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La Grèce solde par anticipation l'ensemble de sa dette avec le FMI


Rédigé par , le Lundi 2 Mai 2022 - Lu 1122 fois

La Grèce rembourse sa dernière tranche, de 1,85 mrd€, au Fonds monétaire international et retrouve un peu d'oxygène, même si ses problèmes économiques sont loin d'être réglés. English version


L'économie grecque retrouve une lueur d'espoir (photo: F.Dubessy)
L'économie grecque retrouve une lueur d'espoir (photo: F.Dubessy)
GRÈCE. Comme son premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, l'avait annoncé fin mars 2022, la Grèce vient de rembourser la dernière tranche de sa dette souscrite auprès du Fonds monétaire international (FMI). Ces 1,85 mrd€ ont été versés avec deux ans d'avance sur le calendrier prévu. "Ceci nous permet d'économiser quelque 230 M€ d'intérêt", se réjouit Christos Staïkouras, ministre grec des Finances. "La Grèce clôt un sombre chapitre ouvert en 2010. Une période que nous ne devons plus revivre et que nous ne revivrons pas", relève Kyriakos Mitsotakis, en poste depuis juillet 2019.

De 2009 à 2018, le pays a traversé une énorme crise financière qui a déstabilisé le pays et l'a obligé à de très fortes mesures d'austérité pour pouvoir emprunter et éviter la faillite ainsi qu'une sortie de la zone euro. En tout, il avait reçu près de 300 mrds€ du FMI (32,1 mrds€ entre 2010 et 2014) et de l'Union européenne (256,6 mrds€ en trois perfusions).

Lors de l'Eurogroupe de juin 2018 et après la lecture de la quatrième et dernière évaluation du troisième programme d'assistance financière accordée par le Mécanisme européen de stabilité (MES), les ministres européens des Finances s'étaient entendus sur les modalités de sortie de la Grèce des programmes d'aides. Le commissaire européen pour les affaires économiques et financières, la fiscalité et les douanes, Pierre Moscovici, avait même déclaré: "La crise grecque s'achève ici, cette nuit. Nous sommes finalement arrivés au bout de ce chemin qui a été si long, et si difficile. C'est un moment historique."

3,5% de croissance attendus en 2022

Même si elle a réussi le tour de force de faire tomber sa dette de 206,3% du PIB en 2020 à 197,1% en 2021 (189,6% envisagés en 2022), la Grèce reste encore aujourd'hui l'Etat le plus endetté de la zone euro.

Le 20 avril 2022, le Premier ministre annonçait une hausse de 9,7% du salaire minimum pour le porter à 713€ brut par mois dès le 1er mai 2022. Cette mesure va bénéficier à environ 650 000 salariés. Une hausse du même pourcentage a aussi été appliquée sur l'allocation mensuelle de chômage qui passe à 437,50€. Des coups de pouce appréciables, mais pas suffisants alors que l'inflation a atteint les 9,4% en avril (contre 7,5% de moyenne pour les pays de l'UE) selon les chiffres publiés par Eurostat, la direction générale de la Commission européenne en charge de l'information statistique.

En avril 2022, les experts du FMI estimaient que la Grèce devrait atteindre les 3,5% de croissance de son PIB en 2022 et que l'inflation se situerait à 4,5%. Le 31 mars de la même année, les conclusions d'une mission de consultation sur place de l'institution de Bretton Woods (17 au 31 mars 2022) reconnaissait que "l'économie grecque s'est fortement remise de la grave récession induite par la Covid-19 en 2020. La production a retrouvé son niveau d'avant la pandémie en 2021, grâce à une reprise plus rapide que prévu du tourisme, à une hausse de la consommation privée, les ménages ayant commencé à liquider l'épargne liée à la pandémie, et à un investissement privé robuste soutenu par l'essor des investissements directs étrangers. La forte réponse budgétaire, la politique monétaire accommodante et les politiques prudentielles, ainsi que le soutien considérable de l'UE, ont été essentiels pour favoriser la reprise".

La note mettaient l'accent sur "les progrès louables réalisés dans le traitement des séquelles de la crise, malgré un environnement difficile (...) Le chômage a diminué de manière constante. Les réformes ont progressé dans plusieurs domaines, notamment la numérisation, la privatisation et l'amélioration du dosage des politiques budgétaires".

Un excédent primaire en 2023

Cependant, l'impact de la guerre en Ukraine et l'inflation élevée inquiètent le FMI qui craint "des pénuries d'énergie et l'ajout de pressions plus fortes que prévu sur l'inflation intérieure, le tourisme et l'aversion au risque qui pourraient inciter à un resserrement plus rapide des conditions financières mondiales". La mission soufflait d'ailleurs le chaud et le froid dans sa note.

D'un côté son rapport précisait que "la dette publique devrait diminuer et les risques de reconduction semblent gérables à moyen terme. Le ratio dette/PIB devrait tomber en dessous des niveaux pré-pandémiques d'ici 2023, sous l'effet d'une croissance robuste, d'un ajustement budgétaire et d'une inflation plus élevée, dans un contexte où la part de la dette à taux fixe et à longue échéance est très importante".

De l'autre, que "bien que le risque global de tensions souveraines soit modéré, une incertitude considérable subsiste quant à la capacité de la Grèce à maintenir des excédents primaires élevés et à la trajectoire future des taux d'intérêt lorsque le pays commencera à remplacer les financements officiels par des financements de marché. Malgré l'important volant de liquidités du gouvernement et la gestion active du passif, la capacité de la Grèce à assurer le service de sa dette en cas de choc grave dépend du maintien du soutien régional".

Les experts du FMI recommandaient de "maintenir une orientation budgétaire accommodante en 2022, d'atteindre un excédent primaire en 2023 et de viser un déficit primaire inférieur à 2% du PIB" en 2022. 

1,5 mrd€ d'obligations émises

En juin 2021, l'Union européenne a approuvé le plan de relance de la Grèce d'un montant de 17,8 mrds€ sous forme de subventions et de 12,7 mrds€ sous forme de prêts dans le cadre de Facilité pour la reprise et la résilience (FRR).

Outre cette manne qui va permettre de combler une partie des conséquences de la pandémie sur son économie, plusieurs bonne nouvelles se sont succédé ces derniers jours. Mercredi 27 avril 2022, Athènes a levé 1,5 mrd€ d'obligations sur sept ans à un taux de 2,4%. "Notre pays est parvenu à s'inscrire résolument dans la catégorie des pays émetteurs de la zone euro, s'assurant ainsi une présence pérenne sur les marchés mondiaux, (...) en dépit de l'environnement international instable", commentait Christos Staïkouras. C'est la seconde fois que la Grèce émet des obligations d'Etat, la première ayant eu lieu en avril 2020 lors de l'apparition de l'épidémie de Covid-19. L'agence de la dette grecque prévoit d'en émettre pour 12 mrds€ contre 14 mrds€ en 2021.

S&P a décidé, fin avril 2022, de relever d'un cran (de BB à BB+) la dette souveraine à long terme de la Grèce avec une perspective stable.




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