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La future métropole Aix-Marseille-Provence peut devenir la capitale "iconomique" de la Méditerranée


Rédigé par , le Mercredi 24 Juin 2015 - Lu 3089 fois

Dans son rapport remis à la CCI Marseille-Provence, l'économiste Christian Saint-Etienne démontre le fort potentiel de la métropole d'Aix-Marseille-Provence qui verra le jour le 1er janvier 2016. Ses atouts pourraient lui permettre de devenir un moteur de développement de la France et même de l'Europe.


Christian Saint-Etienne croit très fort au potentiel de la future métropole à condition de s'en donner les moyens dès maintenant (photo F.Dubessy)
Christian Saint-Etienne croit très fort au potentiel de la future métropole à condition de s'en donner les moyens dès maintenant (photo F.Dubessy)
FRANCE. "Le monde économique a besoin d'un regard extérieur, sans concession. Car, nous avons besoin d'une vision économique sans laquelle nous ne ferons rien de cette métropole." Alors que la métropole d'Aix-Marseille-Provence deviendra opérationnelle au 1er janvier 2016, Jacques Pfister a tenu à fournir la feuille de route économique de ce nouvelle ensemble qui regroupera six EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale) et englobera quatre vingt treize communes (1,8 million d'habitants).

Un vaste chantier que le président de la Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence (CCIMP) a confié à l'économiste Christian Saint-Etienne. "Plongé dans le territoire pendant trois mois, j'ai pu mener des entretiens approfondis" précise l'enseignant-chercheur comme il aime à se définir.  "Lors de la création d'un nouvel objet institutionnel, il est assez naturel pour les acteurs politiques locaux de vouloir en tirer quelque pouvoir ! Avec ces consultations, nous avons essayé de trouver une démarche inverse en posant une question : Qu'est ce qui pourrait permette de faire de la métropole un acteur majeur dans le monde ?" précise-t-il.

Dans son rapport de 300 pages, livré mercredi 24 juin 2015 et intitulé "Aix Marseille Provence 2030, le grand dessein économique pour réussir la métropole", Christian Saint-Etienne entend "dresser un diagnostic et proposer un modèle visant à traiter les résistances en contournant les poches de blocage car, nous luttons contre le temps. Nous espérons qu'elles s'auto-équilibreront ou disparaîtront."

Aix-Marseille a une Ferrari, Nice une 2 CV

Jacques Pfister a confié à Christian Saint-Etienne la définition de la vision économique de la future métropole Aix-Marseille-Provence (photo F.Dubessy)
Jacques Pfister a confié à Christian Saint-Etienne la définition de la vision économique de la future métropole Aix-Marseille-Provence (photo F.Dubessy)
Christian Saint-Etienne suggère de pallier en premier lieu les problèmes de mobilité (650 000 déplacements métropolitains par jour) en réglant l'inadaptation et l'engorgement des réseaux de transport et l'insuffisance de l'offre de logements abordables. Il encourage aussi à augmenter le poids de l'industrie et de la R&D privée pour entamer une mutation vers une "iconomie entrepreneuriale". Ce néologisme du journaliste économique Jean-Michel Quatrepoint désigne la nouvelle société créée par la troisième révolution industrielle (née de l'informatisation). "La métropole et la troisième révolution industrielle sont intimement liées" confirme Jacques Pfister selon qui "le territoire est en train de changer."

Pour l'économiste mandaté par la CCIMP, "il faut parler désormais de métropolisation de la croissance. Ce ne sont plus les pays qui croissent mais les grandes villes. La Méditerranée de la troisième révolution industrielle sera constituée de territoires ayant des stratégies ambitieuses de développement, lisibles et visibles par les principaux décideurs mondiaux qui allouent usines, centres de recherche et capitaux aux seuls territoires identifiables et attractifs."

Selon lui, "En France, il faut gagner un point de croissance et pour le gagner, nous devons passer par les territoires et donc les métropoles." Et Christian Saint-Etienne ne tarit pas d'éloges sur l'objet de son rapport. "Dans ma vision de chercheur, une bonne partie de ce point de croissance nécessaire doit provenir de la métropole d'Aix-Marseille-Provence. Sa population est plus importante que celle du Grand Lyon et les Parisiens ne feront pas leur métropole." Et ne lui parlez pas de concurrence avec Nice. "Aix-Marseille a une Ferrari, Nice une 2 CV !" soutient-il.

