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La Grèce vend ses bijoux de famille


Rédigé par , le Jeudi 3 Avril 2014 - Lu 4190 fois

Dossier phare des privatisations exigées par les bailleurs de fonds de la Grèce, l'ancien aéroport d'Helliniko a enfin été cédé. Le gouvernement crie à la victoire, l'opposition au bradage des biens publics.


Le vieux terminal de l'aéroport d'Helliniko désaffecté (photo T.Iacobi)
Le vieux terminal de l'aéroport d'Helliniko désaffecté (photo T.Iacobi)
GRÈCE. Après des années de tergiversations et un retard monstrueux dans son programme de privatisations, Athènes est enfin parvenue à vendre l’ancien aéroport d’Helliniko, le produit phare de ces privatisations qui peinent depuis le début de la crise.
La société grecque Lamda Development de la famille Liatsis, qui investit depuis longtemps dans les bateaux, les banques, et l’immobilier soutenue par le groupe chinois Fosun et une société D’Abu Dhabi (Al Maabar), a remporté le gros lot, mis en vente en 2011. Lamda Development figurait parmi les trois sociétés candidates à l'achat de Hellinikon lors de la première phase de l'appel d'offres voici un an. Les deux autres étant la Britannique London and Regional Properties et l'Israélienne Elbit Cochin Ltd.

L'heureuse élue devra débourser pour ces terrains 915 M€, dont 200 M€ payables immédiatement et le reste étalé sur dix ans.

Un prix dénoncé comme dérisoire par l’opposition pour un site de 620 hectares soit aussi grand que Central Park à New York, face à la mer, avec une marina et comprenant par ailleurs des installations olympiques désaffectées, le tout sur plus de 3,5 kilomètres de côtes.

But de l’opération, en faire un pôle d’attraction pour tourisme de luxe avec des gratte-ciel de quarante étages, des villas à la vue unique sur la mer Égée, des casinos, un centre commercial, un aquarium géant et 5 000 logements environ qui devraient pouvoir accueillir 42 000 personnes.

C‘est le projet immobilier le plus important de la zone méditerranéenne qui devrait se construire sous la houlette de l’architecte britannique Norman Foster.
L’exploitation de ce site devrait accroître de 0,3% le PIB du pays, selon les estimations des experts, et créer 60 000 emplois.
 

Un poumon vert pourtant indispensable

L'ancien aéroport d'Athènes (photo Thomas Iacobi)
L'ancien aéroport d'Athènes (photo Thomas Iacobi)
Directeur général de Lamda, Odysseas Athanassiou va plus loin. Dans son communiqué, il affirme vouloir créer "des dizaines de milliers de nouveaux emplois et améliorer l'environnement d'Attique avec la création d'un parc de 2 millions de m².» Les travaux ne devraient commencer qu'en 2015 si le Conseil d’État valide la cession. En tout, et hors prix d'achat, Lamda compte investir 5,9 mrds€ dans les quinze prochaines années. La première enveloppe ira à la destruction du tarmac.

Il n’empêche, pour l’opposition, mais aussi pour les riverains qui organisent la riposte, il s’agit d’une part d’une catastrophe architecturale et écologique et d’un bradage de bien public même si l’offre initiale a été augmentée de 25% pour être finalisée.
 
D’autant que le produit de cette privatisation comme tout produit de privatisation, ira directement sur un compte à Londres au profit des créanciers dans le but de réduire la dette nationale estimée à 175% du PIB.  

Pourtant, avant la crise, le Parlement grec avait, par deux fois, sous deux gouvernements différents, socialistes et conservateurs, validé la création d’un grand parc, le plus grand des Balkans à la place de l’ancien aéroport Helliniko. Un poumon vert dont la capitale a cruellement besoin n’ayant que trois parcs pour 4,5 millions d’habitants.

Les privatisations pour éviter les privations

Le terrain de l'ancien aéroport va se transformer en complexe touristique (photo Thomas Iacobi)
Le terrain de l'ancien aéroport va se transformer en complexe touristique (photo Thomas Iacobi)
Pour Aris Kalipolitis, membre du Taiped, la société chargée des privatisations en Grèce, «le pays n’a pas le choix. Si ces privatisations n’avancent pas, cela entrainera de nouvelles mesures d’austérité
D’où les récentes mises en vente la semaine dernière de bâtiments historiques au pied de l’Acropole : 220 bâtiments à Pláka, 68 à Anafiotika, 108 à Akadimia Platonos, où se trouvait l’académie de Platon, 40 autour du cimetière antique de Kérameikos et 355 dans la cité médiévale de Rhodes.

Outre Helliniko, le Taiped a réussi à céder jusqu’à présent Golden Mall (ancien centre de presse durant les JO de 2004), deux terrains en bord de mer à Rhodes et Corfou, le complexe hôtelier de luxe Astera Vouliagmeni, un complexe touristique de 28 petits bâtiments en Chalcydique... Plus un nombre indéfini de bâtiments, essentiellement des ambassades à l’étranger.

Le service de presse du TAIPED a affirmé à econostrum.info avoir passé des accords pour un montant de 4,9 mrds € dont 2,7 mrds€ ont été encaissés. Dix-sept Projets ont été en totalité menés à terme.

La Grèce s'est engagée auprès de ses bailleurs de fonds, l'Union européenne et le Fonds monétaire international, à procéder à un vaste programme de privatisations initialement annoncé pour 55 mrds € puis, plus sagement, revu à la baisse pour 9,5 mrds€ d'ici à 2016, dont 3,5 mrds € doivent être encaissés en 2014.

Même avec la vente d’Hellinikon, Athènes reste très loin du compte. Cependant, Maria Tsinaridou du service de presse du Taiped affirme de son côté que le chiffre de 3,5 mrds € pour 2014 n’est pas encore définitif.




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