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La Pme algérienne entre développement annoncé et contraintes de terrain


Rédigé par A. Belkessam, à ALGER, le Mardi 6 Avril 2010 - Lu 5387 fois

Le gouvernement annonce le lancement de 200 000 nouvelles Pme et la création d'1,5 million emplois. 20 000 Pme devraient suivre un programme de mise à niveau. Ces perspectives ne permettront pas de combler l’énorme retard des 400 000 Pme algériennes sur les 1,2 million de Pme marocaines.


ALGERIE. Les pouvoirs publics semblent déterminés à promouvoir la petite et moyenne entreprise (Pme) algérienne.

Un comité ad hoc « développement et renforcement des capacités des Pme » at été installé le 25 décembre 2009. Il regroupe le Conseil national économique et social (CNES) et le Conseil consultatif des Pme (CNC Pme).

Au cours de la deuxième plénière de ce comité, tenue le 17 mars 2010, le ministre de la Petite et Moyenne Entreprise et de l’Artisanat, Mustapha Benbada, a annoncé que dans le cadre du programme présidentiel, le gouvernement algérien entend créer 200 000 Pme au cours du quinquennat 2010-2014.

Ces nouvelles entreprises devraient aboutir à la création d'1,5 million emplois. Un programme de mise à niveau concernera par ailleurs 20 000 Pme existantes.
Réda Hamiani déplore le fait que les pouvoirs publics ne tiennent aucun compte des avis et réflexions du patronat  (photo AB)
Réda Hamiani déplore le fait que les pouvoirs publics ne tiennent aucun compte des avis et réflexions du patronat (photo AB)

Mustapha Benbada a annoncé la création de 200 000 PME (photo MPMEA)
Mustapha Benbada a annoncé la création de 200 000 PME (photo MPMEA)

La Pme au centre des préoccupations des pouvoirs publics

Sur le plan législatif, le ministre a annoncé la révision, avant la fin de l’année 2010, de la loi d’orientation 01-18 de 2001. Mais il n’a pas donné plus de détails sur le contenu de cette révision.

Un fonds pour la promotion de la Pme devrait également voir le jour ainsi qu’un partenariat banques/Pme. Il a aussi annoncé la création d’un centre national pour le développement de la sous-traitance.

L’objectif de ce plan est de préserver un outil de production en grande difficulté face à la concurrence, à la contrefaçon… Mustapha Benbada a en effet déploré le fait que « les grosses entreprises sont des donneuses d’ordres de sous-traitance aux Pme étrangères ».

Il affirme la volonté du gouvernement « d’inverser cette tendance par l’émergence et la valorisation des capacités de sous-traitance nationale ».

Des rencontres régionales se tiendront bientôt afin de mieux cerner les problèmes auxquels les Pme sont confrontées.

Les objectifs de la deuxième plénière

Participent aux travaux du comité ad hoc, des représentants de l’Etat ainsi que des patrons des secteurs publics et privés, des organisations professionnelles, des représentants du réseau start-up au niveau local et de la diaspora algérienne ainsi que des experts.

« Espace d’idées, d’avis, de propositions concrètes en vue d’accompagner l’engagement politique et de mettre la Pme au cœur du développement économique et social de notre pays », selon les termes de Mohamed Seghir babès, le comité s’est donné pour tâche d’élaborer des recommandations en vue de la promulgation d’une charte de la Pme.

Les résultats de ses travaux seront adressés aux plus hautes autorités du pays (Présidence, Premier ministère, ministres…).

Etat des lieux

Dans son intervention, le président du CNES a déclaré que plus de 90% des entreprises dans le monde sont des Pme qui emploient jusqu’à 80% de la main d’œuvre.

Il avait été relevé, lors du 5e colloque arabe de la petite et moyenne industrie tenu à Alger à la mi-mars 2010, que les Pme représentent 90% du total des entreprises dans le monde arabe.

Elles emploient entre 40% et 75% de la main d’œuvre locale alors que leur contribution au PIB de ces mêmes pays se situe de 30% à 75%.

En Algérie, le nombre de Pme s’élève à 450 000. Le Maroc, qui compte une population équivalente, en compte trois fois plus, soit 1,2 million.

Le patronat sceptique

Les perspectives tracées par les représentants des pouvoirs publics ne semblent pas convaincre les patrons.

C’est ainsi que Zaïm Bensaci, président du CNC Pme demande que les opérateurs économiques et les organisations professionnelles participent à l’élaboration des politiques de soutien car ils constituent une « véritable force de proposition ».

Plus offensif, le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE) met le doigt sur la contradiction entre le niveau institutionnel où tout est presque parfait et la traduction sur le terrain qui est problématique.

Demandant l’association du patronat public et privé à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques de développement, Réda Hamiani a déploré le fait que les pouvoirs publics ne tiennent aucun compte des avis et réflexions du patronat.

A ses yeux, l’invitation faite aux opérateurs économiques à apporter leur contribution à la réflexion « ne sert à rien si d’un trait de plume, un jour J, on décide de revoir à l’opposé des principes que nous pensons plus opportuns. »

Il dénonce les « choix économiques qui ont été faits dans l’urgence et la brutalité », en référence, très certainement, aux dispositions de la loi des Finances complémentaires (LFC) de 2009.

Goulots d’étranglement

S’appuyant sur les chiffres de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), Réda Hamiani note que très peu d’entreprises industrielles voient le jour en Algérie et s’alarme du fait que le dossier moyen d’investissement est passé en quelques années de 160 M DZD à 40 M DZD (soit 1,63 M€ à 406 216€)

Le problème de l’accès au crédit est des plus préoccupants pour les candidats à la création de Pme. La Banque mondiale classe l’Algérie à la 135e place en matière d’octroi de crédits bancaires. A l’heure qu’il est, les banques publiques ne financent que 30% des projets.

Une étude du réseau Anima Network Investment sur le financement des Pme révèle que l’Algérie a reçu une note de 2,5 contre 3,8 à la Tunisie et 4,3 au Maroc.

L’existence d’une Caisse de garanties des crédits d’investissements (CGCI) dotée d’un capital de 30 mds DZD(304,7M€) ne semble pas avoir substantiellement amélioré les rapports banques/porteurs de projets.

Les patrons, à l’instar de Meziane Belkacem, secrétaire général de l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), reproche aux banques de favoriser les spéculateurs au détriment des producteurs.

Les questions de l’accès au foncier et à l’immobilier, secteurs frappés de plein fouet par une spéculation sauvage, rend encore plus difficile le lancement de projets de Pme.




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