forte croissance démographique pour atteindre 360 millions d'habitants en 2030. Parallèlement, le changement climatique pourrait entraîner une diminution des précipitations de 10 à 40 % d'ici 2050. Une tendance effectivement dramatique alors que 85 % de l’eau dans cette région est dédiée à l’agriculture.
« Il y a urgence » , confirme Laurent Thomas, soulignant que la région SEMED devrait enregistrer une forte croissance démographique pour atteindre 360 millions d'habitants en 2030. Parallèlement, le changement climatique pourrait entraîner une diminution des précipitations de 10 à 40 % d'ici 2050. Une tendance effectivement dramatique alors que 85 % de l’eau dans cette région est dédiée à l’agriculture.
Prise de conscience
La conférence de Barcelone ne se veut évidemment qu’une étape qui laissera sans doute plus de questions qu’elle n’apportera de réponses sur ce thème de la sécurité alimentaire. Mais, il s'agit d'un pas nécessaire : la matérialisation de la prise en considération d'un sujet qui explique en grande partie le sort funeste des naufragés en Méditerranée.
Le rendez vous organisé par l'Union pour la Méditerranée n'a pas vocation à soulager les consciences, mais à faire prendre conscience de la gravité du thème. Sans occulter les déséquilibres entre les grandes industries agro-alimentaires et les petits producteurs, qui représentent l'essentiel de la production au sud de la Méditerranée. Il est d'ailleurs intéressant de noter que la question n'a pas été esquivée à Barcelone, où Claudio Cortese a reconnu les difficultés de financement des producteurs du sud, « liées d'abord aux problèmes de garanties. » Le représentant de l'Union pour la Méditerranée a promis une conférence d'ici la fin de l’année 2015 pour trouver des solutions de financement efficaces à ces petits producteurs, qui sont aussi les premiers investisseurs agricoles en Afrique du nord ! Il ne faut sans doute pas rêver à une « politique agricole commune » de la Méditerranée, mais l'UpM peut en tout cas être la matrice de cette utopie.
Le rendez vous organisé par l'Union pour la Méditerranée n'a pas vocation à soulager les consciences, mais à faire prendre conscience de la gravité du thème. Sans occulter les déséquilibres entre les grandes industries agro-alimentaires et les petits producteurs, qui représentent l'essentiel de la production au sud de la Méditerranée. Il est d'ailleurs intéressant de noter que la question n'a pas été esquivée à Barcelone, où Claudio Cortese a reconnu les difficultés de financement des producteurs du sud, « liées d'abord aux problèmes de garanties. » Le représentant de l'Union pour la Méditerranée a promis une conférence d'ici la fin de l’année 2015 pour trouver des solutions de financement efficaces à ces petits producteurs, qui sont aussi les premiers investisseurs agricoles en Afrique du nord ! Il ne faut sans doute pas rêver à une « politique agricole commune » de la Méditerranée, mais l'UpM peut en tout cas être la matrice de cette utopie.