econostrum.info : Comment la Tunisie s'intègre dans la nouvelle économie du digital, cette industrie 4.0 ?
Karim Koundi : En Tunisie, comme dans toute l'Afrique, le vrai enjeu est de savoir comment faire embarquer ces pays dans cette nouvelle forme d'économie basée sur le digital et l'écosystème d'innovation. Il existe un vrai souci de l'employabilité des jeunes. Leur population est très importante en Afrique.
Selon la plupart des estimations, d'ici 2050, il faudra créer plus de 80 000 emplois par jour dans cette région. La seule solution pour répondre à ce défi est de réussir à faire prendre à ces pays ce virage technologique car, ce sont, justement, des sujets portés par la jeunesse.
Les pays de cette région, comme la Tunisie, se basent plutôt sur des économies avec un Etat qui assiste. Ce modèle arrive à son bout. Il va être remplacé par l'auto-emploi, l'entrepreneuriat, qui se développe avec l'écosystème d'innovation.
Karim Koundi : En Tunisie, comme dans toute l'Afrique, le vrai enjeu est de savoir comment faire embarquer ces pays dans cette nouvelle forme d'économie basée sur le digital et l'écosystème d'innovation. Il existe un vrai souci de l'employabilité des jeunes. Leur population est très importante en Afrique.
Selon la plupart des estimations, d'ici 2050, il faudra créer plus de 80 000 emplois par jour dans cette région. La seule solution pour répondre à ce défi est de réussir à faire prendre à ces pays ce virage technologique car, ce sont, justement, des sujets portés par la jeunesse.
Les pays de cette région, comme la Tunisie, se basent plutôt sur des économies avec un Etat qui assiste. Ce modèle arrive à son bout. Il va être remplacé par l'auto-emploi, l'entrepreneuriat, qui se développe avec l'écosystème d'innovation.
"L'Etat n'assiste plus, il passe des commandes"
Est-il plus facile à mettre en place ce modèle en Tunisie, petit pays et où les jeunes bénéficient d'une bonne formation, que dans d'autres ?
K.K. : Oui, mais il existe des pré-requis à tout cela. Le premier est de disposer de toute l'infrastructure, donc d'un accès à une connexion Internet. Nous constatons une grande disparité au niveau des pays, et la Tunisie demeure assez avancée là-dessus. Le deuxième point repose sur les compétences. Notre pays produit 12 000 ingénieurs diplômés par an. Même avec le phénomène de fuite des compétences en Europe, qui impacte de plus en plus la Tunisie, ceci reste un atout.
Troisième volet, avoir un environnement favorable pour développer les start-up. Ceci demande un cadre juridique plus adapté, des avantages fiscaux, et un Etat qui joue son rôle pour développer ce type d'écosystème.
Ces trois leviers sont nécessaires.
Des initiatives, comme les Smart Cities, notamment à Bizerte, facilitent ce développement ?
K.K. : Un projet comme celui des Smart Cities va attirer des financements colossaux et en même temps permettre de développer toute une industrie digitale et numérique autour. C'est aussi à l'Etat de mettre cela en place. Il se trouve désormais plus dans un rôle de donneur d'ordres et doit passer des commandes de méga-projets. Ceci va assurer la création d'emplois, mais aussi, surtout, amener toute l'expertise et l'industrie autour.
C'est un peu ce que font les Chinois. La Chine s'est développée dans la tech et l'innovation, grâce à la commande publique. C'est la locomotive.
K.K. : Oui, mais il existe des pré-requis à tout cela. Le premier est de disposer de toute l'infrastructure, donc d'un accès à une connexion Internet. Nous constatons une grande disparité au niveau des pays, et la Tunisie demeure assez avancée là-dessus. Le deuxième point repose sur les compétences. Notre pays produit 12 000 ingénieurs diplômés par an. Même avec le phénomène de fuite des compétences en Europe, qui impacte de plus en plus la Tunisie, ceci reste un atout.
Troisième volet, avoir un environnement favorable pour développer les start-up. Ceci demande un cadre juridique plus adapté, des avantages fiscaux, et un Etat qui joue son rôle pour développer ce type d'écosystème.
Ces trois leviers sont nécessaires.
Des initiatives, comme les Smart Cities, notamment à Bizerte, facilitent ce développement ?
K.K. : Un projet comme celui des Smart Cities va attirer des financements colossaux et en même temps permettre de développer toute une industrie digitale et numérique autour. C'est aussi à l'Etat de mettre cela en place. Il se trouve désormais plus dans un rôle de donneur d'ordres et doit passer des commandes de méga-projets. Ceci va assurer la création d'emplois, mais aussi, surtout, amener toute l'expertise et l'industrie autour.
C'est un peu ce que font les Chinois. La Chine s'est développée dans la tech et l'innovation, grâce à la commande publique. C'est la locomotive.
