GRÈCE. Lundi 20 août 2018. Cette date va compter dans l'histoire de la Grèce. Elle marque le retour officiel du pays, après huit ans de mise sous tutelle et d'austérité, à l'indépendance financière. Athènes ne se trouve plus sous assistance et respire enfin un vent de liberté après les trois plans successifs (2010, 2012, 2015) imposés par le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne (UE). En tout, le pays aura perçu précisément 288,7 mrds€ de ces bailleurs (256,6 mrds€ de l'UE et 32,1 mrds€ du FMI).
La route aura été longue depuis ce jour d'octobre 2009 et la révision des chiffres du déficit public des années précédentes par le gouvernement socialiste de Georges Papandreou. Le nouveau calcul montre alors que les données ont été gonflées par les prédécesseurs conservateurs. Bref, la Grèce a triché et le déficit affiche en 2009 un déficit réel de 15% du PIB. C'est l'impasse avec une menace d'exclusion de la zone euro. La voie de sortie consistera en une première pour un pays de la zone euro : un prêt international de 110 mrds€ assorti de mesures drastiques d'austérité. Elles entraîneront l'arrivée à terme au pouvoir - après l'échec d'une coalition droite-socialiste - de l'extrême gauche alors que le pays se paupérise à vitesse grand V, perdant un quart de son PIB en quatre ans. Ce gouvernement devra finalement céder, malgré un non exprimé par référendum, aux mesures du FMI et de l'UE. Face aux menaces (mises à exécution) de couper les vivres par les bailleurs, Alexis Tsipras (réélu) changera de politique pour sauver son pays.
La route aura été longue depuis ce jour d'octobre 2009 et la révision des chiffres du déficit public des années précédentes par le gouvernement socialiste de Georges Papandreou. Le nouveau calcul montre alors que les données ont été gonflées par les prédécesseurs conservateurs. Bref, la Grèce a triché et le déficit affiche en 2009 un déficit réel de 15% du PIB. C'est l'impasse avec une menace d'exclusion de la zone euro. La voie de sortie consistera en une première pour un pays de la zone euro : un prêt international de 110 mrds€ assorti de mesures drastiques d'austérité. Elles entraîneront l'arrivée à terme au pouvoir - après l'échec d'une coalition droite-socialiste - de l'extrême gauche alors que le pays se paupérise à vitesse grand V, perdant un quart de son PIB en quatre ans. Ce gouvernement devra finalement céder, malgré un non exprimé par référendum, aux mesures du FMI et de l'UE. Face aux menaces (mises à exécution) de couper les vivres par les bailleurs, Alexis Tsipras (réélu) changera de politique pour sauver son pays.
La Grèce reste sous "surveillance renforcée"

Trois plans auront été nécessaires pour sortir la Grèce de sa crise financière (infographie : Eurogroupe)
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L'Eurogroupe avait donné le sésame fin juin 2018, les ministres des Finances de la zone euro indiquant, "la Grèce quitte le programme d'assistance financière avec une économie plus forte s'appuyant sur des réformes fiscales et structurelles mises en oeuvre. Il est important de poursuivre ces réformes, qui constituent la base d'une croissance durable avec des emplois et des créations d'emplois plus élevés, ce qui est à son tour la meilleure garantie de la Grèce pour un avenir prospère".
Aujourd'hui, lundi 20 août 2018, Pierre Moscovici, Commissaire européen aux Affaires économiques, se félicite : «La conclusion du programme de soutien à la stabilité est une bonne nouvelle tant pour la Grèce que pour la zone euro. Pour la Grèce et ses citoyens, il marque le début d'un nouveau chapitre, après huit années particulièrement difficile. Pour la zone euro, il tire symboliquement un trait sur une crise existentielle. Les réformes approfondies que la Grèce a menées à bien ont jeté les bases d'une reprise durable: cela doit être nourri et entretenu afin de permettre au peuple grec de récolter les fruits de ses efforts et de ses sacrifices. L'Europe continuera à se tenir aux côtés de la Grèce.»
