ESPAGNE. Toutes les personnalités publiques passées ces derniers jours par Barcelone ont dû aller de leur petit commentaire, sous la pression des médias locaux : « Que pensez-vous de l’indépendance de la Catalogne ? ». Une interrogation qui monte en intensité à l'approche du 25 novembre 2012, jour de l'élection du nouveau président à la tête de la Generalitat, siège du gouvernement autonome de Catalogne. Car il s'agit bien d'une élection régionale. Même si tout le monde semble l'avoir oublié. Une amnésie collective due, il faut le reconnaître, à la roublardise d'Artur Mas, représentant du parti de centre droit Convergencia i Unio (CiU), et président sortant de la Generalitat.
Flash-back : deux ans après son élection, alors qu'il n'a accompli que la moitié de son mandat, Artur Mas choisit d'anticiper le scrutin de renouvellement du Parlement de Catalogne. Dans une logique d'affrontement avec le PP (Partido Popular) de Mariano Rajoy, jusqu'ici son allié à l'assemblée régionale, le président de la Generalitat définit la campagne comme le début d'un processus d'autodétermination devant conduire la Catalogne à disposer d'un « État propre », pour ne pas dire « indépendant » (un mot que le candidat s'est mystérieusement interdit de prononcer dans ses discours publics).
L'annonce de la décision d'organiser ces élections anticipées s'inscrit quelques jours après la manifestation populaire du 11 septembre 2012. Jour de la fête « nationale » catalane, elle réunira des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Barcelone (1,5 million de personnes, selon la Generalitat).
Flash-back : deux ans après son élection, alors qu'il n'a accompli que la moitié de son mandat, Artur Mas choisit d'anticiper le scrutin de renouvellement du Parlement de Catalogne. Dans une logique d'affrontement avec le PP (Partido Popular) de Mariano Rajoy, jusqu'ici son allié à l'assemblée régionale, le président de la Generalitat définit la campagne comme le début d'un processus d'autodétermination devant conduire la Catalogne à disposer d'un « État propre », pour ne pas dire « indépendant » (un mot que le candidat s'est mystérieusement interdit de prononcer dans ses discours publics).
L'annonce de la décision d'organiser ces élections anticipées s'inscrit quelques jours après la manifestation populaire du 11 septembre 2012. Jour de la fête « nationale » catalane, elle réunira des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Barcelone (1,5 million de personnes, selon la Generalitat).

Image de campagne sur le Passeig de Gracia, à Barcelone (photo FM)
Stratégie politique
Cette journée du 11 septembre illustre la montée du sentiment nationaliste catalan, soutenu par les grands courants politiques locaux, de droite comme de gauche, dont Esquerra Republicana, qui revendique depuis longtemps une Catalogne séparée du reste de l'Espagne, et qui se positionne désormais comme la deuxième grande force politique derrière CiU.
Il n'empêche, le nouveau credo d'Artur Mas contient quelque chose de « la foi du converti ». D'abord parce que le président de la Generalitat n'avait pas vu d’inconvénient à s'allier au PP pour adopter en Catalogne un budget « de crise » caractérisé par des diminutions de crédits dans les secteurs aussi déterminants que l'éducation (réduction du nombre de postes d'enseignants) ou la santé (suppression de lits dans les hôpitaux et instauration de la contribution de 1 € par ordonnance pharmaceutique). Au plus bas dans les sondages au printemps 2012, en raison de cette politique d'austérité, Artur Mas se retrouve pourtant aujourd'hui promis à une nette victoire au soir du 25 novembre 2012, voire à la majorité absolue au parlement régional ! Le drapeau rouge et jaune de la Catalogne possède donc des effets stimulants... pour le leader de Convergencia i Unio.
Il n'empêche, le nouveau credo d'Artur Mas contient quelque chose de « la foi du converti ». D'abord parce que le président de la Generalitat n'avait pas vu d’inconvénient à s'allier au PP pour adopter en Catalogne un budget « de crise » caractérisé par des diminutions de crédits dans les secteurs aussi déterminants que l'éducation (réduction du nombre de postes d'enseignants) ou la santé (suppression de lits dans les hôpitaux et instauration de la contribution de 1 € par ordonnance pharmaceutique). Au plus bas dans les sondages au printemps 2012, en raison de cette politique d'austérité, Artur Mas se retrouve pourtant aujourd'hui promis à une nette victoire au soir du 25 novembre 2012, voire à la majorité absolue au parlement régional ! Le drapeau rouge et jaune de la Catalogne possède donc des effets stimulants... pour le leader de Convergencia i Unio.
