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L'économie sociale méditerranéenne se met en ordre de marche


Rédigé par Frédéric Dubessy, à TUNIS, le Vendredi 3 Mai 2013 - Lu 2818 fois

Réunis à Tunis du 2 au 4 mai 2013, les acteurs méditerranéens de l'économie sociale et solidaire tentent de confronter leurs idées pour mieux travailler ensemble.


L'ESS veut se développer dans l'euroméditerranée (photo F.Dubessy)
L'ESS veut se développer dans l'euroméditerranée (photo F.Dubessy)
MÉDITERRANÉE. "Le travail reste un mirage en Tunisie. Ce constat n'est pas que tunisien, mais méditerranéen. Les vrais problèmes ne sont ni religieux, ni politiques, mais socio-économiques !" Salma, jeune tunisienne bénévole du Medess, a donné le tempo dès le début du premier congrès organisé par le Medess du 2 au 4 mai 2013 à Tunis. Rassemblés par la société coopérative espagnole IesMed, les trois cents acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS), venus de quinze pays et présentant cinquante initiatives, veulent poser les jalons d'une nouvelle forme de développement en Méditerranée.

"Nous désirons lancer la construction d'un écosystème méditerranéen favorable au développement des acteurs de l'économie sociale et solidaire, faire tomber les barrières et décloisonner les mondes des institutions, des entreprises "classiques", des entreprises sociales et de la société civile, afin de favoriser des coopérations ambitieuses et opérantes". L'ambition des organisateurs du Medess se justifie par la nouvelle donne aussi bien au sud qu'au nord. Creusement des inégalités, remise en cause de l’État Providence, aspiration de jeunes mieux formés à des métiers que la société actuelle ne peut pas leur offrir... autant de blocages que l'ESS pourrait permettre de dégripper.

"L'ESS peut et doit démontrer, par l'exemple, toute la force de son modèle de développement socio-économique. L'ESS créé de l'activité durable sur les territoires, stimule la participation citoyenne, ne spécule pas, respecte l'environnement. Elle offre à chacune et à chacun l'opportunité de bâtir son propre destin en libre coopération avec les autres" notent Gérard Andreck, président du groupe Macif, et Jean-Louis Bancel, président du groupe Crédit Coopératif.

L'ESS ne représente que 1% des emplois au Maghreb

Vers une euroméditerranée sociale et solidaire (photo F.Dubessy)
Vers une euroméditerranée sociale et solidaire (photo F.Dubessy)
Si l'économie sociale et solidaire représente près de 10% de l'emploi en moyenne en Europe, elle n'atteint pas les 1% au Maghreb. "Nous sommes loin du potentiel. Les populations peuvent se prendre en charge, s'approprier un problème pour satisfaire leurs besoins. Mais cela suppose un cadre légal de fonctionnement" souligne Radhi Meddeb, président de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed).

Selon Abdeljalil Cherkaoui, vice-président du conseil d'orientation de MedEss 2013, "il existe 400 000 entreprises de l'Économie sociale et solidaire dans le bassin méditerranéen qui représentent 6 millions d'emplois. Il s'agit aujourd'hui de gérer à la fois des problèmes du sud et ceux du nord. La nécessité de travailler ensemble pour trouver une feuille de route s'impose !"

"La pression de la société civile a permis au Maroc et à la Tunisie de s'ouvrir à l'ESS" souligne Amal Chevreau, chef de projet à l'Ipemed et qui travaille actuellement à une étude sur l'ESS en Méditerranée. Les premiers éléments de cette enquête décrivent dans un premier temps les situations réelles au Maghreb, puis s'attacheront par la suite à dresser les possibilités de convergences.

L'ESS et ses blocages

En Tunisie, le développement de l'ESS a été spectaculaire entre 2010 et 2013, passant de 9 500 à 14 000 associations. Mais la répartition demeure inégalitaire sur le territoire. "Un décalage se fait jour entre les formes traditionnelles de solidarité et d'entraide et le souhait des jeunes de créer un entreprenariat social" constate Amal Chevreau.

En Algérie coexistent forme traditionnelle et solidarité institutionnalisée. L’État a créé une agence de développement social pour aider à l'essor de l'ESS. Le pays reste cependant orienté, depuis les années 90, vers une économie de marché.

Au Maroc, depuis l'émergence voici cinq ans de l'initiative nationale pour le développement humain qui reconnaissait l'ESS, une réelle impulsion est constatée. Le développement de l'ESS s'appuie sur des plans d'ajustement structurel initiés dans les années 80. "Une coopérative se crée par jour au Maroc" indique Touhami Abdelkhalek, professeur à l'Institut national de statistique et d'économie appliquée du Maroc.

« A ce jour, dans les trois pays du Maghreb, l'ESS reste une économie caractérisée par l'approche statutaire. Nous ne sommes pas encore dans une économie sociale par la finalité» analyse Amal Chevreau.

Une multiplicité d'intervenants émerge dans le contrôle et le suivi de l'ESS mais avec un corolaire : le manque de coordination. Même si des outils se créent comme le réseau maghrébin de l'économie sociale et solidaire (Maghreb-ESS) constitué par la société civile en mars 2013.

Les principaux freins du développement reposent sur les problèmes de commercialisation des produits, le très mauvais accès aux moyens financiers, les blocages juridiques et le manque de moyens humains malgré le chômage des jeunes. Autant de questions discutées au Medess13.

Lire aussi :« Le nombre d'emplois dans le secteur de l'ESS au Maghreb peut tripler »






1.Posté par yakoubi walid le 03/05/2013 22:23
Plus de solidarité; plus d'égalité et moins d'exclusion.

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2.Posté par Felix Gerbine le 14/05/2013 12:08
Je pense que le Maroc ou encore les pays maghrébins ne sont pas les seuls confrontés aux difficultés de l'épanouissement de l'économie sociale et solidaire, c'est l'Afrique toute entière. Les plateformes permettent une application parfaite de cette nouvelle économie mais la population n'a pas encore cette habitude. En cette période de crise où l'économie sociale et solidaire est une des réponses les plausibles cela devrait être une opportunité pour l'Afrique de se faire développer par elle-même surtout avec ce nouveau moyen de financement. Des projets surtout ceux d'intérêt général par le Crowdfunding qui est amorcé par plusieurs plateformes dont devhope.com, l'Afrique devrait être le principal bailleur de fonds de son développement, mais elle ne réagit pas encore, peut-être qu'elle le fera bientôt, on espère.

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