Un futur Grand port maritime d'Aix-Marseille-Provence

"Aix-Marseille-Provence peut devenir le moteur du développement de la France et même un moteur européen !" certifie l'auteur du rapport. En n'hésitant pas à la qualifier de "future capitale "iconomique" du bassin méditerranéen. Africains et Maghrébins auront envie de venir faire du business ici."
Tout en précisant, et la nuance compte, "à condition que les décisions sur cette vision stratégique soient prises au cours du second semestre 2015 !" Et de citer l'exemple du doublement du Canal de Suez, dont l'inauguration est prévue début août 2015 : "Le port de Marseille doit se donner dès aujourd'hui les moyens d'accueillir le surplus de navires. Sinon, ils iront ailleurs." Il suggère du coup de débaptiser le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) en Grand Port Maritime d'Aix-Marseille-Provence (GPM-AMP) promis à devenir le port de liaison entre l'Asie et l'Europe.

Reste que pour transformer ce territoire grâce à cette métropole associée à une vision économique, il faudra respecter trois contrats : la gouvernance, le financement et les investissements stratégiques. "Et négocier ces trois contrats simultanément dès octobre 2015. Il faut être proactif ! Si ce travail n'est pas effectué et si l'on se contente de se répartir les postes, c'est mort !" insiste Christian Saint-Etienne.

14 à 20 mrds€ d'investissements nécessaires

Le rapport prévoit deux options du financement de ce développement : une disposant d'une enveloppe de 14 mrds€, l'autre de 20 mrds€. "À 99%, les investissements devront concerner le développement économique, stratégique et universitaire" insiste Christian Saint-Etienne. Tous s'affirment comme des investissements massifs sur des projets structurants comme le port, le Plateau de l'Arbois, le foncier économique et immobilier d'entreprise. Et, en puisant dans la seconde enveloppe, des projets comme une ligne de fret ferroviaire au grand gabarit européen de Marseille vers Lyon, l'Allemagne et la Suisse, et Paris et le Benelux. Entre autres...

Selon lui, la métropole d'Aix-Marseille (55 mrds€ de PIB cumulés aujourd'hui) peut "dégager, dès la première année 150 M€ de cash flow qui viendraient servir de levier aux investissements. En 2020, le PIB passerait à 70 mrds€ et à 100 mrds en 2030." La métropole bénéficierait d'un cash flow de 300 M€ en 2018 et de 700 M€ dans les trois ans.

Quant à l'emploi (780 000 aujourd'hui), il effectuerait un bond pour gagner 150 000 postes d'ici à 2030. "150 000 c'est l'écart entre faire et ne rien faire " prévient Christian Saint-Etienne. Cette croissance s'appuiera notamment sur les sept filières d'excellence que sont l'aéronautique (35 000 emplois actuellement), le numérique et la production de contenus (40 000 emplois marchands), le maritime, transport et logistique (54 000 emplois directs), l'eau (9300 salariés privés), l'énergie (10 000 emplois coeur de filière), la santé et le médico-social (76 000 emplois publics et privés) et le tourisme et art de vivre (60 000 emplois salariés). Mais aussi ceux en redéploiement et en émergence comme la microélectronique (5 000 emplois) et le raffinage, la chimie et la plasturgie (10 000 salariés).





1.Posté par JL41 le 25/06/2015 10:23
Rien de très nouveau dans les constats et les secteurs qui pourraient offrir des perspectives de développement, si ce n’est d’augmenter le poids de la R&D privée, mais comment ? 14 à 20 milliards d’investissements, il y aurait forcément un impact, mais comment justifier, où chercher et comment mobiliser 14 à 20 milliards ?
Quant à débaptiser le GPMM pour ajouter Aix dans une nouvelle appellation, c’est un peu petit. S’il faut prendre de la hauteur, autant évoquer un binôme Marseille-Lyon, puisque le port de Marseille travaille de façon croissante avec celui de Lyon, dont il est depuis longtemps actionnaire.
La capacité de l’outil, dans la réalité loin d’être arrosé par les énormes investissements imaginés dans cette étude, peine par rapport à la concurrence. Le port de Gênes n’est-il pas en train de doubler son équipement en portiques overpanamax, bientôt 8 là où Fos en aligne 4 : http://www.lemarin.fr/secteurs-activites/shipping/22295-genes-met-le-paquet-sur-les-portiques-overpanamax
Quant à Nice et l’est de Marseille, ils sont actuellement hors hinterland proche du port de Marseille Fos, tout simplement parce que la L2 a tardé, que le transport de marchandises est nul par le réseau ferroviaire (Nice est approvisionnée à 99 % par le réseau autoroutier) et que le réseau autoroutier est saturé. Pour contribuer au développement du port, il vaut mieux regarder vers Lyon et Nice que d'accoler Aix à son nom.

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