
Dans le même temps, les conditions de travail des ONG sur place seront plus restrictives, alors que les délocalisations vers le continent vont s’accélérer.
Les mairies concernées ont, dans un premier temps, accueillies la nouvelle avec satisfaction. Mais, face aux arrivées constantes - 40 000 ces quatre derniers mois - elles s'inquiètent. D'où l’annonce de l’embauche de 1 200 gardes-côtes supplémentaires pour rendre les frontières grecques plus hermétiques. La priorité du gouvernement conservateur est de calmer la colère grandissante d’une grande partie de la population. Aussi, il affiche l'objectif de relocaliser 20 000 réfugiés sur le continent d'ici la fin 2019 et d’en renvoyer 10 000 en Turquie sur l'année 2020. Il promet également de traiter plus rapidement l’étude des demandes d’asile.
27 000 personnes pour 4 500 places
Ces camps d’identification des nouveaux arrivants accueillent pour l’instant 27 000 personnes, dans des conditions épouvantables, alors que leur capacité totale est de 4 500. En moins d’un mois, deux enfants sont morts, l’un écrasé par un camion alors qu’il dormait dans un carton aux abords du camps surpeuplé, l’autre, un nourrisson, est mort de déshydratation faute de soins. Les nouveaux camps pourront héberger chacun un total de 15 000 personnes. Les 12 000 autres restantes seront évacuées sur le continent dans des camps situés pour la plupart dans le nord du pays sans, selon les premiers témoignages, d’infrastructures adéquates.
Déplacement du problème
Mi-novembre 2019, des barrages et des jets de pierres ont empêché deux bus de familles de réfugiés délocalisées dans la région d’Ano Vista d’approcher le camps tout nouvellement construit pour elles. Les cars, sous haute escorte policière, ont du rebrousser chemin vers les hôtels les plus proches. Ce type d’actions se multiplie et le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) de l'Onu s’en est officiellement inquiété. D’où l’enveloppe de 50 M€ d’euros annoncée pour "effectuer des travaux dans les municipalités acceptant d’accueillir des migrants ".
Le Journal des Rédacteurs, média grec, décrit l’ensemble de ces nouvelles mesures comme des mesures "à l’odeur d’extrême droite". "Les demandeurs d’asile ne sont pas des criminels pour être enfermés. S’ils fuient la guerre, ce n’est pas pour se retrouver dans une prison", a déclaré, de son côté, l’association Refugees Welcome. Les ONG pro-réfugiés dénoncent, elles, des mesures "d’extrême droite dommageables pour les réfugiés" et rappellent que la Grèce a été plusieurs fois accusée de procéder au renvoi illégal de migrants en pleine mer.