Jusqu'alors dernier pays de la zone euro (après le redressement du Portugal, de l'Irlande, de l'Espagne et de Chypre) à se trouver sous perfusion, le malade reste cependant en convalescence et, depuis juillet 2018, en "surveillance renforcée" de la Commission européenne jusqu'en 2022. Si ses excédents budgétaires primaires - sans calcul de la charge de la dette - de 2016 (3,8%) et 2017 (4,2%) lui permettent d'équilibrer enfin son budget, ils ne le mettent pas à l'abri d'une rechute. Seul un traitement de choc, consistant à un rééchelonnement des remboursements voir un abandon d'une partie de la dette lui laissera entrevoir une plus prompte guérison.
En juin 2018, Pierre Moscovici préconisait "un allégement de la charge de la dette." Ces propos succédaient aux déclarations, quatre mois plus tôt ,de Klaus Regling, directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), pour qui "si la soutenabilité de la dette nécessite un allégement, nous sommes disposés à l'accorder tant que la Grèce poursuit les réformes."
Aujourd'hui, lundi 20 août 2018, Pierre Moscovici, Commissaire européen aux Affaires économiques, se félicite : «La conclusion du programme de soutien à la stabilité est une bonne nouvelle tant pour la Grèce que pour la zone euro. Pour la Grèce et ses citoyens, il marque le début d'un nouveau chapitre, après huit années particulièrement difficile. Pour la zone euro, il tire symboliquement un trait sur une crise existentielle. Les réformes approfondies que la Grèce a menées à bien ont jeté les bases d'une reprise durable: cela doit être nourri et entretenu afin de permettre au peuple grec de récolter les fruits de ses efforts et de ses sacrifices. L'Europe continuera à se tenir aux côtés de la Grèce.»
Jusqu'alors dernier pays de la zone euro (après le redressement du Portugal, de l'Irlande, de l'Espagne et de Chypre) à se trouver sous perfusion, le malade reste cependant en convalescence et, depuis juillet 2018, en "surveillance renforcée" de la Commission européenne jusqu'en 2022. Si ses excédents budgétaires primaires - sans calcul de la charge de la dette - de 2016 (3,8%) et 2017 (4,2%) lui permettent d'équilibrer enfin son budget, ils ne le mettent pas à l'abri d'une rechute. Seul un traitement de choc, consistant à un rééchelonnement des remboursements voir un abandon d'une partie de la dette lui laissera entrevoir une plus prompte guérison.
En juin 2018, Pierre Moscovici préconisait "un allégement de la charge de la dette." Ces propos succédaient aux déclarations, quatre mois plus tôt ,de Klaus Regling, directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), pour qui "si la soutenabilité de la dette nécessite un allégement, nous sommes disposés à l'accorder tant que la Grèce poursuit les réformes."
Accrocher le wagon du social à l'économie grecque

La Grèce va encore devoir passer à la caisse pour rembourser les prêts internationaux (photo : F.Dubessy)
La Grèce affiche encore une dette de 178% de son Produit intérieur brut (PIB) - le plus important de la zone euro - et un taux de chômage de 19,5% (mai 2018), pour la première fois en dessous de la barre des 20% depuis septembre 2011. L'économie doit impérativement afficher des taux de croissance supérieurs à 2% par an (+1,4% en 2017 contre -5,5% en 2010) pour remettre le pays en ordre de marche.
Pendant toutes ces années, les mesures d'austérités se sont multipliées, la plupart des salaires et des retraites ont baissé d'un tiers voire d'un quart. Aujourd'hui, le train de l'économie grecque retrouve enfin de bons rails. Reste le wagon du social à accrocher.
Fin mai 2018, Alexis Tsipras lançait donc un ambitieux plan stratégique de croissance. Pour atteindre ses objectifs, le premier ministre envisage dans ce document d'une centaine de pages de revaloriser le salaire minimal (684 € brut aujourd'hui), de créer une banque nationale de développement pour financer les Pme et les start up et d'initier un Plan national de l'énergie et du climat.
