
MAROC. "La saison est fichue. Les touristes me font vivre et pour au moins un an ils ne viendront plus. Comment vais-je nourrir ma famille? C'est une catastrophe". Marchand Ambulant sur la place Djemaa el Fna de Marrakech, Abdelkebir Kherbibi n'en revient toujours pas. " Je n'aurai jamais cru que les terroristes frappent ici, à Marrakech. Toute l'économie marocaine va être touchée".
La bombe qui a détruit le café Argana de Marrakech a fauché au moins 16 vies, mais va provoquer des dégâts bien au delà de la célèbre place Djemaa el Fna. Les révolutions, achevées ou en cours, en Tunisie, en Egypte, en Libye, en Syrie, l'agitation sociale dans la plupart des autres pays de la rive Sud de la Méditerranée ont plombé le secteur du tourisme. L'attentat de Marrakech vient faire sombrer sans doute pour de longs mois une branche de l'économie méditerranéenne qui fait vivre des millions de personnes.
Le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, sont parmi les premières destinations touristiques des européens. Ils sont des millions à traverser chaque année la mare nostrum.
Les terroristes viennent de porter un coup très important à l'économie marocaine, et même sans doute à l'économie de tous les pays arabes méditerranéens. Car pour le touriste étranger lambda, les pays Arabes forment un tout. L'agitation sociale de ces derniers mois en avait déjà dissuadé beaucoup de passer leurs vacances sur les rives Est et Sud de la Méditerranéen. Avant l'attentat, selon un sondage réalisé par Travelzoo, 72% des personnes qui envisageaient un séjour au Moyen-Orient ou au Maghreb avant le printemps arabe hésitaient à changer de destination.
Le tourisme sinistré

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La saison se présentait donc déjà mal au Maroc, avec un recul de 10% des recettes touristiques attendues pour 2011. Ce chiffre va probablement exploser.
Les conséquences de cette désaffection vont être désastreuses au momen toù le royaume marocain tente de mobiliser des investisseurs internationaux pour faire franchir un nouveau pallier au secteur du tourisme. Le plan 2011-2020, lancé fin 2010, fixait comme objectif de faire du pays la vingtième destination touristique mondiale, avec 13,5 Mds € de recettes touristiques et un million d'emplois créés. Les investisseurs semblaient au rendez-vous. Four Seasons, Starwood, Rocco Forte, Mandarin Oriental doivent ouvrir prochainement des hôtels de luxe.
Tout est maintenant remis en question. Le Maroc devrait rejoindre des pays sinistrés touristiquement comme la Tunisie et l'Egypte qui enregistrent en 2011 des baisses de réservations de l'ordre de 80%.
Or dans ces trois pays le tourisme constitue l'un des principaux moteurs de l'économie.
Ainsi, au Maroc, le tourisme représente 10% du produit intérieur brut (PIB). Plus de touristes signifie plus de travail et littéralement plus de moyens de subsistance pour des centaines de milliers de personnes. Un véritable séisme qui va ébranler par ricochet tous les autres secteurs et pourrait provoquer de nouveaux troubles sociaux.
mobilisation
Pour le directeur du Conseil Régional du Tourisme de Marrakech, Abdellatif Abouricha, "la saison d'été est compromise, mais nous allons rebondir. 50% de la population de Marrakech vit du tourisme. Nous devons surmonter cette catastrophe".