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La rigueur comme seule réponse à la crise financière


Rédigé par Ludivine Tur, le Mercredi 26 Juin 2013 - Lu 3054 fois

L'Europe du Sud applique une même recette pour réduire endettements et déficits : la rigueur.


photo Supermariolxpt (licence CC)
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EUROPE DU SUD. En plus de problèmes spécifiques à chaque pays, bulle immobilière, corruption, fraude fiscale..., l'Europe du Sud a dû affronter en moins de cinq ans deux crises financières. La première, celle des prêts hypothécaires à taux variables (subprimes), a poussé les États à financer leurs banques menacées de faillite et à injecter des sommes importantes dans l'économie pour soutenir l'activité. Ces politiques ont augmenté dangereusement des déficits déjà trop importants et ce sont finalement les États qui se retrouvent depuis trois ans confrontés à une crise de la dette les obligeant à mettre en place des politiques de rigueur.

Face à ces dérapages, l'Union européenne a créé la stratégie « Europe 2020 ». Elle fait suite à l'échec du plan de Lisbonne achevé en 2010. Il s'agit de coordonner plus étroitement les politiques économiques des états membres, d'éviter les déficits publics excessifs et de garantir la discipline budgétaire. Tout cela en restant dans l'optique du pacte de stabilité et de croissance.

En fait de coordination, tous les pays d'Europe du Sud poursuivent des politiques de rigueur agissant toutes sur les mêmes leviers, mais à des degrés divers.

Ainsi, la France a gelé les dépenses de l'État pour trois ans, a diminué l'ampleur des niches fiscales de 5 mrds €, réalise des économies dans la fonction publique, 31 000 emplois supprimés en 2011, et tente de réduire le déficit de la sécurité sociale. Sans oublier bien sûr la réforme des retraites. L'âge légal de départ à la retraite est déjà passé à 62 ans en 2010. L'ancien comme le nouveau gouvernement suivent une politique économique finalement très comparable, avec en prime dans la version socialiste de la rigueur d'importantes hausses d'impôts. Au total, le budget 2013 représente un effort de 40 mrds € demandé aux Français.

Plans sévères en Grèce et au Portugal

© econostrum.info
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Un peu plus au sud, les Espagnols se voient administrer une potion amère, même brutale, avec des hausses massives d’impôts, de 1% de la TVA, le gel de la revalorisation des retraites et un départ de plus en plus tardif de la vie active (de 65 à 67 ans). La fonction publique est elle aussi touchée avec une baisse du nombre de fonctionnaires, -15 000 emplois. La politique de rigueur espagnole passe également par une diminution des indemnités de licenciement, par des privatisations partielles dans les aéroports, les loteries et les paris. Les chômeurs de longue durée se sont vus retirer une prime de 426€, la prime à la naissance n'existe plus. Les députés espagnols ont voté fin 2012 un budget 2013 marqué par un tour de vis de 39 mrds €. D'ici fin 2014, les économies devraient dépasser les 100 mrds €.

L'Italie applique peu ou prou les mêmes recettes avec des plans de rigueur à répétition. La réduction des dépenses publiques se traduit par un gel pendant trois ans des salaires des fonctionnaires et la baisse de leur nombre de 10%, mais aussi par une chasse à la fraude fiscale. Parmi les multiples mesures prises, citons la réduction des aides aux partis politiques de 50%, ainsi que des financements alloués aux associations caritatives. La recherche et les universités voient leurs crédits rognés. Fin 2011, le gouvernement de Mario Monti a fixé à 66 ans de l'âge de la retraite pour les hommes et à 62 ans pour les femmes.

Au Portugal, le gouvernement a carrément baissé les salaires des fonctionnaires de 5%, suivi d'un gel des feuilles de paie pendant quatre ans. Dans le même temps, la population a vu la TVA augmenter de 4% et ses impôts grimper de 1 à 1,5%. De multiples taxes ont vu le jour, sur les plus-values, le tabac, l'alcool, le luxe, le carburant. Plusieurs plans de privatisation ont concerné les secteurs des transports, de l'énergie, des assurances. Les autorités portugaises ont reporté de nombreux investissements publics, comme la construction d'un nouvel aéroport à Lisbonne. Elles ont également engagé des coupes sombres en matière de santé et d'éducation.

Après 2013

Mais nulle part ailleurs la rigueur n'est aussi drastique qu'en Grèce. Avec un gel des embauches, une baisse de 30 à 60% des salaires de la fonction publique, une hausse de la TVA de 2%, la suppression des 13e et 14e mois de salaire pour les fonctionnaires, une augmentation du taux de cotisations de la sécurité sociale, un relèvement de l'âge de départ à la retraite et du nombre d'années cotisées. Ici aussi de nouvelles taxes font jour en même temps que la crise : sur les bénéfices des entreprises, sur les licences de jeux d'argent et plus important, sur les carburants, l'alcool, les médicaments et le tabac. Le gouvernement grec cherche de nouvelles sources d'économies en réduisant les dépenses de santé, -200 M€/an en 2011 puis -333 M€ en 2013, en diminuant les budgets du ministère de la Défense et les investissements dans des projets d'infrastructures.

La rigueur se poursuivra après 2013. Ainsi le Portugal prévoit un allongement des horaires de travail de 35 à 40 heures par semaine pour les fonctionnaires, une réduction du nombre de fonctionnaires d'environ 30 000 postes, un départ à la retraite plus tardif, qui passera à 66 ans et des coupes budgétaires dans ses ministères.

Le gouvernement espagnol veut réduire les prestations chômage de plus de 6,3%. Le budget des ministères se voit réduit de 8,9%, avec des « sacrifiés » comme celui de l'industrie de 21,3%, celui de l'agriculture de 25,4%, celui de l'éducation, de la culture et des sports de 17,2%.

En mai 2013, le président français François Hollande annonçait une nouvelle formule « vivre plus pour travailler un peu plus ». Une réforme sera mise en place dans le courant de l'année 2013. François Hollande ne touchera pas à l'âge de départ à la retraite, mais veut allonger le temps de cotisation, ce qui revient au même.

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