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La difficile reprise du secteur de la croisière en Méditerranée


Rédigé par Gérard Tur, le Mardi 29 Septembre 2020 - Lu 930 fois

Avec les Caraïbes, la Méditerranée constitue l'un de deux spots mondiaux de la croisière. Stoppé pendant plusieurs mois en raison de l'épidémie de Covid-19, le secteur tente timidement de redémarrer l'activité. English version


Le MSC Grandiosa est le premier géant des mers à avoir repris son activité (photo : MSC)
Le MSC Grandiosa est le premier géant des mers à avoir repris son activité (photo : MSC)
MEDITERRANEE. Quelques compagnies proposent de nouveau des croisières, mais sous conditions sanitaires draconiennes. Sur les quatre géants captant l'essentiel du marché ( Royal Caribbean Cruises, Norwegian Cruises, MSC Cruises et Carnival, qui possède entre autres Costa), seul MSC Cruises a tenté l'aventure dès le mois d'août 2020.
 
La compagnie italo-suisse a ouvert les réservations à tous les Européens de l’espace Schengen, avec un itinéraire touchant des ports italiens et maltais. Le MSC Grandiosa a quitté Gênes le 16 août. Il a progressivement embarqué 2 000 passagers au lieu de 6 300. MSC Cruises avait limité, sans réussir à l'atteindre, la jauge à 4 500 passagers, soit un taux de remplissage de 70%.
 
MSC Cruises continue de proposer des activités à bord, mais adaptées à la nécessité d'une distanciation sociale. Les buffets ont disparu au profit d'un service à table, avec prise de température avant de pénétrer dans la salle de restauration. La compagnie a anticipé le pire. En cas de déclaration d'un cas Covid à bord, elle a négocié avec tous les ports d'escales l'autorisation de débarquer le malade pour qu'il soit soigné ou rapatrié. 

Croisières locales avec passagers locaux

Alerte Covid sur le Mein Schiff 6 durant une croisière en Grèce (photo : TUI Cruises)
Alerte Covid sur le Mein Schiff 6 durant une croisière en Grèce (photo : TUI Cruises)
Les autres compagnies ayant repris leurs activités limitent pour l'instant l'embarquement à la clientèle locale. Comme MSC, Costa teste tous ses clients à l’embarquement (arrivées programmées) et limite les "sorties" aux excursions qu'elle organise. Pour l'instant, l'armateur réserve ses croisières aux Italiens.
 
Même prudence pour les Allemands de TUI Cruises. Deux navires ont repris la mer, avec une jauge maximale de 50%, puis de 60%. Au programme pour commencer, les côtes nordiques sans escale au départ de ports germaniques, et dans les cabines, uniquement des Allemands. Un troisième paquebot vient densifier l'offre depuis septembre 2020, au départ de la Grèce, avec des clients arrivant d'Allemagne par vols charters. Une croisière ratée, car le Mein Schiff 6 (900 passagers) a reçu fin septembre des résultats positifs au Covid-19 pour une douzaine de membres d’équipage. Le navire s'est immédiatement mis au mouillage au large de l’île de Milos avant de rejoindre le port du Pirée. De nouveaux tests se sont révélés négatifs lundi 28 septembre, mais pour l'instant, personne ne débarque dans l’attente d’instruction des autorités grecques.

Les armateurs spécialisés dans les navires de taille plus réduite se sont montrés moins frileux. Ce qui semble logique. Habituée aux terres extrêmes, Ponant s'est rabattue sur la France avec des croisières organisées dès juillet 2020. La taille modeste des navires Ponant permet de garantir une « bulle sanitaire et sociale ». Ainsi, lundi 24 septembre, deux navires de croisières ont jeté l'ancre au port de Bastia, le Lyrial (Le Ponant) et La Belle des Océans (Croisieurope).

Toute la filière souffre

Selon l’Association internationale des compagnies de croisières (CLIA), le monde de la croisière a perdu 50 mrds€ entre mars et septembre 2020. Plus de 300 000 salariés ont été directement impactés par l'arrêt brutal de toute activité.
 
Les compagnies souffrent le plus, mais cette situation pénalise également des dizaines de professions : autocaristes, agences de voyage, professions portuaires, guides...
 
Pour l'instant, seuls deux armateurs ont déposé le bilan : Pullmantur et Cruise and Maritime Voyages. Détenu à 51% par Cruises Investment Holding et à 49% par Royal Caribbean Group, la compagnie espagnole Pullmantur possède une flotte de trois navires, le Monarch, le Sovereing et l'Horizon. Ils finiront leur vie dans un chantier de démolition turc. Les six navires du britannique Cruise and Maritime Voyages doivent être vendus aux enchères.
 
Les géants du secteur font le dos rond. Carnival a levé 10 mrds$ (8,5 mrds€) sur les marchés financiers, Norwegian Cruise Line 2 mrds$ (1,7 mrd€). Même à l’arrêt, une flotte coûte chère, de l'ordre de plusieurs centaines de millions de dollars par mois. L'heure est donc à la vente ou à la démolition. Carnival se sépare ainsi d'une quinzaine de navires.
 
Le secteur de la construction navale se trouve également durement touché. Pas ou peu d'annulation dans les chantiers français, italiens, allemands, scandinaves, mais un étalement des livraisons et du paiements des 118 paquebots commandés et livrables théoriquement entre 2020 et 2027. Les États européens participent à cet effort financier via des prêts.




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