LIBYE. La crise politique en Libye, avec deux gouvernements rivaux au pouvoir, a désormais des répercussions sur la production de pétrole. En voyage à Tunis, Fathi Bachagha, Premier ministre désigné par le Parlement basé à Tobrouk, n'a pas pu rejoindre son pays. Il a été bloqué à la frontière tunisienne par les fidèles de l'autre Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah. Nommé en mars 2021 par le Forum du dialogue politique libyen pour assurer l"intérim et préparer des élections nationales (présidentielle et législatives) qui n'ont jamais eu lieu après deux reports, il refuse toujours de quitter son poste.
En représailles, les partisans de Fathi Bachagha ont décidé de brandir, à nouveau comme au temps des deux guerres civiles, l'arme de la manne pétrolière. Et quand les champs et les terminaux deviennent l'otage de la politique libyenne, ce n'est jamais bon signe. Les ressources générées par les hydrocarbures ont contribué à 95% du PIB libyen en 2021 avec des recettes atteignant les 103,4 mrds de dinars libyens (22,39 mrds$ - 19,90 mrds€) selon la Banque centrale de Libye (CBL).
Des groupes du Sud et de l'Est du pays, invoquant des revendications politiques, ont ainsi coupé les vannes dans un premier champ, celui de El Feel (Sud), dimanche 17 avril 2022, suivi le même jour et les jours suivants par ceux de l'Est: Abou Al-Tifl, al-Intissar, al-Nakhla, Al-Charara, Zouetina, al-Sarrir et Al Khaleej. Ainsi que du Nord-Ouest avec Mellitah. Ils entendent par ces actes pousser la communauté internationale à reconnaître comme Premier ministre Fathi Bachagha alors qu'elle continue à soutenir Abdel Hamid Dbeibah. Ces groupes réclament aussi "une répartition équitable"' des revenus des hydrocarbures.
Fathi Bachagha les soutient et a déclaré condamner "le gaspillage de l'argent public et l'exploitation des richesses libyennes au profit d'un gouvernement hors la loi."
En représailles, les partisans de Fathi Bachagha ont décidé de brandir, à nouveau comme au temps des deux guerres civiles, l'arme de la manne pétrolière. Et quand les champs et les terminaux deviennent l'otage de la politique libyenne, ce n'est jamais bon signe. Les ressources générées par les hydrocarbures ont contribué à 95% du PIB libyen en 2021 avec des recettes atteignant les 103,4 mrds de dinars libyens (22,39 mrds$ - 19,90 mrds€) selon la Banque centrale de Libye (CBL).
Des groupes du Sud et de l'Est du pays, invoquant des revendications politiques, ont ainsi coupé les vannes dans un premier champ, celui de El Feel (Sud), dimanche 17 avril 2022, suivi le même jour et les jours suivants par ceux de l'Est: Abou Al-Tifl, al-Intissar, al-Nakhla, Al-Charara, Zouetina, al-Sarrir et Al Khaleej. Ainsi que du Nord-Ouest avec Mellitah. Ils entendent par ces actes pousser la communauté internationale à reconnaître comme Premier ministre Fathi Bachagha alors qu'elle continue à soutenir Abdel Hamid Dbeibah. Ces groupes réclament aussi "une répartition équitable"' des revenus des hydrocarbures.
Fathi Bachagha les soutient et a déclaré condamner "le gaspillage de l'argent public et l'exploitation des richesses libyennes au profit d'un gouvernement hors la loi."
Une production pétrolière réduite de moitié
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Selon la NOC (National Oil Corporation), "la Libye perd actuellement plus de 550 000 barils par jour de production pétrolière en raison des blocages des principaux champs et terminaux d'exportation". Soit près de la moitié de sa production quotidienne équivalente à 1,2 million barils par jour.
Avec 315 000 barils par jour produits, le champ d'Al-Charara (900 km au Sud de Tripoli) est le principal fournisseur de la raffinerie de Zaouia, située à l'Est du pays, qui alimente le marché local en carburants. Al-Charara est opéré par la société Akakus, co-entreprise entre la NOC, l'Espagnol Repsol, le Français TotalEnergies, l'Autrichien OMV et le Norvégien Statoil. Le terminal pétrolier de Zouetina qui a dû lui aussi arrêter ses activités, assure l'exportation d'un quart du pétrole libyen.
La Compagnie nationale des hydrocarbures se dit désormais dans l'incapacité de respecter ses engagements contractuels et se voit contrainte de déclarer l'"état de force majeur" sur le terminal pétrolier de Brega (Est) qui exporte 60 000 barils par jour. Un statut lui permettant de s'exonérer de sa responsabilité en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.
Avec 315 000 barils par jour produits, le champ d'Al-Charara (900 km au Sud de Tripoli) est le principal fournisseur de la raffinerie de Zaouia, située à l'Est du pays, qui alimente le marché local en carburants. Al-Charara est opéré par la société Akakus, co-entreprise entre la NOC, l'Espagnol Repsol, le Français TotalEnergies, l'Autrichien OMV et le Norvégien Statoil. Le terminal pétrolier de Zouetina qui a dû lui aussi arrêter ses activités, assure l'exportation d'un quart du pétrole libyen.
La Compagnie nationale des hydrocarbures se dit désormais dans l'incapacité de respecter ses engagements contractuels et se voit contrainte de déclarer l'"état de force majeur" sur le terminal pétrolier de Brega (Est) qui exporte 60 000 barils par jour. Un statut lui permettant de s'exonérer de sa responsabilité en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.
Crainte d'une nouvelle partition du pays
Face à la situation actuelle, conséquence de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales contre la Russie, ceci ne pouvait pas plus mal tomber. "A l'heure où les prix du pétrole connaissent une remontée significative en raison de l'augmentation de la demande mondiale pour celui-ci, qui est exploitée par tous les pays producteurs pour augmenter leurs revenus pétroliers, le brut libyen subit une vague de fermetures illégales", regrette un communiqué de la NOC. Le même texte insiste sur le fait qu'elle "entraînera de graves préjudice aux puits, aux réservoirs et aux équipements de surface du secteur pétrolier, ainsi que la perte d'opportunités pour le Trésor public de l'Etat à des prix qui pourraient ne pas se répéter avant des décennies".
Le message de son président, Mustafa Sanalla, lancé depuis des années sur l'importance de "neutraliser" le secteur pétrolier et d'éviter tout conflit politique dans le pays, n'a pas été entendu. L'institution craint désormais un retour à la division entre Ouest et Est et donc une instabilité renforcée. Une menace dont s'est aussi fait l'écho l'ONU, mi-mars 2022. La NOC veut également éviter à tout prix une partition de son entreprise.
Le message de son président, Mustafa Sanalla, lancé depuis des années sur l'importance de "neutraliser" le secteur pétrolier et d'éviter tout conflit politique dans le pays, n'a pas été entendu. L'institution craint désormais un retour à la division entre Ouest et Est et donc une instabilité renforcée. Une menace dont s'est aussi fait l'écho l'ONU, mi-mars 2022. La NOC veut également éviter à tout prix une partition de son entreprise.