TUNISIE. Alors que la situation institutionnelle se trouve dans un flou complet avec l'attente d'un nouveau gouvernement d'unité nationale - le pays a déjà connu trois président et cinq premiers ministres depuis 2011 et la chute de Ben Ali - l'économie tunisienne se trouve noyée au milieu du chômage et de la dette. Les dirigeants tentent aujourd'hui le sauvetage de l'industrie touristique. Il pourrait, sinon régler tous les problèmes, du moins remettre le pays à flot en remplissant des caisses qui en ont bien besoin. Ce secteur participe à hauteur de 7% au PIB de la Tunisie et emploie 14% de la population active. Directement et indirectement, le tourisme fait travailler plus de deux millions de personnes sur une population de moins de onze millions d'habitants.
La tâche s'avère lourde pour Salma Elloumi-Rekik, ministre tunisienne du tourisme. L'année 2015 s'est achevée avec une chute de 35,1% des recettes touristiques (3,62 mrds de dinars tunisiens soit 1,5 mrd€) et un nombre d'arrivées aux frontières de 5,35 millions en baisse de 25,2% par rapport à 2014. La ministre table pourtant sur l'arrivée de six millions de touristes étrangers en 2016 dont une grande partie cet été. Ils étaient encore 7,16 millions en 2014 et 7,82 millions en 2010.
La tâche s'avère lourde pour Salma Elloumi-Rekik, ministre tunisienne du tourisme. L'année 2015 s'est achevée avec une chute de 35,1% des recettes touristiques (3,62 mrds de dinars tunisiens soit 1,5 mrd€) et un nombre d'arrivées aux frontières de 5,35 millions en baisse de 25,2% par rapport à 2014. La ministre table pourtant sur l'arrivée de six millions de touristes étrangers en 2016 dont une grande partie cet été. Ils étaient encore 7,16 millions en 2014 et 7,82 millions en 2010.
La fréquentation touristique en chute de 66%

Le ministère tunisien du tourisme tente de relancer cette industrie indispensable à l'économie tunisienne (photo F.Dubessy)
En six ans, la fréquentation touristique a baissé de 66%. Et les signaux restent au rouge. Le baromètre du site de réservation de vacances Opodo prévoyait des réservations en baisse de 68% pour l'été 2016 en Tunisie.
Entre mars 2015 et mars 2016, le nombre de touristes français chutait encore de 30%. Un chiffre encore plus important chez leurs voisins. Les Allemands sont 35% de moins à partir et 55,9% pour les Italiens. Le tour opérateur Thomas Cook UK a décidé de supprimer la Tunisie de ses destinations au départ de la Grande Bretagne. Comme le groupe Francorosso/Alpitours au départ de l’Italie. Le maintien des restrictions de voyage par le Foreign Office reste l’une des principales causes de ce recul sur le marché européen. Les touristes du « vieux continent » représentaient 60% des vacanciers entrants sur le sol tunisien en 2009.
Samedi 18 juin 2016, la ministre du tourisme affirmait que la campagne "Live from Tunisia" était une "réussite". Quinze clips "True Tunisia", viraux sur les réseaux sociaux, dévoilent les hauts lieux du tourisme local. L'objectif étant de montrer aux citadins des grandes villes européennes l'ambiance sur les haut lieux touristiques tunisiens. Le vrai visage de la Tunisie.
Campagne électronique mais aussi séduction sur le terrain. L'ONTT (Office national du tourisme tunisien) et la compagnie aérienne nationale Tunisair organisait ainsi début juin 2016 un voyage de représentants syndicaux français (CGT, CFDT et FO). Objectif : les persuader de devenir prescripteur des vacances en Tunisie auprès de leurs comités d'entreprises et associations de tourisme social et solidaire. Un marché de onze millions de prospects ! A l'époque florissante du tourisme tunisien, 450 000 vacanciers français sur les 1,4 million recensés provenaient des comités d'entreprise et autres associations.
Entre mars 2015 et mars 2016, le nombre de touristes français chutait encore de 30%. Un chiffre encore plus important chez leurs voisins. Les Allemands sont 35% de moins à partir et 55,9% pour les Italiens. Le tour opérateur Thomas Cook UK a décidé de supprimer la Tunisie de ses destinations au départ de la Grande Bretagne. Comme le groupe Francorosso/Alpitours au départ de l’Italie. Le maintien des restrictions de voyage par le Foreign Office reste l’une des principales causes de ce recul sur le marché européen. Les touristes du « vieux continent » représentaient 60% des vacanciers entrants sur le sol tunisien en 2009.
Samedi 18 juin 2016, la ministre du tourisme affirmait que la campagne "Live from Tunisia" était une "réussite". Quinze clips "True Tunisia", viraux sur les réseaux sociaux, dévoilent les hauts lieux du tourisme local. L'objectif étant de montrer aux citadins des grandes villes européennes l'ambiance sur les haut lieux touristiques tunisiens. Le vrai visage de la Tunisie.
Campagne électronique mais aussi séduction sur le terrain. L'ONTT (Office national du tourisme tunisien) et la compagnie aérienne nationale Tunisair organisait ainsi début juin 2016 un voyage de représentants syndicaux français (CGT, CFDT et FO). Objectif : les persuader de devenir prescripteur des vacances en Tunisie auprès de leurs comités d'entreprises et associations de tourisme social et solidaire. Un marché de onze millions de prospects ! A l'époque florissante du tourisme tunisien, 450 000 vacanciers français sur les 1,4 million recensés provenaient des comités d'entreprise et autres associations.