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Lors de la manifestation du 11 septembre 2012 dans la capitale catalane (photo FM)
Crispation entre la Catalogne et l’État central
Si la stratégie politique semble évidente, il ne faut cependant pas nier le réel malaise d'une grande partie des Catalans vis-à-vis du gouvernement central espagnol. Et les raisons existent, surtout depuis 2010 et le refus du tribunal constitutionnel de reconnaître le statut de « nation » à la Catalogne en 2010 ; un statut pourtant approuvé depuis 2006 après un long processus démocratique (ponctué par le vote des députés et un référendum populaire).
La crispation relève aussi -et surtout- d'un fondement économique. En cause : le système fiscal espagnol qui amputerait chaque année la Catalogne de 16 mrds € (soit 8% de son PIB). Dans une région qui accuse un déficit public de 14 mrds €, les tenants de l'indépendantisme font rapidement leurs comptes. D'autant que les Catalans se plaignent aussi du manque d'équité en termes d'infrastructures, déplorant le faible engagement de l’État dans l'aménagement du corridor méditerranéen. De fait, quel que soit le résultat des élections, la redéfinition des rapports entre la Generalitat et le pouvoir central demeurera l'un des enjeux majeurs au lendemain du scrutin.
La crispation relève aussi -et surtout- d'un fondement économique. En cause : le système fiscal espagnol qui amputerait chaque année la Catalogne de 16 mrds € (soit 8% de son PIB). Dans une région qui accuse un déficit public de 14 mrds €, les tenants de l'indépendantisme font rapidement leurs comptes. D'autant que les Catalans se plaignent aussi du manque d'équité en termes d'infrastructures, déplorant le faible engagement de l’État dans l'aménagement du corridor méditerranéen. De fait, quel que soit le résultat des élections, la redéfinition des rapports entre la Generalitat et le pouvoir central demeurera l'un des enjeux majeurs au lendemain du scrutin.

Le débat sur l'indépendance s'affiche jusque dans le métro (photo FM)
Confusion
Pour l'heure, réelle ou fantasmée, la volonté d'indépendantisme occulte toute autre forme de débat de la campagne électorale, jusqu'aux informations retentissantes de corruption publiées ces jours derniers par le quotidien El Mundo ; Le journal accuse Artur Mas et son coreligionnaire Jordi Pujol (ex président de la Generalitat) de détenir des comptes occultes en Suisse et au Liechtenstein. Des allégations extrêmement graves auxquelles les dirigeants répliquent en déposant plusieurs plaintes en justice. Cet affrontement rajoute une couche de suspicion, alors que le mouvement politique d'Artur Mas (Convergencia Democratica de Catalunya, appartenant à CiU) se trouve déjà impliqué dans un dossier judiciaire de financement illicite et possible enrichissement personnel.
Ces affaires provoquent également davantage de confusion dans un débat politique « au ras des pâquerettes », où l'une des questions les plus débattues ces dernières semaines aura été de savoir dans quel championnat jouerait le club de football de Barcelone si la Catalogne devenait indépendante...
Seule certitude : les candidats aux élections catalanes auront souvent perdu le sens des priorités dans cette campagne. Ce qui se mesurera aussi peut-être dans les urnes le 25 novembre 2012, en nombre d'abstentionnistes.
Ces affaires provoquent également davantage de confusion dans un débat politique « au ras des pâquerettes », où l'une des questions les plus débattues ces dernières semaines aura été de savoir dans quel championnat jouerait le club de football de Barcelone si la Catalogne devenait indépendante...
Seule certitude : les candidats aux élections catalanes auront souvent perdu le sens des priorités dans cette campagne. Ce qui se mesurera aussi peut-être dans les urnes le 25 novembre 2012, en nombre d'abstentionnistes.