Désormais la Grèce, s'appuyant sur le relèvement de ses appréciations auprès des agences de notation, peut revenir sur les marchés financiers pour accompagner tout cela. Voici quelques jours, Fitch Rating relevait de B à BB- sa note à long terme et l'assortissait d'une perspective "stable". En juillet 2018, S&P confirmait la note B+ et faisait passer la perspective de "stable" à "positive". De bonnes nouvelles montrant un renouvellement de confiance dans les capacités du pays à emprunter même si les notes demeurent dans la catégorie "spéculative". D'autant plus que l'Union européenne vient d'accorder, en bonus au dernier versement du troisième programme de prêt, une réserve de précaution de 24 mrds€ pour le Trésor grec. Cette somme, à ne déclencher qu'en cas de besoin vital, va permettre de couvrir le financement éventuel de sa dette souveraine pendant vingt-deux mois. Une belle bouée de sauvetage si jamais les marchés financiers s'avéraient timides face aux demandes de prêts des autorités.
Dans les colonnes du quotidien grec Kathimerini, dimanche 19 août 2018, Yannis Stournaras prévenait : "Si nous revenons sur ce que nous avons accepté, maintenant ou dans le futur, les marchés nous abandonneront et nous en serons plus en mesure de refinancer dans des conditions viables les prêts arrivant à échéance." Cette mise au point du gouverneur de la Banque centrale fleure bon l'avertissement tant aux pouvoirs publics qu'aux citoyens avides de retrouver au plus vite un confort financier. La Grèce va devoir se rebâtir, mais patiemment.
Alexis Tsipras reste attentif à tout cela. Il devrait s'exprimer mardi 21 août 2018, histoire de se laisser le temps de voir comment réagissent les marchés financiers au nouveau "statut" de son pays.
Pendant toutes ces années, les mesures d'austérités se sont multipliées, la plupart des salaires et des retraites ont baissé d'un tiers voire d'un quart. Aujourd'hui, le train de l'économie grecque retrouve enfin de bons rails. Reste le wagon du social à accrocher.
Fin mai 2018, Alexis Tsipras lançait donc un ambitieux plan stratégique de croissance. Pour atteindre ses objectifs, le premier ministre envisage dans ce document d'une centaine de pages de revaloriser le salaire minimal (684 € brut aujourd'hui), de créer une banque nationale de développement pour financer les Pme et les start up et d'initier un Plan national de l'énergie et du climat.
Désormais la Grèce, s'appuyant sur le relèvement de ses appréciations auprès des agences de notation, peut revenir sur les marchés financiers pour accompagner tout cela. Voici quelques jours, Fitch Rating relevait de B à BB- sa note à long terme et l'assortissait d'une perspective "stable". En juillet 2018, S&P confirmait la note B+ et faisait passer la perspective de "stable" à "positive". De bonnes nouvelles montrant un renouvellement de confiance dans les capacités du pays à emprunter même si les notes demeurent dans la catégorie "spéculative". D'autant plus que l'Union européenne vient d'accorder, en bonus au dernier versement du troisième programme de prêt, une réserve de précaution de 24 mrds€ pour le Trésor grec. Cette somme, à ne déclencher qu'en cas de besoin vital, va permettre de couvrir le financement éventuel de sa dette souveraine pendant vingt-deux mois. Une belle bouée de sauvetage si jamais les marchés financiers s'avéraient timides face aux demandes de prêts des autorités.
Dans les colonnes du quotidien grec Kathimerini, dimanche 19 août 2018, Yannis Stournaras prévenait : "Si nous revenons sur ce que nous avons accepté, maintenant ou dans le futur, les marchés nous abandonneront et nous en serons plus en mesure de refinancer dans des conditions viables les prêts arrivant à échéance." Cette mise au point du gouverneur de la Banque centrale fleure bon l'avertissement tant aux pouvoirs publics qu'aux citoyens avides de retrouver au plus vite un confort financier. La Grèce va devoir se rebâtir, mais patiemment.
Alexis Tsipras reste attentif à tout cela. Il devrait s'exprimer mardi 21 août 2018, histoire de se laisser le temps de voir comment réagissent les marchés financiers au nouveau "statut" de son pays.