L'état d'urgence prolongé
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Parallèlement, l'ONTT et le tour-opérateur Anex Tour recevaient à Djerba, voici quelques jours une cinquantaine de journalistes et de blogueurs russes pour leur faire découvrir la Tunisie. Et surtout répondre sur le terrain à la mise en garde contre la croissance de la menace terroriste en Tunisie émise par l'Agence fédérale russe du tourisme.
Engagé dans un plan de développement 2016-2020, le pays tente aussi de séduire les investisseurs étrangers susceptibles de participer financièrement au lancement d'une cinquantaine de grands projets dont certains concernent les aéroports.
Si la reconquête est engagée, les efforts se trouvent vite balayés. Comme ce lundi 20 juin 2016 avec l'annonce par le président Béji Caïd Essebsi de la prolongation encore pour un mois de l'état d'urgence. Décrété le 24 novembre 2015, il avait été prorogé en mai 2016 "au moins jusqu'au 23 juin 2016". A quelques jours de l'échéance, nous savons désormais que l'été 2016 restera sous le signe de l'état d'urgence. Un mauvais message envoyé aux touristes qui hésitaient à venir en Tunisie.
Et qui porte une sérieuse ombre à l'annonce plutôt rassurante d'Omar Messaoud, directeur général de la sécurité publique, du déploiement de 1 500 agents de sécurité supplémentaires, ainsi que soixante douze postes de sécurité sur les plages pour la saison touristique de 2016. Le 18 juin 2016, lors de sa visite à la station touristique de Yasmine Hammamet, il précisait que « des précautions importantes ont été prises pour garantir le bon séjour des touristes ». Ce système de sécurité concernera principalement les plages, mais aussi les circuits touristiques et la voie publique. Des patrouilles mobiles s’ajouteront aux postes de sécurité prévus.
Engagé dans un plan de développement 2016-2020, le pays tente aussi de séduire les investisseurs étrangers susceptibles de participer financièrement au lancement d'une cinquantaine de grands projets dont certains concernent les aéroports.
Si la reconquête est engagée, les efforts se trouvent vite balayés. Comme ce lundi 20 juin 2016 avec l'annonce par le président Béji Caïd Essebsi de la prolongation encore pour un mois de l'état d'urgence. Décrété le 24 novembre 2015, il avait été prorogé en mai 2016 "au moins jusqu'au 23 juin 2016". A quelques jours de l'échéance, nous savons désormais que l'été 2016 restera sous le signe de l'état d'urgence. Un mauvais message envoyé aux touristes qui hésitaient à venir en Tunisie.
Et qui porte une sérieuse ombre à l'annonce plutôt rassurante d'Omar Messaoud, directeur général de la sécurité publique, du déploiement de 1 500 agents de sécurité supplémentaires, ainsi que soixante douze postes de sécurité sur les plages pour la saison touristique de 2016. Le 18 juin 2016, lors de sa visite à la station touristique de Yasmine Hammamet, il précisait que « des précautions importantes ont été prises pour garantir le bon séjour des touristes ». Ce système de sécurité concernera principalement les plages, mais aussi les circuits touristiques et la voie publique. Des patrouilles mobiles s’ajouteront aux postes de sécurité prévus.
L'ONTT se démunit de ses représentants à l'étranger
Malgré les campagnes, mais aussi l'usage désespéré de la méthode Coué, l'effet des attentats continue à peser sur la destination. Même un an après celui de la plage de Port El-Kantaoui, près de Sousse (26 juin 2015 - 38 morts) et après la fusillade du Bardo (18 mars 2015 - 24 morts). Ces attaques terroristes, comme celles plus récentes d'un bus de la garde présidentielle à Tunis (novembre 2015 - 12 morts) et de djihadistes contre les forces de sécurité tunisienne à Ben Gardane (7 mars 2016 - 55 morts dont 36 assaillants), viennent à chaque fois frapper de plein fouet un secteur déjà sérieusement malmené depuis les Printemps arabes de 2010/2011.
Malheureusement, le manque de touristes, donc de ressources, conduisent paradoxalement aujourd'hui à limiter les moyens financiers de l'ONTT. Et donc à revoir les coûts de fonctionnement de ses implantations. L'Office national du tourisme tunisien s'engage même dans une restructuration. Au 30 juin 2016, il rapatriera huit de ses représentants en poste à l'étranger (Paris, Francfort, Moscou, Londres, Milan, Stockholm) et fermera son bureau de Zurich, le seul présent en Suisse. Le bureau de Vienne (Autriche) couvrira le marché suisse. Même si ses responsables parlent aussi d'un redéploiement vers d'autres marchés (Afrique, Asie, pays du Golfe), cette décision reste symptomatique de l'état de santé du tourisme tunisien et de la Tunisie.
Lire aussi :Tunisie : la baisse du tourisme impacte d’autres pans de l’économie
Malheureusement, le manque de touristes, donc de ressources, conduisent paradoxalement aujourd'hui à limiter les moyens financiers de l'ONTT. Et donc à revoir les coûts de fonctionnement de ses implantations. L'Office national du tourisme tunisien s'engage même dans une restructuration. Au 30 juin 2016, il rapatriera huit de ses représentants en poste à l'étranger (Paris, Francfort, Moscou, Londres, Milan, Stockholm) et fermera son bureau de Zurich, le seul présent en Suisse. Le bureau de Vienne (Autriche) couvrira le marché suisse. Même si ses responsables parlent aussi d'un redéploiement vers d'autres marchés (Afrique, Asie, pays du Golfe), cette décision reste symptomatique de l'état de santé du tourisme tunisien et de la Tunisie.
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