"Les trois pré-requis sont réunis en Tunisie"
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Où en-est-on aujourd'hui ? Les nouvelles institutions tunisiennes, tout juste mises en place, vont-elles oeuvrer en ce sens ?
K.K. : Ce qui est intéressant en Tunisie, c'est la forte synergie entre la société civile, le secteur privé et l'Etat. Par exemple, le Start up Act, un cadre réglementaire spécifique à ce type d'environnement, a été proposé par la communauté des start-up. Ce sont eux qui ont monté le projet. L'Etat a pu jouer un rôle de facilitateur pour lui permettre d'aboutir.
Nous ne sommes plus dans un modèle où l'Etat définit toutes les règles et après le secteur privé prend le relai. Maintenant, tout s'effectue ensemble, dans une démarche collaborative. Ceci est clef dans cette nouvelle forme d'économie.
Comment voyez-vous l'avenir de la Tunisie dans cette industrie digitale ?
K.K. : Je suis très confiant ! Les trois pré-requis dont j'ai parlé semblent réunis : l'infrastructure, surtout les compétences, et cet environnement en plein ébullition. Aujourd'hui, nous comptons un nombre très important d'incubateurs en Tunisie. Il reste aujourd'hui à franchir un nouveau palier en arrivant à faire émerger des champions du monde qui vont aller opérer sur le marché international. La Tunisie, qu'on le veuille ou pas, reste un petit marché. Ce qui est intéressant avec le digital, c'est l'absence de frontières entre pays. Un développeur basé à Alger peut vendre à un client au Japon. Ceci est complètement transparent et une chance pour la Tunisie.
K.K. : Ce qui est intéressant en Tunisie, c'est la forte synergie entre la société civile, le secteur privé et l'Etat. Par exemple, le Start up Act, un cadre réglementaire spécifique à ce type d'environnement, a été proposé par la communauté des start-up. Ce sont eux qui ont monté le projet. L'Etat a pu jouer un rôle de facilitateur pour lui permettre d'aboutir.
Nous ne sommes plus dans un modèle où l'Etat définit toutes les règles et après le secteur privé prend le relai. Maintenant, tout s'effectue ensemble, dans une démarche collaborative. Ceci est clef dans cette nouvelle forme d'économie.
Comment voyez-vous l'avenir de la Tunisie dans cette industrie digitale ?
K.K. : Je suis très confiant ! Les trois pré-requis dont j'ai parlé semblent réunis : l'infrastructure, surtout les compétences, et cet environnement en plein ébullition. Aujourd'hui, nous comptons un nombre très important d'incubateurs en Tunisie. Il reste aujourd'hui à franchir un nouveau palier en arrivant à faire émerger des champions du monde qui vont aller opérer sur le marché international. La Tunisie, qu'on le veuille ou pas, reste un petit marché. Ce qui est intéressant avec le digital, c'est l'absence de frontières entre pays. Un développeur basé à Alger peut vendre à un client au Japon. Ceci est complètement transparent et une chance pour la Tunisie.
"Les jeunes sont créatifs et viennent avec des solutions"
Les régions défavorisées tunisiennes bénéficient aussi de cette nouvelle donne ?
K.K. : Il existe une fracture sur ce sujet, et pas seulement dans le domaine digital, mais dans tous les secteurs. Beaucoup d'actions sont entreprises aujourd'hui. Je dirais que la fracture est moindre sur le digital car, il y a besoin de moins de moyens. A partir du moment où l'accès à Internet est disponible, ce qu'il faut avoir c'est des neurones. Il n'y a pas besoin de beaucoup de capital comme pour construire des routes, des ponts, des hôpitaux etc....
Vous ne pouvez pas imaginer la créativité et toutes les innovations qui peuvent venir de partout en Tunisie. J'ai eu l'occasion d'assister à plusieurs concours au niveau national. C'est impressionnant de voir d'une part comment les jeunes peuvent être créatifs et venir avec des solutions, et d'autre part qu'ils sont issus de toutes les régions. C'est la force du digital.
K.K. : Il existe une fracture sur ce sujet, et pas seulement dans le domaine digital, mais dans tous les secteurs. Beaucoup d'actions sont entreprises aujourd'hui. Je dirais que la fracture est moindre sur le digital car, il y a besoin de moins de moyens. A partir du moment où l'accès à Internet est disponible, ce qu'il faut avoir c'est des neurones. Il n'y a pas besoin de beaucoup de capital comme pour construire des routes, des ponts, des hôpitaux etc....
Vous ne pouvez pas imaginer la créativité et toutes les innovations qui peuvent venir de partout en Tunisie. J'ai eu l'occasion d'assister à plusieurs concours au niveau national. C'est impressionnant de voir d'une part comment les jeunes peuvent être créatifs et venir avec des solutions, et d'autre part qu'ils sont issus de toutes les régions. C'est la force du digital.